Annotations sur le Credo (31)

"Nous croyons l’Église" (bis)


Les marques de l’Église, nous l'avons vu, consistent dans la pure prédication de l’Évangile et dans la fidèle administration des sacrements. 

Mais comment peut-on dire qu'il y a une pure prédication de l’Évangile, lorsque les éléments fondamentaux de cet Évangile sont niés, ou lorsqu'on permet tout juste de les enseigner à condition de réserver le même honneur au mensonge?
Paul met en garde contre les contrefaçons de l’Évangile. Ne pas retenir la prédication évangélique dans sa pureté d'origine, c'est, dit-il, croire en vain (1Corinthiens 15: 1-11).

Aussi, comment pourrait rester "Église" une société, pour ne pas dire une foule, qui ne partagerait pas la foi professée par les Apôtres (Mathieu 16: 13-16)?
Comment pourrait-on regarder comme Église une association niant la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, la vérité de son humanité ou la réalité, corporelle, de sa Résurrection?...
Prêche-t-on encore le véritable Évangile, lorsqu'on professe un faux Christ?
Assurément, la parole d'Athanase d'Alexandrie est vraie, et il convient d'en prendre bonne note: C'est sur elle (la foi orthodoxe), que l’Église a été fondée; et qui en déchoit ne peut plus ni être ni être appelé chrétien (Lettres à Sérapion, I: 38).

Elle est donc bien vraie, cette assertion de Tertullien (à propos du contenu du Credo), à savoir que: La règle de la foi est absolument une, règle seule immuable, n'admettant aucune réforme (Des Vierges, chap. 1).

D'une manière semblable, quelle saveur peut encore avoir l'article de la rémission des péchés, là où le péché est nié, là où sa terrible peine est rejetée, moquée, dépeinte comme le fruit de penseurs antiques, archaïques et inhumains, là où, pour tout dire, c'est la voix du peuple, et non la Parole de Dieu, qui tient lieu de loi pour l'assemblée?...
La grâce bon marché n'est pas la grâce du tout: c'est la dissolution morale, la négation de l’Évangile autant que de la Loi, et un mépris sacrilège du sang de Dieu incarné.

Enfin, comment l'exclusivité de l’Évangile et le respect de la Loi divine seront-ils publiquement respectés et honorés, dans des Églises où se côtoient pour un temps les bons et les mauvais, sans une discipline qui permette d'éloigner les infidèles de la chaire et de la table sacrée du Seigneur?

Aussi la confession de foi des Églises protestantes de France a-t-elle raison de préciser que: Nous croyons qu’il convient discerner soigneusement, et avec prudence, quelle est la vraie Église; parce que par trop on abuse de ce titre. Nous disons donc suivant la Parole de Dieu, que c’est la compagnie des fidèles, qui s’accordent à suivre cette Parole, et la pure Religion qui en dépend, et qui profitent en elle tout le temps de leur vie, croissant et se confirmant en la crainte de Dieu, selon qu’ils ont besoin de s’avancer et de marcher toujours plus outre. En outre, quels que soient leurs efforts, il leur convient d'avoir incessamment recours à la rémission de leurs péchés. Néanmoins, nous ne nions point que parmi les fidèles il n’y ait des hypocrites et réprouvés, desquels la malice ne peut toutefois effacer le titre d’Église.

Sous cette créance nous protestons que là où la Parole de Dieu n’est reçue, et où on ne fait nulle profession de s’assujettir à elle, et où il n’y a nul usage des sacrements: à parler proprement, on ne peut juger qu’il y ait aucune Eglise (...) 

(articles 27 et 28a).

C'est pourquoi aussi, face à une assemblée qui ne professe plus les articles sacrés de la foi chrétienne, on tirera à bon droit la conclusion qu'avait tiré en son temps le pasteur Jacques Reclus (1796-1882):

Hélas, messieurs, d'après ma conviction, il n'y a point d’Église [ici]. Une Église n'est pas une société civile... c'est une assemblée religieuse où l'on doit recevoir les mêmes vérités et suivre les mêmes règles de conduite. (Cité par Patrick Cabanel, dans: Histoire des protestants en France, Fayard).

Bucerian

Commentaires

Anonyme a dit…
Théologie (réflexion) et Rédaction

Le Saint-Esprit procède du Père mais émane du Père et du Fils. Autrement dit, les deux approches latine et grecque se complètent. La théologie latine est émanatiste, elle démarre de l’unité divine pour expliquer les trois personnes, d’où la pertinence de la procession « ab utroque » du Saint-Esprit. La théologie grecque est récapitulative, elle revient des personnes pour expliquer l’unité divine, d’où l’impossibilité du « filioque », lequel, selon cette perspective, ferait du Fils une seconde source de la divinité. La théologie grecque explique bien la divinité de personnes mais mal leur distinction, à l’inverse de la latine, qui ne parvient pas à nous dire comment l’Esprit pourrait ne pas procéder de lui-même, de la divinité, s’il procède de ce qui est commun au Père et au Fils, quoique selon cette approche, on comprenne correctement comment l’Esprit se distingue du Fils. C’est pour cette raison que je dis que le « filioque » est impeccable, dogmatiquement. Néanmoins, parce que l’unique Symbole de Foi de l’Église, le Symbole de Nicée-Constantinople, est rédigé selon la perspective grecque, alors l’adjonction du « filioque » au Credo confond les deux approches et fait sombrer ce texte dans l’hérésie, comme le notait pertinemment Photius. Par conséquent, il aurait fallu un concile qui précise, en appendice du Credo, la pertinence de la théologie latine, sans altérer le texte du Symbole. De sorte que, la responsabilité du schisme de 1054 repose entièrement sur le clergé latin, déposé « latae sententiae », en vertu des canons d’Éphèse, de Chalcédoine et de Constantinople III. Les deux théologies concurrentes s’entendent, là où la rédaction unique du Credo dénonce.

Ainsi, les protestants n’ont été exclus par personne de l’Église, puisque le clergé latin n’avait plus l’autorité de le faire, depuis 1054. Quant à l’Église grecque, bien que le Patriarche de Constantinople Jérémie II, aux alentours de 1580, dans sa correspondance PRIVÉE, ait condamné la confession d’Augsbourg, le saint Patriarche de Constantinople, Cyrille Loukaris, lui, vers 1630, a admis, PUBLIQUEMENT, au moyen d’un exposé de Foi, le « Sola Fide ». C’est pourquoi, canoniquement, les protestants, dans la mesure où ils confessent le Symbole de Nicée-Constantinople, sont l’Église, au même titre que les grecs. Il faudra, donc, que le Vatican en rabatte avec sa faconde arrogante envers les catholiques confessants, ou protestants, comme moi.

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