La papauté romaine et les conciles de l'Eglise (2/7)
Dans le premier article de cette série, j'ai parlé du sixième canon du concile de Nicée et de la comparaison dressée par celui-ci entre le pape de Rome et celui d'Alexandrie. Je tiens notamment à souligner cet aspect en citant ici l'édit de Thessalonique (en 380), qui a fait du christianisme la religion officielle de l'empire:
Édit des empereurs Gratien, Valentinien II et Théodose Auguste, au peuple de la ville de Constantinople. Nous voulons que tous les peuples que régit la modération de Notre Clémence s'engagent dans cette religion que le divin Pierre Apôtre a donnée aux Romains - ainsi que l'affirme une tradition qui depuis lui est parvenue jusqu'à maintenant - et qu'il est clair que suivent le pontife Damase et l'évêque d'Alexandrie, Pierre, homme d'une sainteté apostolique : c'est-à-dire que, en accord avec la discipline apostolique et la doctrine évangélique, nous croyons en l'unique Divinité du Père et du Fils et du Saint-Esprit, dans une égale Majesté et une pieuse Trinité.
Nous ordonnons que ceux qui suivent cette loi prennent le nom de Chrétiens catholiques et que les autres, que nous jugeons déments et insensés, assument l'infamie de l'hérésie. Leurs assemblées ne pourront pas recevoir le nom d'Églises, etc.
1) L'évangélisation de Rome par l'apôtre Pierre (martyrisé dans la ville) repose sur une tradition dont ne découle aucun dogme particulier. Pierre d'Alexandrie est d'ailleurs mis sur un pied d'égalité avec Damase de Rome.
2) Contrairement à la bulle Unam Sanctam, de Boniface VIII (en 1302) l'édit de Thessalonique ne fait pas référence à l'évêque de Rome de façon atemporelle et abstraite (le "pontife romain" auquel toute créature humaine devrait être soumise), mais à un évêque de Rome en particulier, de façon concrète : Damase. Et la religion de ces hommes (Damase et Pierre d'Alexandrie) est mentionnée comme exemplaire pour autant qu'elle est connue, et qu'elle est approuvée par l'Église. On lit ainsi "(religion) qu'il est clair que suivent le pontife Damase et l'évêque d'Alexandrie, Pierre".
C'est donc tout le contraire du papisme, qui prétend soumettre aveuglément le monde à quiconque siège ou siègera comme évêque de Rome.
Le concile de Constantinople, en l'an 381
A) L'évêque de Rome n'a ni convoqué, ni présidé ce concile, aucun
de ses représentants n'y étant d'ailleurs présents.
B) Parmi les quatre canons adoptés par ce concile, le troisième
disposait que : L'évêque de Constantinople doit avoir la
prééminence d'honneur après l'évêque de Rome, car cette ville est
la nouvelle Rome.
On notera, d'une part, que le canon parle d'une préséance
honorifique, et non d'un pouvoir juridique plénier et suprême.
D'autre part, la raison pour laquelle Constantinople est ainsi
placée après Rome, réside dans le statut de capitale impériale de
l'une et l'autre cité. Cela faisait dire à Calvin que l'une des
principales causes de la primauté historique de Rome résidait
dans le fait que: C'était la ville capitale d'empire, et que pour
cette raison il était vraisemblable qu'il y avait là des personnages
plus excellents tant en doctrine qu'en prudence, et mieux
expérimentés qu'en nul autre lieu ; on avait égard, et à bon droit,
de ne point mépriser tant la noblesse de la ville, que les autres
dons de Dieu qui étaient présents là (Institution de la Religion
Chrétienne, IV, vi, 16).
Quant
à savoir quelle noblesse il convient encore d'attendre des papes qui
ont dressé leur prestige au-dessus de la Parole de Dieu, il n'est pas
difficile d'en juger.
A suivre...
Bucerian
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