De la Tradition légitime (2/10)

Chapitre 2

La "Grande Église"

 

Dans le chapitre précédent, j'ai écarté la tentation de faire du christianisme un "Pays imaginaire" pour Peter Pan spirituels (c'est-à-dire: des gens enfermés dans le déni). J'ai comparé le christianisme authentique à un fleuve (un fleuve s'écoulant du Ier siècle jusqu'à la fin des temps), et je dois à présent nommer ce fleuve: "Grande Église".

Trois remarques à ce sujet :

1) L'expression "Grande Église" est de Celse, auteur anti-chrétien du IIe siècle (cf. Discours véritable) et vise la communion ecclésiale fondée par les Apôtres - à l'exclusion des petites sectes qui pouvaient graviter à côté et qui, n'ayant pas de racine apostolique, n'avaient pas non plus d'avenir.
Les Églises de cette communion
apostolique (contre laquelle s'est acharné l'empire païen) maillaient l'empire romain (Corinthe, Jérusalem, Smyrne, etc.) et chaque partie veillait sur le tout, afin d'en garantir l'intégrité (voilà pour la leçon donnée par st Irénée, dans son traité Contre les hérésies, et dont certains ont fait un malheureux contresens).

2) Il faut noter que c'est cette "Grande Église" qui a été l'instrument employé par Dieu afin de recevoir, garder et témoigner du Canon biblique (surtout pour le Nouveau Testament).
Contre les approches fantaisistes qui abordent la Bible comme si elle était tombée du ciel sans aucune médiation, il faut rappeler et souligner cette réalité que la Bible ne nous vient ni d'une communication télépathique avec l'Au-delà, ni du témoignage de l'empire des Mayas (ni d'un contact avec les soucoupes volantes de Raël), mais par le ministère de ce fait historique qu'est la Grande Église.

3) Le propos de cette Grande Église est unique, en ce qu'il s'agit de l'interprétation de la Bible faite par le peuple témoin de la Bible. Ici, le gardien historique des Écritures EST l'interprète (légitime) de ces Écritures (1Timothée 3: 15). Telle est la leçon donnée par st Augustin, dans un ouvrage là encore souvent mal compris (cf. Contre l'épître fondamentale des Manichéens).
La marque des pseudo-églises est au contraire de pouvoir être multipliée à l'infini. Elle consiste à arracher la Bible des mains de son gardien et d'en proposer des lectures alternatives. Ce n'est pas de l'interprétation, mais de la interprétation. Non pas de la fidélité, mais de la défiance. La finalité n'est pas le Salut des âmes, mais l'égarement à tout vent de doctrines, et le naufrage dans l'océan d'opinions fantasmagoriques.

A suivre...

Bucerian

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