Annotations sur le Credo (2)


Nous croyons en un seul Dieu,
le Père tout-puissant,
créateur du ciel et de la terre,
de toutes les choses visibles et invisibles.


Croyons:

Nous sommes Chrétiens, non pas Déistes. Notre certitude n'est pas l'aboutissement de nos méditations (menant à des principes métaphysiques abstraits, plus ou moins solides...) mais repose sur la Révélation de Dieu en Jésus-Christ (et qui, autrement, est inaccessible -- Première épître de Paul à Timothée, 6, 16).
Œuvre de Dieu, la foi chrétienne repose sur Sa Parole et Sa Puissance, non sur nos capacités.
La foi est donc le point de départ de la pensée (épître aux Hébreux 11, 3), pas sa conclusion. La foi est le solide fondement sur lequel repose notre pensée (et toute notre vie! -- Livre d'Esaïe, 7, 9 [voir notamment la Septante: Et si vous ne me croyez point, c'est que vous manquerez d'intelligence.]), et non l'inverse. C'est ce qu'énonce le principe augustinien, repris par saint Anselme: Credo ut intelligam (= je crois pour comprendre).

Mais, pointe ici l'objection courante: comment peut-on être assuré que notre foi en ce que nous dit la Parole du Dieu-Trinité n'est pas de la pure et simple crédulité envers une fable?
Comment aussi annoncer la Parole de Dieu, avec son autorité et ses impératifs (Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche! / Matthieu 4, 17) devant des personnes qui répondent, selon les termes d'Euclide, que ce qui est affirmé sans preuve peut être nié sans preuve?

Il y aurait fort à dire sur ces questions, mais trois points peuvent aider à garder une perspective correcte, sur ce sujet:


1) Économie actuelle
Selon la Bible, l'économie actuelle, l'état actuel de l'homme et de la Révélation, est un état permettant l'endurcissement des réprouvés.
Il y a assez de clarté, écrivait Pascal,  pour éclairer les élus, et assez d'obscurité pour les humilier. Il y a assez d'obscurité pour aveugler les réprouvés et assez de clarté pour les condamner et les rendre inexcusables (Pensées, Brun 578-236).
Il ne faut donc pas s'étonner que, à l'instar de Pharaon face à Moïse, l'homme puisse se fermer à la vérité et même s'imaginer en triompher, même avec le recours à des histoires délirantes.


2) Nature de la foi
La foi, donc, est un acte qui reste formellement libre [même s'il est vrai qu'elle est le résultat infaillible de la Grâce efficace] et personnel:
a) Libre:
Au regard de ce qui a été dit sur l'économie actuelle, la foi n'est pas la contrainte absolue de reconnaître la vérité (telle que les damnés y seront rendus, dans l'éternité) mais elle est une adhésion et une confiance fondée sur un témoignage. Un témoignage, et non une démonstration mathématique.
b) Personnel:
Le croyant ne peut pas plus communiquer sa foi à l'incrédule que le voyant ne peut voir pour un aveugle. A ce titre, de même que le voyant peut avertir l'aveugle qu'il marche vers une fosse --une fosse qu'il  ne peut évidemment pas lui faire voir-- de même, le chrétien peut tout à fait proclamer la Parole de Dieu (Repentez-vous, car le royaume de Dieu s'est approché!) à des gens qui feront bien entendu ce qu'ils voudront de cette prédication.

3) État de l'homme pécheur
D'une façon générale, il apparaît que les objections et la défiance opposées à la Parole de Dieu reposent sur la prétention de l'homme à se comporter comme un juge trop soucieux des droits de la vérité pour admettre n'importe quelle histoire.
Cette attitude se justifie sans doute face à d'autres religions ou philosophies qui prétendent être accessibles à la raison de l'homme ou qui supposent que l'homme est profondément bon et sincère. De tels systèmes de pensée laissant à l'homme la prérogative de les juger, on aurait tort de s'en priver. Mais ce n'est pas une attitude pertinente pour aborder le christianisme (cf. 1ere épître aux Corinthiens, chap. 2, 14). 
Car, pour que l'homme puisse juger de la valeur de l'évangile, pour agir comme un juge à qui l'on présente des preuves, encore faudrait-il que l'homme soit un être souverain, impartial et omniscient:
Souverain: l'homme serait un dieu en droit d'appeler toute chose à la barre de son Tribunal suprême.
Impartial et honnête: l'homme devrait l'être car, l'expérience profane nous montre déjà que, devant une vérité qui dérange, l'esprit est capable de résister (négationnisme, etc.)
Omniscient: afin d'être certain de ne procéder à aucune erreur dans son jugement, l'homme devrait être tel que rien ne soit caché à son regard.

Et peut-être que quelques athées pensent répondre à ces critères et dire ainsi qu'ils sont le Dieu dont ils nient l'existence; mais, de son côté, la Parole de Dieu nie catégoriquement l'existence de tels "hommes".
Pour la prédication chrétienne ( = Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche! / Matthieu 4, 17; ... Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle / Jean 3, 16) l'homme naturel n'est pas seulement limité, il est aussi corrompu. Or, qui chercherait à convaincre un juge corrompu? 
Si l'homme est de glace aux vérités mais qu'il est de feu pour le mensonge (La Fontaine) ainsi que le clame le christianisme, il est normal que la Parole de Dieu demande des comptes à la créature plutôt qu'elle ne cherche à lui en rendre.
L'homme qui prétendait siéger dans le fauteuil du juge est ainsi renvoyé au banc des accusés et, dans sa misère seulement (il est pécheur, il le sait; il va mourir, il le sait) il pourra regarder à sa juste valeur Celui qui, par Sa croix, vient sauver les affligés (évangile selon Matthieu, 11, 25-30).

Bucer

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