Proposition sur la foi et les sacrements

 

 
S'il est aventureux d'extraire discrétionnairement un passage des Écritures pour en faire une assise doctrinale (exemple typique: Arius avec Proverbes 8, 22), il est au contraire très sage de considérer comme fidèle récapitulation des Écritures ce qui, dans les Écritures, est destiné à être extrait des Écritures, en vertu des Écritures elles-mêmes.

De tels extraits sont constitués dans les sacrements (le baptême et la Cène) dont les paroles, les éléments et les actions sont inspirés - de manière à récapituler à chacun, dans l’Église, le propos infaillible autant que suffisant des Écritures divines.  

Par conséquent, la doctrine de la communion des baptisés est celle qui a été célébrée (et donc: réputée avoir été crue) partout, toujours et par tous, du fait même de ce baptême et de cette communion reçus par chacun.
En ce sens, st Irénée affirmait de façon décisive que "Notre façon de penser s’accorde avec l’Eucharistie, et l’Eucharistie en retour confirme notre façon de penser."

Premier complément :

Les sacrements, que reçoit normalement chaque chrétien, sont la plus haute expression de l'unité avec et dans la vérité (1Corinthiens 10, 1-17).
En ce sens, st Augustin rapporte que les chrétiens d'Afrique appelaient le baptême "le Salut" et l'eucharistie "la Vie".

Or, il est nécessaire de croire cette vérité que les sacrements expriment (cf. Actes 8, 36-37/ Marc 16, 16, etc.)

Par conséquent, la doctrine de foi qui est récapitulée dans les sacrements est la vérité nécessaire et suffisante au Salut, que partage tout vrai chrétien et qui est réputée avoir reçu l'assentiment de tous.

Deuxième complément :

Le Christ affirme que la Vie éternelle consiste dans la connaissance du vrai Dieu et de son Fils (Jean 17, 3).

Or, les Paroles baptismales sont explicitement Trinitaires (Matthieu 28: 19), tandis que les paroles eucharistiques affirment tout aussi explicitement l'Incarnation du Fils (Matthieu 26: 26, ss).
L'un et l'autre supposent la création des choses visibles autant que des invisibles et tous deux disent l'économie divine  - soit la mort et résurrection du Christ pour le Salut de ceux qui attendent son retour dans la foi.

Par conséquent, le sincère Amen, ou le Je crois des fidèles, dans ce qui est célébré et proclamé sur eux (dans le baptême et dans la Cène), doit être la foi suffisante au Salut.

Conclusion


Les sacrements apparaissent comme le lieu (liturgique) où la foi et confession de l’Église est irriguée par l’Écriture inspirée. Notre foi-doctrine n'est alors pas une opinion, ou la conclusion d'une étude faillible, mais l'expérience immédiate de la vérité.
Dans ces conditions, il n'est pas étonnant qu'un texte comme le Symbole de Nicée-Constantinople se soit maintenu dans toute la chrétienté - son propos étant trop évidemment la récitation du mystère célébré par tous, pour permettre à quiconque d'envisager ou de soutenir victorieusement une "autre lecture" de la Bible.

Bucerian

Commentaires

Anonyme a dit…
On pourrait, aussi, comprendre la tradition du Symbole autrement. En effet, pour l'Église, Chalcédoine a statué définitivement la formulation réglementaire de la parole de Dieu de la Bible, la Foi apostolique, et lui a octroyé sa méthode herméneutique, la résolution du problème l'Un et du Multiple, posé quatre fois par son énonciation. Car, en affirmant que le dogme trinitaire était suffisamment exprimé par le Credo, le concile considérait acquise la précision de son article théologique: Un Dieu = Le Fils, consubstantiel au Père, et le Saint-Esprit qui procède du Père, les trois personnes étant Dieu, puisque se récapitulant coextensivement en Lui, unique Dieu, tandis que son rôle propre sera de clarifier l'article christologique du Symbole, l'unité de la Personne divine du Verbe, Jésus-Christ, Vrai Dieu et vrai homme.

A ce titre, on comprendra que Chalcédoine ne doit pas se comprendre seulement de façon prospective-comme la contentieux du XVIe siècle l'a illustré-mais également rétrospective: la Foi confessée à Chalcédoine est la même que celle de Pentecôte, exprimée dans les Écritures, le Baptême et l'Eucharistie, théologie et économie dont font foi les préfaces eucharistiques, et les formules baptismales anténicéennes, présentes dans les diverses liturgies, dont font état les Pères de cette époque, par ailleurs.

De sorte qu'on comprendra, par ce commentaire, que le principe catholique du "Commonitorium" de saint Vincent de Lérins prime celui de saint Célestin, le "lex orandi/lex credendi". Car, la Foi SEULE doit orienter la prière, à cause du tropisme idolâtre trop avéré de cette dernière, conformément à Rom.1/18-32 et 10/13-17...
Anonyme a dit…
Lex orandi, lex credendi: si on entend par là l'ensemble des usages développés dans l’Église sans support scripturaire direct, alors, en effet, ce principe est la porte ouverte à toutes les dérives. L’Église n'a pas à tourner en roue libre, surtout pas à se faire co-auteur de la révélation. Mais les sacrements, c'est évident, échappent à ce travers et, donc, à sa critique...
Anonyme a dit…
Les sacrements, quel nombre? Deux selon les protestants, peut-être trois chez certains crypto-papistes, sept chez les papistes et un nombre indéfinissable chez les orthodoxes, qui distinguent mal entre sacramental et sacrement, sans parler de la circoncision "éthiopienne"... De sorte qu'au contraire, il est très important que la Foi apostolique, appuyée sur la Bible, pose des bornes claires aux délires liturgiques ou dévotionnels de certains, abusant du principe "lex orandi/lex credendi"...
Anonyme a dit…
Au contraire, tout le monde s'accorde à reconnaître qu'il n'existe que deux sacrements communs à tous. Donc, deux sacrements :D
Anonyme a dit…
Le sages qui reconnaissent l'universalité des deux sacrements bibliques ont opté pour le "commonitorium" de saint Vincent de Lérins. De sorte que, le principe "lex orandi/lex credendi" lui reste inféodé. C.Q.F.D...
Anonyme a dit…
Qui a dit qu'un argument d'autorité n'a pas l'autorité d'un argument?...
Anonyme a dit…
Grande est la différence entre un axiome et un argument d'autorité...
Anonyme a dit…
L'axiome, c'est que notre Salut est entièrement compris sous la figure du baptême et de la coupe (cf. Mc 10, 38). Na!
Anonyme a dit…
Que Nenni! L'axiome, c'est ce qui a duré toujours, partout et par tous: le Symbole de Nicée-Constantinople et le Canon scripturaire, d'après Gal.1/8-9, Héb.13/8-9. Ac.5/33-42 et Jd.3, entre autres, tandis que l'argument d'autorité, c'est de faire prévaloir le rite sur la foi, contrairement à Rom.10/13-17... Na!
Anonyme a dit…
Non pas "faire prévaloir le rite sur la foi", mais souligner le lien réel entre l’Écriture et le Credo. Ou, si vous préférez: l’Église, communauté de foi, est "visibilisée" à travers les Sacrements, évidemment parce que ceux-ci expriment suffisamment la foi de l’Église.
Anonyme a dit…
Pardonnez notre méticulosité, cependant, on préférerait ajouter encore, en renchérissant sur vos suaves propos, que les sacrements expriment la Foi de l'Église, en en extrayant l'essence intime, formulée par le Symbole de Nicée-Constantinople et attestée par les Écritures: le salut par l'identification à Jésus-Christ. De sorte que, nulle similitude sacramentelle ne saurait être visibilisée, qui ne postule, d'abord, l'énonciation réglementaire du Credo et la confirmation normative, parce que divine, de la Bible.
Anonyme a dit…
Plutôt, que le Symbole a extrait, pour la récapituler, l'essence divine du propos biblique, et que les sacrements ont été le prisme de cette opération.
Du reste, Justinien n'observait-il pas que les membres de l’Église sont ceux qui, confessant que Dieu le Logos, l'un de la Trinité, devint chair et se fit homme, mangent son corps et boivent son sang pour le pardon des péchés et pour la vie éternelle?...
PS: Une erreur de manip, qui peut créer la confusion et que je dois corriger ici. Évidemment, les commentaires n° 2, 4, 6,8,10 et 12 sont les miens.

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