La Constitution de l'an I
Le capitalisme et le communisme sont intrinsèquement
pervers. En effet, dès que nous traitons de rapport de production, on ne peut
oublier son fondement, le langage, sans lequel aucune relation n’est possible.
Car, le langage suppose une reconnaissance de la parité de l’autre, en tant qu’interlocuteur,
à la fois libre et égal, puisque qu'on ne saurait attendre de réponse d'un objet ou d'un animal...
Aussi, en premier lieu, il y a incohérence, du
côté du capitalisme, à considérer l’autre, sous le même rapport, à la fois
comme chose (salariat, ou extorsion de la plus-value) et comme libre, en tant
que locuteur.
De même,
le communisme, bien que reconnaissant l’égalité
de tous, par l’étatisation des moyens de production, chosifie quand même l’autre,
en lui interdisant l’expression de sa liberté, à tous égards, en vertu de son
matérialisme de principe.
De sorte
que, seul l’idéal républicain, formulé par la Constitution de l’an I, semble à
même de respecter l’intégrité de la personne humaine, à la fois libre et égale,
nonobstant les conditions historiques de son élaboration.
Athanasius
Commentaires
L'Evangile du Seigneur, lui, a prospéré durant des siècles sous des cieux qui n'étaient ni républicains, ni laïques et encore moins démocratiques. Cela a-t-il entravé la marche bimillénaire de l'Eglise ? Je serais tenté de penser qu'elle n'a jamais été aussi florissante (la patristique, la Réforme) qu'à ces époques-là. Au contraire, le républicanisme a toujours eu une prétention messianique utopique et donc forcément païenne au regard de l'Evangile. Il n'est pas étonnant qu'il lui soit aujourd'hui de plus en plus ouvertement hostile (Mat.12.30).
Le Christ est la lumière qui éclaire tout homme (Jn 1.9), or la République prétend l'être tout autant. Le nom de la célèbre statue de New-york, « La liberté éclairant le monde », offerte à la République des Etats-Unis d'Amérique par la République Française, n'est pas dû au hasard. Il symbolise parfaitement cette prétention messianique du républicanisme.
Le Christ est le chemin (Jn 14.6), or la République prétend l'être aussi. Le titre de la célèbre toile de Delacroix, « La Liberté guidant le peuple », n'a pas été lui non plus choisi au hasard. Dans ce tableau qui symbolise aussi parfaitement la prétention messianique de la République, la Liberté est personnifiée et assimilée, dans l'inconscient collectif, à la République qui « guide » le peuple vers la victoire finale, manifestation eschatologique à peine déguisée. Etablir un monde « nouveau » sans le Christ, fonder une société « régénérée » sans le Christ, accomplir la « rédemption » du genre humain par sa « libération » toujours sans le Christ, voilà la dimension messianique du républicanisme. Ne parle-t-on pas à son propos d' « évangile républicain » ?
Ce n'est pas que la République ne soit pas pourvue, par ailleurs, d'indéniables qualités, mais
quand elle prétend libérer, éclairer, guider et sauver des âmes, elle joue une rôle qui n'est pas le sien. Son « évangile » perd les âmes non parce qu'elle a remplacé les rois, mais parce qu'elle veut remplacer Dieu.