Annotations sur la Concorde de Wittenberg (1/9)
INTRODUCTION
La Concorde de Wittenberg constitue l'unique pont officiel entre les écoles protestantes traditionnelles - Martin Luther et ses collègues de Wittenberg ayant alors reçu et reconnu comme frères les théologiens de la haute Allemagne, menés par Martin Bucer.
Cette Concorde, qui a gardé une actualité ecclésiale (Solida Declaratio, article 7) est souvent
évoquée sur notre Blog; je souhaitais donc partager, à l'occasion de ses 484 ans, une série de réflexions sur le sujet dont elle traite: les Sacrements de l’Église chrétienne.
Mais avant d'entrer dans le cœur du sujet, quelques mots sur la valeur de la Concorde, et son rapport à l’œcuménisme moderne:
A) Certaines personnes ont prétendu que Martin Luther et ses collègues n'avaient souscrit à cette entente que parce qu'ils avaient été dupés par Martin Bucer et ses collaborateurs sur son contenu réel; ainsi, la Concorde reposerait en définitive sur un dol tel qu'il entraînerait sa nullité (1).
Mais, si le respect que nous portons à l'intelligence des signataires ne suffisait pas à nous faire écarter ces théories fantaisistes (2), il resterait le témoignage des archives historiques, sur la base desquelles Ernest Bizer a démontré que Luther et tous les signataires de la Concorde avaient connaissance des opinions particulières de leurs interlocuteurs (3). De là nous devons conclure que la signature de la Concorde n'a été entachée d'aucun vice, et qu'elle est donc parfaitement valide.
B) Du fait que la Concorde soit restée laconique sur la manducation des impies, certains ont vu dans ce document un précédent autorisant les "Consensus différenciés" que produit l’œcuménisme actuel (4).
Nous devons, ici encore, prendre nos distances avec cet enthousiasme mal placé; en effet, l'union constatée à Wittenberg, au XVIe siècle, ne concernait pas encore des dénominations.
Certes, Bucer et ses collègues avaient leur Confession Tétrapolitaine, mais il ratifièrent, par et avec la Concorde, la Confession d'Augsbourg (contre le propos de laquelle, du reste, la Tétrapolitaine ne disait rien).
Surtout, l'irénisme manifesté à l'occasion de cette Concorde ne concernait pas des dénominations qui auraient officiellement maintenu des hérésies directement incompatibles avec l'article capital du Salut par la foi seule (5) - contrairement à ce que fait Rome en maintenant les conciles de Trente et du Vatican à côté (et au-dessus!) des accords signés avec ses "partenaires" du "dialogue œcuménique".
L'œcuménisme actuel (et ses moyens de corruption, comme la funeste communauté de Taizé) n'est donc en rien comparable à l'unité évangélique ici présentée, et il doit être fermement rejeté.
Que dire, enfin, de l’œcuménisme intra-protestant et de ses accords modernes (6), sinon que leur existence est une négation et un mépris opiniâtres de l'unité affirmée il y a si longtemps?
Il convient donc de prendre soin de conserver l'architecture confessionnelle qui convient à l’Église et à son antiquité (et dont la Concorde de Wittenberg est manifestement le fin mot) et d'en conclure, comme le fit Luther (7), que:
A suivre...
Bucerian
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Nous devons, ici encore, prendre nos distances avec cet enthousiasme mal placé; en effet, l'union constatée à Wittenberg, au XVIe siècle, ne concernait pas encore des dénominations.
Certes, Bucer et ses collègues avaient leur Confession Tétrapolitaine, mais il ratifièrent, par et avec la Concorde, la Confession d'Augsbourg (contre le propos de laquelle, du reste, la Tétrapolitaine ne disait rien).
Surtout, l'irénisme manifesté à l'occasion de cette Concorde ne concernait pas des dénominations qui auraient officiellement maintenu des hérésies directement incompatibles avec l'article capital du Salut par la foi seule (5) - contrairement à ce que fait Rome en maintenant les conciles de Trente et du Vatican à côté (et au-dessus!) des accords signés avec ses "partenaires" du "dialogue œcuménique".
L'œcuménisme actuel (et ses moyens de corruption, comme la funeste communauté de Taizé) n'est donc en rien comparable à l'unité évangélique ici présentée, et il doit être fermement rejeté.
Que dire, enfin, de l’œcuménisme intra-protestant et de ses accords modernes (6), sinon que leur existence est une négation et un mépris opiniâtres de l'unité affirmée il y a si longtemps?
Il convient donc de prendre soin de conserver l'architecture confessionnelle qui convient à l’Église et à son antiquité (et dont la Concorde de Wittenberg est manifestement le fin mot) et d'en conclure, comme le fit Luther (7), que:
"(...) grâce à Dieu, nos Églises sont aujourd'hui pourvues de la pure Parole de Dieu et éclairées par elle; elles connaissent le véritable usage des sacrements, comprennent la raison d'être des différents états et savent quelles sont les œuvres réellement bonnes, si bien que le besoin d'un concile ne se fait plus sentir chez nous et qu'en ces matières nous ne pouvons espérer ni attendre de lui rien de mieux".
A suivre...
Bucerian
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(1) A notre époque encore, un auteur a affirmé dans un article que Luther avait sans doute été trompé par Bucer (et même par Melanchthon!) sur les termes de l'accord.
(2) Non seulement Luther et ses proches étaient en pleine possession de leurs moyens au moment de la signature, mais encore des années après, durant lesquelles ils ne dénoncèrent jamais ce texte...
(3) Source: Fernand Ménégoz. Deux textes concernant la Concorde de Wittenberg de 1536. in: Revue d'histoire et de philosophie religieuses, 20e année n°4, 1940. pp. 219-221.
(4) Par exemple, Gordon A. Jensen, dans: The Wittenberg Concord, Creating Space for Dialogue (éditions Fortress Press, 2018).
(5) Voir en ce sens la structure des Articles de Smalkalde. Du reste, sur l'eucharistie qui avait été longtemps débattue entre les réformateurs, Bucer publia, après la signature de la Concorde, des rétractations sur certains de ses enseignements passés.
(6) Comme la Concorde de Leuenberg, signée en 1973 entre les Églises luthériennes et réformées d'Europe.
(7) M. Luther, Les Articles de Smalkalde, Préface.
(4) Par exemple, Gordon A. Jensen, dans: The Wittenberg Concord, Creating Space for Dialogue (éditions Fortress Press, 2018).
(5) Voir en ce sens la structure des Articles de Smalkalde. Du reste, sur l'eucharistie qui avait été longtemps débattue entre les réformateurs, Bucer publia, après la signature de la Concorde, des rétractations sur certains de ses enseignements passés.
(6) Comme la Concorde de Leuenberg, signée en 1973 entre les Églises luthériennes et réformées d'Europe.
(7) M. Luther, Les Articles de Smalkalde, Préface.
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