Où était le protestantisme avant...?
Il existe une question que les catholiques romains ne manquent pas de poser aux protestants lors de discussions:
Où était le protestantisme avant Luther?
Nous sommes ici face à une "question piège", en ce que l'espoir papal est de nous faire dire que le premier d'entre nous a été Martin Luther (1483-1546), donc, que nous devons bien être dans l'erreur (= où était donc l'Eglise avant cela? // Matthieu 28.20).
Il serait trop facile, et même malhonnête de nous dérober à cette question comme si elle était stupide et ne valait rien. Au contraire, cette objection a été faite (à juste titre, d'ailleurs) par de saints Pères, contre divers hérétiques.
Ainsi, par exemple, St Irénée de Lyon contre le gnostiques:
Inventions mensongères, certes, car il n'y eut chez ces derniers ni groupement ni enseignement dûment institués : avant Valentin il n'y eut pas de disciples de Valentin, avant Marcion il n'y eut pas de disciples de Marcion, et aucun des autres tenants d'opinions fausses que nous avons catalogués précédemment n'exista avant que n'apparussent les mystagogues et les inventeurs de leurs perversités.
(Contre les hérésies, III)
LA FOI DES REFORMATEURS
Toutefois, les partians du pape font dans la démeusure à notre égard, parceque si les gnostiques préchaient bien une nouvelle tradition (reniant ce que celles des apôtres, que St Irénée résume dans un "proto-Symbole" en ces termes:
ils gardent scrupuleusement l'antique Tradition, croyant en un seul Dieu, Créateur du ciel et de la terre et de tout ce qu'ils renferment, et au Christ Jésus, le Fils de Dieu, qui, à cause de son surabondant amour pour l'ouvrage par lui modelé, a consenti à être engendré de la Vierge pour unir lui-même par lui-même l'homme à Dieu, qui a souffert sous Ponce Pilate, est ressuscité et a été enlevé dans la gloire, qui viendra dans la gloire comme Sauveur de ceux qui seront sauvés et Juge de ceux qui seront jugés et enverra au feu éternel ceux qui défigurent la vérité et qui méprisent son Père et sa propre venue. Ceux qui sans lettres ont embrassé cette foi sont, pour ce qui est du langage, des barbares ; mais, pour ce qui est des pensées, des usages, de la manière de vivre, ils sont, grâce à leur foi, suprêmement sages et ils plaisent à Dieu, vivant en toute justice, pureté et sagesse. Et s'il arrivait que quelqu'un leur annonçât les inventions des hérétiques en s'adressant à eux dans leur propre langue, aussitôt ils se boucheraient les oreilles et s'enfuiraient au plus loin, sans même consentir à entendre ces discours blasphématoires. Ainsi, grâce à l'antique Tradition des apôtres, rejettent-ils jusqu'à la pensée de l'une quelconque des inventions mensongères des hérétiques. ), Luther, Calvin, et les autres, n'ont quand à eux jamais remis en question ledit Symbole de foi, véritable et très certain exposé de la Tradition apostolique, maintenu à travers le temps depuis l'Antiquité.
N'ayant pas innové un nouveau Dieu, une nouvelle Bible, un nouveau crédo, il est donc tout à fait hors de propos de leur demander d'où vient leur enseignement.
UNE REVOLTE?
On reproche néanmoins aux Pères Réformateurs de s'être révoltés et de ne pas avoir suivi le conseil de l'Eglise en se substituant à l'autorité du Pape de Rome et de l'Empereur Charles Quint.
En effet, n'est-ce pas une audacieuse déclaration que celle faite à la Diète de Spire, en 1529:
«Nous protestons devant Dieu, ainsi que devant tous les Hommes, que nous ne consentons ni n'adhérons au décret proposé dans toutes les choses qui sont contraires à Dieu, à sa sainte Parole, à notre bonne conscience, au salut de nos âmes»?
Néanmoins, c'est oublier que ce zèle pour Dieu et sa Parole remonte, non pas au XVIe siècle, mais au Ier siècle.
N'avons nous pas ici en effet une même attitude que celle de St Pierre et St Jean devant le Sanhedrin?
18 Et les ayant rappelés, ils leur défendirent absolument de parler, et d'enseigner au nom de Jésus. 19 Mais Pierre et Jean leur répondirent: Jugez s'il est juste devant Dieu, de vous obéir plutôt qu'à Dieu. 20 Car pour nous, nous ne pouvons pas ne pas parler des choses que nous avons vues et entendues.
(Chap 4)
Et encore:
27 Et les ayant amenés, ils les présentèrent au Sanhédrin. Et le souverain sacrificateur les interrogea, en disant: 28 Ne vous avons-nous pas défendu expressément d'enseigner en ce nom-là? Et vous avez rempli Jérusalem de votre doctrine, et vous voulez faire retomber sur nous le sang de cet homme. 29 Mais Pierre et les apôtres répondirent: Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. (Chap 5)
SOLA FIDE:
Outre une Réforme des rites de l'Eglise, les Pères Réformateurs ont bien aussi enseigné une doctrine qui, à en croire les partisans du pape, était nouveauté et hérésie:
le salut par la foi seule en Jésus Christ seul (sola fide//solus Christus).
Certains disent que pour établir cet article, Luther aurait falsifié la Bible en la traduisant, et ils pensent pouvoir condamner le Réformateur allemand en menant contre lui ses propres mots sur cette affaire.
En effet, après qu'on lui ai reproché d'avoir falsifié Romains 3. 28 dans sa traduction de la Bible, Luther a répondu dans une épître sur l'art de traduire et de l'intercession des saints.
Or dans un premier temps, contre ses détracteurs qu'il tient pour exagérément obstinés, Luther déclare:
""C'est là ma réponse à votre première question (sur la traduction de Rom 3. 28), et je vous prie de bien vouloir ne rien répondre de plus aux vaines criailleries de ces ânes au sujet du mot sola, sinon ceci: Luther veut qu'il en soit ainsi et il déclare qu'il est un docteur au-dessus de tous les docteurs dans la papauté tout entière.""
Ainsi, les partisans du pape (qui n'amènent jamais que cette partie de la réponse de Luther à ce sujet) pensent avoir (comme nous l'avons dit plus haut) de l'aveu même de Luther, la preuve qu'il a traduit Romains 3. 28 de façon arbitraire ("Luther veut qu'il en soit ainsi") et qu'il a maintenu cette ''transgression'' par simple orgueil ("il déclare être un docteur au dessus de tous")...
En réalité, toute cette accusation procède en partie de ce que certains catholiques romains méconnaissent ladite épître de Luther, tandis que d'autres --qui la connaissent-- se gardent d'en ébruiter le contenu. Car dans cet ouvrage, si (dans un premier temps) le Réformateur répond ainsi durement à ses détracteurs --ce cont des ânes, ne leur répondez que ceci...--, il ne manque pas, dans un second temps, d'exposer à ses amis les motifs linguistiques l'ayant amené à traduire ainsi ce passage (: l'Allemand et ses tournures n'est pas la même chose que le Latin et les siennes).
ORTHODOXIE:
Quoiqu'il en soit de cette traduction, il convient de relever ici que le "sola fide" du Protestantisme n'est pas fondé sur un seul mot contesté dans un verset de l'épître aux Romains.
C'est au contraire sur des pans entiers, même, des épîtres entières (dont celle aux Romains) que repose l'assertion protestante suivant laquelle: l'homme est justifié seulement par la foi (même si cette foi justifiante n'est jamais seule).
C'est également la conclusion qui s'impose de la lecture du Symbole (nous croyons... nous confessons un seul baptême en rémission des péchés), ainsi qu'Athanasius l'a développé dans un précédent article.
Alors, où était la foi exprimée dans la Confession d'Augsbourg avant Luther?
Qui, avant Luther, a partagé cette foi?
Réponse: toute l'Eglise chrétienne a partagé et professé cette foi.
Et le Concile de Trente, avec tout le mouvement négatif, qui a défini le catholicisme par rapport au (et contre le) Pro-testantisme --la Contre-Réforme-- (et ce n'est rien dire de l'oeuvre de Vatican I --les gallicans--, et même, dans une grande mesure, de Vatican II --cf. Mgr Lefebvre) ne peuvent pas forcément en dire autant.....
Où était le protestantisme avant Luther?
Nous sommes ici face à une "question piège", en ce que l'espoir papal est de nous faire dire que le premier d'entre nous a été Martin Luther (1483-1546), donc, que nous devons bien être dans l'erreur (= où était donc l'Eglise avant cela? // Matthieu 28.20).
Il serait trop facile, et même malhonnête de nous dérober à cette question comme si elle était stupide et ne valait rien. Au contraire, cette objection a été faite (à juste titre, d'ailleurs) par de saints Pères, contre divers hérétiques.
Ainsi, par exemple, St Irénée de Lyon contre le gnostiques:
Inventions mensongères, certes, car il n'y eut chez ces derniers ni groupement ni enseignement dûment institués : avant Valentin il n'y eut pas de disciples de Valentin, avant Marcion il n'y eut pas de disciples de Marcion, et aucun des autres tenants d'opinions fausses que nous avons catalogués précédemment n'exista avant que n'apparussent les mystagogues et les inventeurs de leurs perversités.
(Contre les hérésies, III)
LA FOI DES REFORMATEURS
Toutefois, les partians du pape font dans la démeusure à notre égard, parceque si les gnostiques préchaient bien une nouvelle tradition (reniant ce que celles des apôtres, que St Irénée résume dans un "proto-Symbole" en ces termes:
ils gardent scrupuleusement l'antique Tradition, croyant en un seul Dieu, Créateur du ciel et de la terre et de tout ce qu'ils renferment, et au Christ Jésus, le Fils de Dieu, qui, à cause de son surabondant amour pour l'ouvrage par lui modelé, a consenti à être engendré de la Vierge pour unir lui-même par lui-même l'homme à Dieu, qui a souffert sous Ponce Pilate, est ressuscité et a été enlevé dans la gloire, qui viendra dans la gloire comme Sauveur de ceux qui seront sauvés et Juge de ceux qui seront jugés et enverra au feu éternel ceux qui défigurent la vérité et qui méprisent son Père et sa propre venue. Ceux qui sans lettres ont embrassé cette foi sont, pour ce qui est du langage, des barbares ; mais, pour ce qui est des pensées, des usages, de la manière de vivre, ils sont, grâce à leur foi, suprêmement sages et ils plaisent à Dieu, vivant en toute justice, pureté et sagesse. Et s'il arrivait que quelqu'un leur annonçât les inventions des hérétiques en s'adressant à eux dans leur propre langue, aussitôt ils se boucheraient les oreilles et s'enfuiraient au plus loin, sans même consentir à entendre ces discours blasphématoires. Ainsi, grâce à l'antique Tradition des apôtres, rejettent-ils jusqu'à la pensée de l'une quelconque des inventions mensongères des hérétiques. ), Luther, Calvin, et les autres, n'ont quand à eux jamais remis en question ledit Symbole de foi, véritable et très certain exposé de la Tradition apostolique, maintenu à travers le temps depuis l'Antiquité.
N'ayant pas innové un nouveau Dieu, une nouvelle Bible, un nouveau crédo, il est donc tout à fait hors de propos de leur demander d'où vient leur enseignement.
UNE REVOLTE?
On reproche néanmoins aux Pères Réformateurs de s'être révoltés et de ne pas avoir suivi le conseil de l'Eglise en se substituant à l'autorité du Pape de Rome et de l'Empereur Charles Quint.
En effet, n'est-ce pas une audacieuse déclaration que celle faite à la Diète de Spire, en 1529:
«Nous protestons devant Dieu, ainsi que devant tous les Hommes, que nous ne consentons ni n'adhérons au décret proposé dans toutes les choses qui sont contraires à Dieu, à sa sainte Parole, à notre bonne conscience, au salut de nos âmes»?
Néanmoins, c'est oublier que ce zèle pour Dieu et sa Parole remonte, non pas au XVIe siècle, mais au Ier siècle.
N'avons nous pas ici en effet une même attitude que celle de St Pierre et St Jean devant le Sanhedrin?
18 Et les ayant rappelés, ils leur défendirent absolument de parler, et d'enseigner au nom de Jésus. 19 Mais Pierre et Jean leur répondirent: Jugez s'il est juste devant Dieu, de vous obéir plutôt qu'à Dieu. 20 Car pour nous, nous ne pouvons pas ne pas parler des choses que nous avons vues et entendues.
(Chap 4)
Et encore:
27 Et les ayant amenés, ils les présentèrent au Sanhédrin. Et le souverain sacrificateur les interrogea, en disant: 28 Ne vous avons-nous pas défendu expressément d'enseigner en ce nom-là? Et vous avez rempli Jérusalem de votre doctrine, et vous voulez faire retomber sur nous le sang de cet homme. 29 Mais Pierre et les apôtres répondirent: Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. (Chap 5)
SOLA FIDE:
Outre une Réforme des rites de l'Eglise, les Pères Réformateurs ont bien aussi enseigné une doctrine qui, à en croire les partisans du pape, était nouveauté et hérésie:
le salut par la foi seule en Jésus Christ seul (sola fide//solus Christus).
Certains disent que pour établir cet article, Luther aurait falsifié la Bible en la traduisant, et ils pensent pouvoir condamner le Réformateur allemand en menant contre lui ses propres mots sur cette affaire.
En effet, après qu'on lui ai reproché d'avoir falsifié Romains 3. 28 dans sa traduction de la Bible, Luther a répondu dans une épître sur l'art de traduire et de l'intercession des saints.
Or dans un premier temps, contre ses détracteurs qu'il tient pour exagérément obstinés, Luther déclare:
""C'est là ma réponse à votre première question (sur la traduction de Rom 3. 28), et je vous prie de bien vouloir ne rien répondre de plus aux vaines criailleries de ces ânes au sujet du mot sola, sinon ceci: Luther veut qu'il en soit ainsi et il déclare qu'il est un docteur au-dessus de tous les docteurs dans la papauté tout entière.""
Ainsi, les partisans du pape (qui n'amènent jamais que cette partie de la réponse de Luther à ce sujet) pensent avoir (comme nous l'avons dit plus haut) de l'aveu même de Luther, la preuve qu'il a traduit Romains 3. 28 de façon arbitraire ("Luther veut qu'il en soit ainsi") et qu'il a maintenu cette ''transgression'' par simple orgueil ("il déclare être un docteur au dessus de tous")...
En réalité, toute cette accusation procède en partie de ce que certains catholiques romains méconnaissent ladite épître de Luther, tandis que d'autres --qui la connaissent-- se gardent d'en ébruiter le contenu. Car dans cet ouvrage, si (dans un premier temps) le Réformateur répond ainsi durement à ses détracteurs --ce cont des ânes, ne leur répondez que ceci...--, il ne manque pas, dans un second temps, d'exposer à ses amis les motifs linguistiques l'ayant amené à traduire ainsi ce passage (: l'Allemand et ses tournures n'est pas la même chose que le Latin et les siennes).
ORTHODOXIE:
Quoiqu'il en soit de cette traduction, il convient de relever ici que le "sola fide" du Protestantisme n'est pas fondé sur un seul mot contesté dans un verset de l'épître aux Romains.
C'est au contraire sur des pans entiers, même, des épîtres entières (dont celle aux Romains) que repose l'assertion protestante suivant laquelle: l'homme est justifié seulement par la foi (même si cette foi justifiante n'est jamais seule).
C'est également la conclusion qui s'impose de la lecture du Symbole (nous croyons... nous confessons un seul baptême en rémission des péchés), ainsi qu'Athanasius l'a développé dans un précédent article.
Alors, où était la foi exprimée dans la Confession d'Augsbourg avant Luther?
Qui, avant Luther, a partagé cette foi?
Réponse: toute l'Eglise chrétienne a partagé et professé cette foi.
Et le Concile de Trente, avec tout le mouvement négatif, qui a défini le catholicisme par rapport au (et contre le) Pro-testantisme --la Contre-Réforme-- (et ce n'est rien dire de l'oeuvre de Vatican I --les gallicans--, et même, dans une grande mesure, de Vatican II --cf. Mgr Lefebvre) ne peuvent pas forcément en dire autant.....
Commentaires