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Evangile de la prospérité (4/5)

 Ce que Dieu veut pour nous. (2 Pierre 3. 9).   A l'approche de la nouvelle année, il est d'usage de se présenter mutuellement nos vœux. Pourvu que ces vœux soient sincères, je pense que cette disposition est légitime et honorable (cf. 3. Jean 2). J'ajoute que ces vœux, dans la mesure où ils sont pieusement subordonnés à la poursuite du Salut des élus , sont autant de prières que Dieu exaucera sans doute. Or, cette dernière précision m'amène à la remarque qui sera développée aujourd'hui, dans cette série concernant l'évangile de la prospérité (série bien sûr non-exhaustive [1]). Les prédicateurs de la prospérité répètent en effet que Dieu veut certaines choses pour les chrétiens. Veut-il que leur chair soit mortifiée ? Veut-il qu'ils persévèrent dans la foi et la prière ? Veut-il qu'ils cessent de convoiter les richesses de ce monde?... Ce qu'on entend surtout chez eux, c'est que "Dieu veut que vous soyez riches et en bonne santé!". ...

Noël 2020

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  Joyeuse fête de la Nativité de Notre Seigneur ! Mais l'ange leur dit: Ne craignez point; car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple le sujet d'une grande joie : c'est qu'aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Et voici à quel signe vous le reconnaîtrez: vous trouverez un enfant emmailloté et couché dans une crèche. Luc 2. 10-12 Prions : Qu'y a-t-il de plus doux que le nom de Jésus ? O bon Jésus! sois aussi mon Jésus. A cause de ton saint nom aie pitié de moi. Ma vie me condamne, mais le nom de Jésus me sauvera. Tu te nommes le Sauveur : fais-moi selon ton nom, et comme tu es le véritable et grand Sauveur, viens au secours des vrais et grands pécheurs. Aie pitié de moi, Ô bon Jésus, dans le temps de la miséricorde, afin que tu ne me condamnes point au temps du jugement. C'est pour moi que tu es né, et que tu as souffert, c'est pour moi que tu es Jésus. Que ce nom es...

Evangile de la prospérité (3/5)

Le pouvoir de Dieu ne s'arrête pas à la morgue. (Marc 16. 18). L'évangile de prospérité affirme qu'un chrétien en bonne santé spirituelle n'est pas censé traverser certaines épreuves comme la pauvreté ou la maladie. Charismatiques, ils affirment non seulement chasser le "péché de pauvreté" (sic) mais aussi pouvoir guérir (par une "parole de foi") quiconque souffrirait en sa chair.  Quant à ceux qui restent malades malgré leurs bons soins, on les taxe d'incrédulité, de dureté de cœur, etc. Inutile de dire quels effets une telle "théologie" peut avoir sur des âmes déjà durement éprouvées dans leur chair ! Certes, il est trop évident que la richesse de l'âme ne se mesure pas à l'aune du porte monnaie (Apocalypse 2. 9) ; mais qu'en est-il de la santé ? Une partie de nous aimerait penser ici comme les amis de Job ; mais, l'Écriture démontre que même des vrais croyants peuvent subir la maladie (2 Rois 20. 1 ; Jean 11. 1, ss ; ...

Méditations pour l'Avent, 2020 (4/4)

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  Nous concluons cette série avec la définition du Concile de Chalcédoine (V e siècle) relative à l'Incarnation du Fils de Dieu : "Suivant donc les saints pères, nous enseignons tous unanimement que nous confessons un seul et même Fils , notre Seigneur Jésus Christ, le même parfait en divinité, et le même parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme , composé d’une âme raisonnable et d'un corps, consubstantiel au Père selon la divinité et le même consubstantiel à nous selon l'humanité, en tout semblable à nous sauf le péché (voir : Hébreux 4,15 ) , avant les siècles engendré du Père selon la divinité, et aux derniers jours le mê me (engendré) pour nous et pour notre salut de la Vierge Marie, Mère de Dieu selon l'humanité, un seul et même Christ , Fils, Seigneur, l'unique engendré, reconnu en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division et sans séparation, la différence des natures n'étant nullement supprimée à cause...

Evangile de la prospérité (2/5)

Un seul Dieu, un seul cœur, un seul trésor. (Matthieu 6. 21 -24). Jésus-Christ nous a acquis des biens impérissables (1 Pierre 1. 4). Or la richesse aussi bien que la santé matérielles s'arrêtent dans la tombe (1Timothée 6. 7), parfois même avant (Genèse 48. 1). C'est la raison pour laquelle le Seigneur avertit les fidèles : toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin (Matthieu 6. 32). Et l'apôtre admoneste l'homme de Dieu en écrivant : (...) recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la patience, la douceur (1Timothée 6. 11) . Bien sûr, cela ne veut pas dire que le chrétien ait une vocation spéciale à vivre à l’hôpital, ou sous les ponts. Dans sa compassion, Dieu préserve, soulage et délivre : d'abord, de façon immanente, par la sagesse personnelle (cf. Livre des Proverbes) autant que par la charité collective (communion des saints / cf. 2 Corinthiens 8. 14-15) qu'il exerce en ses e...

L’usurpation du titre de Science, par les arts empirico-métriques

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          De tout temps, la science s’est pensée comme une tentative de représentation rationnelle, visant l’unification du réel sous un concept. Cette démarche épistémologique a débuté avec Thalès de Milet, il y a plus de deux millénaires et demi, pour s’achever par l’apothéose de la magique formule einsteinienne : E = MC².      Or, à y regarder d’un peu près, une fois écarté le brouhaha d’une propagande facile, par une vulgarisation simpliste, à la solde du mode de production industriel, plus friand de techniques rentables et profitables que de vérité, on s’aperçoit vite que la question de la Science ne se résout pas à si peu de frais.      En effet, le dogme de l’analyse scientifique moderne repose sur la notion de quantité, dont les mathématiques sont le clergé attitré. Pourtant, en tant que science de la quantité, les mathématiques souffrent d’une impuissance native à toute unification. Car, d...

Méditations pour l'Avent, 2020 (3/4)

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  Au IVe siècle après Jésus-Christ, Grégoire de Nazianze, pasteur de l’Église de Constantinople, soulignait combien il était important que le Fils de Dieu ait assumé toute la nature humaine (corps et âme), plutôt qu'une partie seulement: "Si quelqu’un a mis son espérance dans un homme privé d’esprit, il a vraiment perdu l’esprit et n’est pas digne d’être sauvé entièrement, car ce qui n’a pas été assumé n’a pas été guéri, mais c’est ce qui a été uni à Dieu qui est sauvé. Si la moitié seulement d’Adam est déchue, c’est la moitié qui est assumée et sauvée ; mais si c’est Adam entier qui a péché, c’est à l’Engendré entier qu’il est uni et il est entièrement sauvé. Qu’ils ne nous refusent donc pas le salut entie r, et qu’ils n’affublent pas le Sauveur d’os seulement, de nerfs ou d’une humanité en peinture." ( Lettre 101 à Clédonios). Athanasius

Solo originaux ?

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Avec le principe de la sola Scriptura (l'Écriture seule) les théologiens évangéliques s'accordent à reconnaître le principe de la tota Scriptura (toute l'Écriture) . En effet, seule l'Écriture peut être notre autorité finale parce que, seule aussi, elle est inspirée de Dieu. Non pas en certaines parties, mais pleinement (cf. Première déclaration de Chicago, article 6). On affirme ainsi que le texte biblique est parfait et exempt de toute erreur (tant théologique que scientifique, historique, etc.). Ou plutôt, on dit que le texte tel qu'il existait à l'origine , est inspiré, exempt d'erreur (cf. Première déclaration de Chicago, article 10). Ici survient selon moi un problème : il y a 2000 ans, les premiers chrétiens, lisant les évangiles autographes, avaient la Parole inspirée de Dieu ; les phrases et les mots avaient une autorité divine. Mais maintenant ? Nos copies, est-il dit, sont Parole de Dieu " dans la mesure où elles se conforment fidèle...

Méditations pour l'Avent 2020 (2/4)

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  Nous lisons ce dimanche un texte écrit par Irénée de Lyon, au IIe siècle après Jésus-Christ : "Il a donc mélangé et uni, comme nous l'avons déjà dit, l'homme à Dieu. Car si ce n'était pas un homme qui avait vaincu l' adversaire de l'homme, l'ennemi n'aurait pas été vaincu en toute justice. D'autre part, si ce n'était pas Dieu qui nous avait octroyé le salut, nous ne l'aurions pas reçu d'une façon stable. Et si l'homme n'avait pas été uni à Dieu, il n'aurait pu recevoir en participation l'incorruptibilité. Car il fallait que le « Médiateur de Dieu et des hommes », par sa parenté avec chacune des deux parties, les ramenât l'une et l'autre à l'amitié et à la concorde, en sorte que tout à la fois Dieu accueillît l'homme et que l'homme s'offrît à Dieu. Comment aurions - nous pu en effet avoir part à la filiation adoptive à l'égard de Dieu, si nous n'avions pas reçu, par le Fils, la communi...

Evangile de la prospérité (1/5)

  Introduction On m'a récemment soumis des prédications concernant un évangile qui rencontre souvent du succès : l' évangile de la prospérité . Les tenants de cette doctrine envisagent le "merveilleux échange" de la croix (Christ s'est chargé de nos malédictions et nous donne ses richesses) de façon telle que Dieu voudrait la prospérité matérielle des chrétiens ici-bas . Le chrétien devrait être riche et en bonne santé . Qui plus est, il devrait avoir le pouvoir de chasser miraculeusement le malheur qui se présente. Mais cette doctrine est-elle conforme à la Parole de Dieu? Entendue droitement, ou selon la logique de la foi, l'Écriture (*) conduit les saints à attendre la résurrection des morts et la vie du siècle à venir (Symbole de Nicée-Constantinople). Ceux qui tiennent la résurrection pour une fable ricaneront, mais c'est bien dans cette perspective que l'existence doit être évaluée. L'actualité électorale américaine en donne une illustrati...

Méditations pour l'Avent 2020 (1/4)

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  Pendant cette période de l'Avent, méditons, avec quelques-uns de plus beaux textes anciens, sur le sens et l'importance (au regard du Salut) de la doctrine de l'Incarnation.  Lecture : Évangile selon Jean 1. 1-18 . Le mystère de l'Incarnation : nous confessons UN seul Seigneur, DEUX natures : Alliance par la Personne du Fils de Dieu fait homme, laquelle relie et unifie, sans les confondre, Dieu et l’homme. Non pas en tant qu’intermédiaire, impossible moyen terme entre le fini (homme) et l’infini (Dieu) mais comme médiateur , comme centre d'attribution de la divinité et de l'humanité, en tant que seule réalité apte à en être responsable : la Personne divine du Fils de Dieu - Jésus - Christ, Vrai Dieu et vrai homme. Car, si Jésus n’es t pas pleinement Dieu, il ne peut rien sauver, et s’il n’est pas pleinement homme, il ne peut sauver rien, en tant que Christ . A suivre... Athanasius

La papauté romaine et les conciles de l'Eglise (sommaire)

  « Et moi aussi je vous dis que vous êtes Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. «Sur cette pierre»,  dit Jésus-Christ; «je bâtirai mon Église,»   c’est-à-dire, sur cette foi et sur cette confession .   (St Jean Chrysostome, Homélie LIV sur st Matthieu)   1. Nicée, en l'an 325 2. Constantinople I, en l'an 381 3. Éphèse, en l'an 431 4. Chalcédoine, en l'an 451 5. Constantinople II, en l'an 553 6. Constantinople III, en l'an 681 7. Augsbourg, en l'an 1530   Bucerian

La papauté romaine et les conciles de l'Eglise (7/7)

Essayant une approche plus protestante des choses, les vaticanistes feront peut-être valoir que, nonobstant l'autorité des conciles, le témoignage scripturaire établit bien la papauté telle qu'entendue par le synode Vatican I . N'est-il pas écrit en effet : Tu es Pierre, etc. (Matthieu 16) ? Mais, comme le notait Auguste Lecerf : "on ne fait pas attention qu'on s'enferme ainsi dans un cercle vicieux. Car on prétend, d'une part, que le particulier ne peut juger du sens de l'Écriture qu'en s'appuyant sur l'autorité infaillible de l'Église et, d'autre part, on lui cite des textes de l'Écriture, pour prouver cette assertion. On fait donc appel au jugement de ce particulier pour décider, dans son indépendance, du sens de l'Écriture dont on prétend que l'Église représentative a seule le droit et le pouvoir de juger." (Introduction à la dogmatique Réformée, II, v). Mais même en faisant fi de cette incohérence, rest...

La papauté romaine et les conciles de l'Eglise (6/7)

En adoptant le papalisme (Vatican I) les tridentins pensaient sanctuariser leur traditionalisme ( la foi morte , selon le mot de Jaroslav Pelikan). Les malheureux n'ont pas réalisé qu'ils ne sanctuarisaient en fait que le despotisme (cf. 1 Samuel 8). Depuis, les papes de Rome ont souverainement décidé d'inaugurer une nouvelle religion , condamnant leurs disciples à une triste alternative : ou bien une sorte de dissonance cognitive (ne pas voir que Pie X condamne François), ou bien la paranoïa (théories du complot, sédévacantisme, survivantisme , etc.). On ne pourra pas dire qu'ils n'étaient pas prévenus, pourtant ; car st Grégoire le Grand, qu'ils tiennent pour l'un de leurs papes, a très précisément mis en garde contre ce danger qui procédait ( selon ses termes ) de la prétention impie d'un seul à se nommer "évêque universel" : " Si quelqu'un est nommé évêque universel, toute l’Église trébuche si celui-là tombe " (Épîtres, Liv...

La papauté romaine et les conciles de l'Eglise (5/7)

J'ai parlé, en introduction du troisième concile, de la pertinence (ou plutôt, de l'absence de pertinence) du dogme papal : à quoi aurait-il servi d'établir un pape infaillible, alors que le Credo de l’Église allait être établi et défendu sans en appeler à cette autorité, pendant 1870 ans?... J'avais conclu que l'utilité d'un tel dogme ne pouvait consister qu'à établir et défendre un nouveau credo, une nouvelle religion. Et de fait, c'est à cela que Rome travaille , principalement depuis le concile Vatican II. Mais les dogmes papaux sont encore et surtout dépourvus de légitimité théologique. Car qu'est-ce qu'un dogme, sinon une vérité de foi sans laquelle il n'y a ni chrétien ni salut ?... C'est pourquoi le dogme touche à la nature, à la personne et à l’œuvre de Jésus-Christ (Matthieu 16. 15-16), dont témoigne le Saint-Esprit (Jean 15. 26), par le moyen des Écritures inspirées (Luc 24. 27 ; Jean 5.39), à la gloire du Père (Jean 5. 23). C...

Série de réflexions sur une communion orthodoxe (sommaire)

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  Il existe fondamentalement deux approches de la foi chrétienne : A) Une approche subjectiviste , consistant à adopter la confession de foi de l’Église qui nous semble être la plus biblique - mais bien sûr, chacun aura son opinion sur ce qui est le plus biblique ; d'où une ecclésiologie "puzzle". B) Une approche objectiviste , consistant à adopter la confession de foi de ce qui est historiquement le christianisme (et d'abord l’Église indivise, du Ier millénaire), et à envisager, de là, certaines précisions nécessaires. Cette série de réflexions développe l'approche objectiviste , qui ne doit pas être envisagée comme une sorte de mariage de raison (le fidèle embrasserait une doctrine qu'il ne partagerait pas vraiment) mais comme une foi du cœur qui s'inscrit dans le respect du bon ordre.  1) Constats et démarche   2) Quel Credo?   3) Pour quelle raison le Symbole est-il réputé suffisant?   4) Objection contre la suffisance du Symbole de Nicée   5) Quell...

La papauté romaine et les conciles de l'Eglise (4/7)

Avant de se prétendre infaillible, Rome ferait bien de se montrer cohérente. Car : De la Mère du Seigneur est assumée la nature, non la faute ( Assumpta est igitur de matre Domini natura, non culpa). Ces mots de Léon Ier, évêque de Rome, sont écrits dans un document scellé de toute l'autorité ecclésiastique imaginable, à savoir le Tome à Flavien , considéré depuis le quatrième concile universel comme un monument de l'orthodoxie. Aucun doute ne peut être entretenu sur le sens de telles paroles, que leur auteur a d'ailleurs paraphrasé dans son Cinquième sermon sur la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ. Au chapitre 5 de ce sermon, Léon affirme en effet que: Jésus-Christ, seul entre tous les enfants des hommes a conservé son innocence en naissant , parce que lui seul a été conçu exempt du péché de la concupiscence charnelle . Un tel passage, dans une lettre dogmatique de l'évêque de Rome, porte évidemment un coup fatal au dogme de l'Immaculée Conception (promulgu...

La papauté romaine et les conciles de l'Eglise (3/7)

Si les paroles du Christ ( Tu es Pierre : Matthieu 16. 18) sont le fondement des dogmes papalistes, comment expliquer que les apôtres, qui ont entendu ces paroles, ne les ont pas comprises ainsi ? Nous voyons en effet qu'ils ont continué à se disputer avec grand sérieux sur la question de la hiérarchie qu'ils devaient observer entre eux. Pis encore : à chaque fois, Christ leur a adressé des réponses telles qu'au lieu de les renvoyer à ses paroles sur Pierre, elles neutralisaient et dissipaient simplement toute idée de primauté parmi les apôtres (Matthieu 18. 1, ss / 20. 20, ss). Que les guelfes nous expliquent donc à quoi la doctrine papaliste aura servi aux apôtres ; et non seulement à eux, mais encore au reste de l’Église - qui a d'ailleurs formulé et défendu son Credo sans se fonder sur l'infaillibilité d'un quelconque évêque ! En effet, au huitième siècle encore, les carolingiens (au synode de Francfort, en 794) n'ont pas hésité à condamner le dogme d...