Annotations Credo # 42


De la nécessité du baptême





Fondé sur les Écritures saintes (Actes 2. 38-39), le Symbole de Nicée-Constantinople professe que le baptême, par lequel nous sommes solennellement reçus en l’Église, est donné pour la rémission des péchés.
Précisant ce Credo, la Confession d'Augsbourg déclare que le baptême est nécessaire au salut (article 9) : personne en effet ne peut hériter de la vie tant qu'il se tient en dehors de l’Église et que, persistant dans l'incrédulité, ses fautes ne lui sont point pardonnées. Cela ne veut pas dire que ceux qui croient l’Évangile, mais qu'une raison particulière empêche de recevoir le baptême, ne seront pas sauvés (l'homme est sauvé par la foi seule : Luc 23. 43!); mais, simplement, que le baptême signe ordinairement l’Évangile du Salut dans la personne des fidèles.
L’Évangile de Marc (Marc 16. 16) résume cette nécessité de principe par cette promesse:
Celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé ; mais celui qui n'aura pas cru sera condamné.

Certains ont affirmé qu'une telle doctrine était contraire à l'article capital de notre religion, à savoir : que l'homme est justifié par la foi seule, sans considération de ses œuvres.
C'est ignorer que le baptême n'est pas le fruit ou l’œuvre de notre foi mais qu'il est au contraire la célébration et le sceau de l’Évangile sur lequel s'appuie notre foi. Autrement dit: l'auteur du baptême n'est pas celui qui reçoit le baptême, mais Dieu au nom duquel le baptême est conféré (cf. Tite 3. 5-6). Certes, avant notre baptême, notre foi dispose déjà du secours, suffisant, de la prédication de l'Évangile; et pourtant, le Seigneur veut réaffirmer à chaque fidèle ce même Évangile, dont ils ont un souverain besoin.
L’Évangile du Salut est ainsi personnellement récapitulé à l'homme qui est pourtant déjà sauvé par sa foi en ce même Évangile -- qui a été prêché à tous. Qui s'étonnera de cela? Notre Dieu est riche en miséricorde (cf. Éphésiens 2. 4)! Il n'envoie pas seulement ses hérauts annoncer l’Évangile à tous les hommes indifféremment, mais il récapitule encore la Bonne nouvelle de son salut à chacun de ceux qui constituent son Église : telle est la fonction du sacrement, dont nous avons déjà dit qu'il consiste en la Parole de l'Évangile unie à un élément sensible (eau / pain, vin) pour être adressée à chacun ( = on ne se lave ni ne mange à la place d'autrui).

Un exemple nous aidera peut-être à mieux saisir ce point: les évangiles relatent l'histoire d'une femme qui souffrait d'hémorragies et qui, ayant entendu que Christ sauvait les pécheurs, vint vers Lui et fut guérie de son mal par la foi. Pourtant, dans sa grâce, le Seigneur ne la renvoya pas sans lui renouveler personnellement sa parole de vie (cf. Marc 5. 34). Cette parole: sois guérie de ta maladie, fut-elle prononcée sans raison?... Était-elle superfétatoire pour cette femme que la vertu du Seigneur avait déjà rétablie? Nous croyons au contraire que cette Parole était nécessaire et pleine d'efficacité, étant pour cette femme la même Parole qui avait été adressée à tous les hommes (cf. Marc 1. 15) et en vertu de laquelle sa foi trouva la guérison et la vie.

Certaines dénominations préfèrent croire que le baptême est l’œuvre (témoignant) de notre foi. Elles font ainsi du baptême, de facto, la première bonne œuvre du croyant : sa réponse et son obéissance publiques à l'ordre de Dieu.
Mais en agissant ainsi, ce sont elles qui menacent la doctrine du salut par la foi seule. En effet, les Écritures disent que le baptême sauve (cf. 1 Pierre 3. 21), ce qui implique que si le baptême était notre œuvre, procédant de notre foi, nous serions bel et bien sauvé par la foi... et les œuvres (au moins une des œuvres!) qui procèdent de la foi.

Partant de cette erreur, ces groupes remettent en question la légitimité du baptême des nourrissons : un bébé peut-il s'engager ou faire quelque chose de crédible en matière de foi?...
Et puisque le baptême se réduit, selon eux, à la libre réponse d'un individu conscient de ses choix (avec toute l'ombre du pélagianisme qui accompagne ce genre d'opinion), cela ne veut-il pas dire qu'un enfant de chrétien n'est pas chrétien tant qu'il ne l'a pas décidé une fois devenu vieux?
Et ainsi, dans tous les cas, qu'elles l'assument ouvertement ou non, les dénominations anabaptistes (qui rejettent le baptême des enfants) sont des groupes pour lesquels, in fine, il n'y a dans la bergerie du Christ que des brebis, et pas un seul agneau.

Contre cette erreur (et toutes celles qui lui sont assorties) nous croyons que le baptême doit être administré aux fidèles ainsi qu'à leurs enfants.
Dans leur dernier avis rendu à ce sujet (Concorde de Wittenberg, en 1536), les Églises Protestantes (Confession d'Augsbourg) expliquèrent ainsi leur position -- qui est la seule position biblique, logique et harmonieuse avec la pratique de l’Église ancienne:


(...) tous ont reconnu qu'il est nécessaire de baptiser les enfants. Car, puisque la promesse de salut appartient aussi aux enfants et qu'elle ne concerne pas ceux qui se trouvent en dehors de l’Église, il est nécessaire qu'il [le baptême] soit appliqué aux enfants par le ministère et de les ajouter aux membres de l’Église.
 

Et puisque, au sujet de tels enfants (qui sont dans L’Église) il est dit:

Ce n'est pas la volonté de votre Père que l'un d'eux ne périsse (Matthieu XVIII. 14), il est manifeste que, par le baptême, la rémission des péchés vient à ces enfants, ainsi que le don du Saint Esprit, qui agit en eux, selon leur mesure.
 

Car nous rejetons l'erreur de ceux qui imaginent que les enfants plaisent à Dieu et sont sauvés sans aucune action de Dieu; le Christ, en effet, a dit:

Si un homme ne naît pas d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu (Jean III. 5).

-Concorde de Wittenberg, article 2.

Cela ne veut bien sûr par dire que chaque enfant baptisé est ou sera sauvé (l’Église doit dénoncer la fausse assurance derrière laquelle se cache les hypocrites), mais que Dieu n'a pas moins besoin d'agir au cœur des plus jeunes élus qu'en celui de leurs aînés et que nul ne peut jamais être enfant de Dieu et héritier de la Vie qu'en Jésus-Christ, lequel nous revêtons par la foi, dans le baptême (Galates 3. 28).


Bucerian

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