Annotations Credo # 35


Catholique



Dans l'inconscient collectif, le terme "catholique" sert à distinguer, voire à opposer le dévot romain et le protestant. Certaines personnes seront donc sans doute surprises par le fait que nous, fidèles protestants, assumons les termes d'un Credo qui affirme la catholicité de l'Eglise.
C'est ici le lieu de rappeler que les protestants ont toujours entendu être de plus fidèles catholiques que leurs adversaires romains; ainsi, en 1616, le pasteur André Rivet intitulait l'un de ses ouvrages: Le catholique orthodoxe (c'est-à-dire: le protestant) opposé au catholique papiste.
De nos jours encore, aucun protestant sérieux ne sera d'avis à abandonner le titre de "catholique" aux communautés vassales de Rome, précisément parce que, comme le notait le puritain John Owen: "romain ne signifie pas catholique". Ce terme signifie au contraire "universel", et est un attribut de l'Eglise qui implique (comme on le verra) de grandes conséquences.

Le terme "catholique", ou "universel",  a un double sens:

1) On désigne par là le fait historique, spirituel et rémanent qu'est "la grande Eglise", celle qui regroupe l'universalité des saints et qui est attachée à la totalité, ou universalité des vérités bibliques - par opposition aux sectes qui opèrent un choix (en grec: hérésie = action de prendre; choix) parmi ces vérités et qui concoctent ainsi de faux évangiles.
Par exemple: là où l'Eglise catholique confesse un seul Christ, vrai Dieu et vrai homme, les hérétiques, choisissant parmi les données bibliques, confesseront:
- ou bien deux Jésus (nestoriens)
- ou bien un Christ vrai Dieu faussement homme (docètes)
- ou bien encore un Christ vrai homme mais pas Dieu (ariens), etc. 

Or, qui pourra être certain de croire comme les apôtres, et être ainsi en communion avec la catholicité des fidèles, s'il ne trouve pas sous la plume de ces mêmes apôtres le fondement de ce qu'il croit? Ou comment dire qu'un article a été cru toujours, partout et par tous, si l'on ne peut pas trouver dans les Ecritures une preuve (directe ou indirecte) que l'article en question a été cru et enseigné par les envoyés du Seigneur, dans les Ecritures qui servent de règle à chacun?...
Ainsi, cette première acceptation de la catholicité démontre avec force le principe de l'Ecriture seule, ou sola scriptura.

2) Par l'attribut de la catholicité, on souligne également le fait que, depuis l'apparition du Christ, centre des Ecritures, les frontières de l'Eglise ne sauraient se limiter à celles d'une nation ou d'un Etat particulier, de sorte que, pour être membre à part entière du peuple de Dieu, nul n'est appelé à s'assimiler à un autre peuple établi sur terre, à se soumettre à ses us et coutumes, à ses lois, ou à ses intérêts nationaux particuliers.
L'Eglise étant répandue dans tout le monde, et parmi toutes les nations, l'universalité du genre humain est sauvée dans la personne des élus de Dieu, ainsi que l'enseigne la Parole de Dieu en divers lieux. Ainsi, en Esaïe (49. 6), au sujet du Christ:

C'est peu que tu sois mon serviteur Pour relever les tribus de Jacob et pour ramener les restes d'Israël: Je t'établis pour être la lumière des nations, Pour porter mon salut jusqu'aux extrémités de la terre.

De même, le Psaume 117 consiste en cette belle et brève exhortation:

Louez l'Éternel, vous toutes les nations, Célébrez-le, vous tous les peuples!
Car sa bonté pour nous est grande, Et sa fidélité dure à toujours. Louez l'Éternel!

Les conséquences de ce deuxième aspect de la catholicité sont:

a) Le rejet du racisme, de la misogynie/misandrie ainsi que du mépris social (toute forme et/ou source d'hostilité et de barrière entre les hommes).
Par exemple: alors que le Talmud enseigne à ses disciples de prier chaque matin en disant:
"Merci mon Dieu de ne m'avoir pas fait esclave, de ne m'avoir pas fait goy, et de ne m'avoir pas fait femme (et plus sobrement pour ces dernières: de m'avoir faite telle que je suis)" [Bénédictions du lever], la Parole de Dieu clame avec force:
" Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus Christ" (Galates 3. 28).
Christ a en effet brisé les murs de séparation entre les hommes, les sources de haine et de guerre, son Eglise étant le havre de paix et de réconciliation universelles.

b) Les fidèles sont les héritiers d'Abraham (Galates 3. 29), par la foi en Jésus-Christ, véritable postérité d'Abraham et vrai Israël.
Les doctrines actuelles, qui tentent d'identifier l'Etat moderne d'Israël avec le royaume de l'Ancien Testament, et qui font presque du soutien à cet Etat un article de foi et/ou de morale chrétiennes sont donc des fausses doctrines, liant injustement les consciences en fabriquant des craintes superstitieuses, injurieuses pour le Christ et son peuple: l'Eglise.
NB: Il ne s'agit pas ici d'encourager, a contrario, à la haine ou à l'hostilité envers ledit Etat, ou à se complaire pour les discours haineux proférés à son encontre ou à l'encontre de ses ressortissants.

c) La Parole de Dieu a retenti dans toutes les langues, à l'adresse de tous les peuples (Actes 2), afin de faire de toutes les nations des disciples du Roi, Prêtre et Prophète suprême de l'Humanité: Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu (Matthieu 28. 19).
Doivent donc être démasquées, dénoncées et condamnées les astuces par lesquelles certains ennemis de Dieu se sont élevés contre l'Evangile du Salut.
De leur nombre fut Mahomet, qui prétendit que la Nation Arabe était restée, seule entre toutes, sans prophète et sans révélation; que cela justifiait son prétendu ministère et faisait de lui le dernier des prophètes, et aussi leur sceau - son nom devant rester associé à celui d'Allah dans une seule et même "confession de foi", quotidiennement professée par des millions d'âmes.

Tout ceci, le monde l'écoute avec respect et considération. Tout ceci, les fausses Eglises, les dénominations mondaines, tentent de l'intégrer à leurs discours. Mais tout ceci, la véritable Eglise catholique le rejette, par amour de la vérité et pour la gloire du Dieu vivant: Père, Fils et Saint Esprit.

Bucerian


Commentaires

Anonyme a dit…
En ce qui a trait au caractère catholique, ou global, de la tradition chrétienne, a-t-on remarqué qu'en dehors du Symbole de Nicée-Constantinople et de l'Oraison Dominicale, la péricope scripturaire la plus attestée jusqu'à nos jours, c'est... celle de l'entretien de Nicodème: le fameux " Jean.3/16"? En effet, dès le Ve siècle, son usage cultuel est établi par l'anaphore de la liturgie de saint Jean Chrysostome. Elle figure sans cesse au sein de la syntaxe eucharistique anglicane du B.C.P, dès 1549, elle est attesté aux lectionnaires anglicans, luthériens et romains des lectures du Lundi de Pentecôte. De sorte que, cette incise biblique est reconnue, liturgiquement, parole de Dieu, par orthodoxes, anglicans, luthériens et romains. Tout cela ne donne-t-il pas à réfléchir, à propos de l'assistance surnaturelle de Dieu à son Église?...
Anonyme a dit…
"1 Corinthiens 2, 15 L'homme spirituel, au contraire, juge de tout, et lui-même n'est jugé par personne. 1 Corinthiens 2, 16 Qui en effet a connu la pensée du Seigneur, pour pouvoir l'instruire? Et nous l'avons, nous, la pensée du Christ"
Être catholique, c'est professer Jésus-Christ, tel que dépeint, réglementairement, par le Symbole de Nicée-Constantinople, conformément aux Écritures. C'est, ça, la "pensée" du Christ, canoniquement. De sorte qu'à partir de ce critère, le chrétien peut TOUT évaluer ET tout RÉVISER!...
Domus a dit…
Est-ce aux protestants de prouver qu’ils sont catholiques ou aux catholiques de produire la preuve qui, selon eux, accuse les protestants de ne pas l’être ?
Comme c’est aux accusateurs de fournir la preuve de la réalité qu’ils affirment, c’est aux catholiques de prouver que les protestants ne sont pas catholiques, ce qu’ils ont toujours tenu pour une réalité, et non aux protestants de devoir prouver qu’ils le sont.
Ne pouvant fournir la preuve que les protestants ne sont pas catholiques sur le seul critère de la catholicité de l’Église reconnue par tous, les catholiques sont obligés d’avoir recours à un autre critère, celui de la romanité de leur église. C’est par ce pur artifice de procédure qui n’a aucun fondement scripturaire et qui s’oppose de front à la véritable signification de la catholicité de l’Église qu’ils imaginent pouvoir maintenir l’accusation de non-catholicité dont ils accablent les protestants depuis cinq siècles.
En conséquence de quoi, il serait plus juste et conforme à la réalité de réserver dorénavant le qualificatif de « catholiques » aux protestants et seulement celui de « romains » aux adeptes des doctrines de pontifes locaux et de surcroît auto-proclamés infaillibles.







@ Anonyme: Pour sûr, oui, nous pouvons tout réviser.

@ Domus: Je suis tout à fait d'accord. D'ailleurs, la 37e annotation sera consacrée à l'attribut fantasmagorique: la romanité ;)

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