Confession de La Rochelle
ARTICLE 1. Nous croyons et confessons qu’il y a un seul
Dieu, qui est une seule et simple essence, spirituelle, éternelle,
invisible, immuable, infinie, incompréhensible, ineffable, qui peut
toutes choses, qui est toute sage, toute bonne, toute juste, et toute
miséricordieuse.
ARTICLE 2. Ce Dieu se manifeste tel aux hommes, premièrement
par ses oeuvres, tant par la
création que par la conservation et conduite de celles-ci.
Secondement et plus clairement par sa Parole, laquelle au
commencement révélée par Oracles, a été puis après rédigée
par écrit aux Livres que nous appelons Ecriture sainte.
ARTICLE 3. Toute cette Ecriture sainte est comprise aux
Livres Canoniques du Vieux et Nouveau Testament, desquels le nombre
s’ensuit. Les cinq Livres de Moïse; à savoir, Genèse, Exode,
Lévitique, Nombres, Deutéronome. Item Josué, Juges, Ruth, le
premier et second livre de Samuel, le premier et second livre des
Rois, le premier et second livre des Chroniques, autrement dits
Paralipomenon, le premier livre d’Esdras. Item, Néhémie, le livre
d’Esther, Job, les Psaumes de David, les Proverbes ou Sentences de
Salomon, le livre de l’Ecclésiaste dit le Prêcheur, le Cantique
de Salomon. Item, le livre d’Esaïe, Jérémie, Lamentations de
Jérémie, Ézéchiel, Daniel, Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas,
Michée, Nahum, Abacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie. Item,
le saint Evangile selon S. Matthieu, selon S. Marc, selon S. Luc, et
selon S. Jean. Item, le second livre de S. Luc, autrement dit les
Actes des apôtres. Item, les Epîtres de S. Paul aux Romains une,
aux Corinthiens deux, aux Galates une, aux Ephésiens une, aux
Philippiens une, aux Colossiens une, aux Thessaloniciens deux, à
Timothée deux, à Tite une, à Philémon une. Item, l’Epître aux
Hébreux, l’Epître S. Jacques, la première et seconde Epîtres de
S. Pierre, la première, deuxième et troisième Epîtres S. Jean,
l’Epître S. Jude. Item, l’Apocalypse ou Révélation de S. Jean.
ARTICLE 4. Nous connaissons ces livres être Canoniques, et
règle très certaine de notre Foi; non tant par le commun accord et
consentement de l’Eglise, que par le témoignage et la persuasion
intérieure du Saint-Esprit, qui nous les fait discerner d’avec les
autres Livres Ecclésiastiques, sur lesquels, encore qu’ils soient
utiles, on ne peut fonder aucun Article de Foi.
ARTICLE 5. Nous croyons que la Parole qui est contenue en ces
livres, est procédée de Dieu, duquel seul elle prend son autorité,
et non des hommes. Et d’autant qu’elle est la règle de toute
vérité, contenant tout ce qui est nécessaire pour le service de
Dieu et de notre salut, il n’est pas loisible aux hommes, ni même
aux Anges, d’y ajouter, diminuer ou changer. D’où il s’ensuit
que ni l’antiquité, ni les coutumes, ni la multitude, ni la
sagesse humaine, ni les jugements, ni les arrêts, ni les édits, ni
les décrets, ni les conciles, ni les visions, ni les miracles, ne
doivent être opposés à cette Ecriture sainte, mais au contraire,
toutes choses doivent être examinées, réglées et réformées
selon elle.
Et suivant cela nous recevons les trois Symboles, savoir des apôtres,
de Nicée, et d’Athanase, parce qu’ils sont conformes à la
Parole de Dieu.
ARTICLE 6. Cette Ecriture sainte nous enseigne qu’en cette
seule et simple essence Divine, que nous avons confessée, il y a
trois Personnes: le Père, le Fils, et le Saint-Esprit. Le Père,
première cause, principe et origine de toutes choses. Le Fils, sa
Parole et Sagesse éternelle. Le Saint-Esprit, sa vertu, puissance et
efficace. Le Fils éternellement engendré du Père. Le Saint-Esprit
procédant éternellement de tous deux; les trois Personnes non
confuses, mais distinctes, et toutefois non divisées, mais d’une
même essence, éternité, puissance, et égalité. Et en cela
recevons ce qui a été déterminé par les conciles Anciens, et
détestons toutes sectes et hérésies qui ont été rejetées par
les saints Docteurs, comme S. Hilaire, S. Athanase, S. Ambroise, et
S. Cyrille.
ARTICLE 7. Nous croyons que Dieu en trois Personnes
coopérantes, par sa vertu, sagesse et bonté incompréhensible, a
créé toutes choses, non seulement le Ciel, la Terre, et tout ce qui
y est contenu; mais aussi les esprits invisibles, desquels les uns
sont déchus et trébuchés en perdition, les autres ont persisté en
obéissance. Que les premiers s’étant corrompus en malice, sont
ennemis de tout bien, par conséquent de toute l’Eglise. Les
seconds ayant été préservés par la grâce de Dieu sont Ministres
pour glorifier le nom de Dieu, et servir au salut de ses élus.
ARTICLE 8. Nous croyons que non seulement il a créé toutes
choses, mais qu’il les gouverne et conduit, disposant, et ordonnant
selon sa volonté de tout ce qui advient au Monde; non pas qu’il
soit auteur du mal, ou que la coulpe lui en puisse être imputée, vu
que sa volonté est la règle souveraine et infaillible de toute
droiture et équité; mais il a des moyens admirables de se servir
tellement des diables et des méchants, qu’il fait convertir en
bien le mal qu’ils font, et duquel ils sont coupables. Et ainsi en
confessant que rien ne se fait sans la providence de Dieu, nous
adorons en humilité les secrets qui nous sont cachés, sans nous
enquérir par-dessus notre mesure; mais plutôt appliquons à notre
usage ce qui nous est montré en l’Ecriture sainte, pour être en
repos et sûreté, d’autant que Dieu, qui a toutes choses sujettes
à soi, veille sur nous d’un soin si paternel, qu’il ne tombera
point un cheveu de notre tête sans sa volonté. Et cependant il
tient les diables et tous nos ennemis bridés, en sorte qu’ils ne
nous peuvent faire aucune nuisance sans sa permission.
ARTICLE 9. Nous croyons que l’homme ayant été créé pur
et entier, et conforme à l’image de Dieu, est par sa propre faute
déchu de la grâce qu’il avait reçue. Il s’est ainsi aliéné
de Dieu, qui est la fontaine de justice et de tous biens, en sorte
que sa nature est totalement corrompue. Et étant aveuglé en son
esprit, et dépravé en son coeur,
a perdu toute intégrité sans en avoir rien de reste. Et bien
qu’il ait encore quelque discrétion du bien et du mal, nonobstant
nous disons, que ce qu’il a de clarté, se convertit en ténèbres
quand il est question de chercher Dieu; tellement qu’il n’en peut
nullement approcher par son intelligence et raison. Et bien qu’il
ait une volonté par laquelle il est incité à faire ceci ou cela,
toutefois elle est entièrement captive du péché; en sorte qu’il
n’a nulle liberté à bien, que celle que Dieu lui donne.
ARTICLE 10. Nous croyons que toute la lignée d’Adam est
infectée de telle contagion, qui est le péché originel, et un vice
héréditaire, et non pas seulement une imitation, comme les
pélagiens ont voulu dire, lesquels nous détestons en leurs erreurs.
Et n’estimons pas qu’il soit besoin de s’enquérir comme le
péché vient d’un homme à l’autre vu que c’est assez, que ce
que Dieu lui avait donné n’était pas pour lui seul, mais pour
toute sa lignée; et ainsi, qu’en la personne de celui-ci, nous
avons été dénués de tous biens, et sommes trébuchés en toute
pauvreté et malédiction.
ARTICLE 11. Nous croyons aussi que ce vice est vraiment péché,
qui suffit à condamner tout le genre humain, jusqu'aux petits
enfants dès le ventre de la mère, et que pour tel il est réputé
devant Dieu; et même qu’après le baptême, c’est toujours péché
quant à la coulpe, bien que la condamnation en soit abolie aux
enfants de Dieu - celui-ci ne la leur imputant point, par sa bonté
gratuite. Outre cela, que c’est une perversité produisant toujours
des fruits de malice et rébellion, tels que les plus saints, encore
qu’ils y résistent, ne laissent point d’être entachés
d’infirmités et de fautes pendant qu’ils habitent en ce monde.
ARTICLE 12. Nous croyons que de cette corruption et
condamnation générales, en laquelle tous hommes sont plongés, Dieu
retire ceux que, en son Conseil éternel et immuable il a élus par
sa seule bonté et miséricorde en notre Seigneur JESUS-CHRIST sans
considération de leurs oeuvres.
Il laisse les autres en cette même corruption et
condamnation, pour démontrer en eux sa justice, comme aux premiers
il fait luire les richesses de sa miséricorde. Car les uns ne sont
point meilleurs que les autres, jusqu'à ce que Dieu les discerne,
selon son Conseil immuable qu’il a déterminé en JESUS-CHRIST
avant la création du Monde; et nul aussi ne se pourrait introduire à
un tel bien de sa propre vertu, vu que de notre nature nous ne
pouvons avoir un seul bon mouvement, ni affection, ni pensée,
jusqu'à ce que Dieu nous ait prévenus, et nous y ait disposés.
ARTICLE 13. Nous croyons qu’en JESUS-CHRIST tout ce qui
était requis à notre salut nous a été offert et communiqué.
Lequel nous étant donné à salut, nous a été fait à la foi
sagesse, justice, sanctification et rédemption; en sorte qu’en
s'écartant de lui, on renonce à la miséricorde du Père, où il
nous convient avoir refuge unique.
ARTICLE 14. Nous croyons que JESUS-CHRIST, étant la sagesse
de Dieu, et son Fils éternel, a revêtu notre chair, afin d’être
Dieu et homme en une personne, même homme semblable à nous,
passible en corps et en âme, à la seule différence qu’il a été
pur de toute macule. Quant à son humanité, nous croyons qu’il a
été vraie semence d’Abraham et de David, bien qu’il ait été
conçu par la vertu secrète du Saint-Esprit. En quoi nous détestons
toutes les hérésies qui ont anciennement troublé les Eglises; et
notamment aussi les imaginations diaboliques de Servet, lequel
attribue au Seigneur JESUS une divinité fantastique, d’autant
qu’il le dit être idée et patron de toutes choses; et le nomme
Fils personnel ou figuratif de Dieu; et finalement lui forge un corps
de trois éléments incréés, ainsi mêle et détruit toutes les
deux natures.
ARTICLE 15. Nous croyons qu’en une même personne, à savoir
JESUS-CHRIST, les deux natures sont vraiment et inséparablement
conjointes et unies, demeurant néanmoins chacune nature en sa
propriété distincte; tellement que comme en cette conjonction la
nature Divine retenant sa propriété est demeurée incréée,
infinie et remplissant toutes choses; aussi la nature humaine est
demeurée finie, ayant sa forme, mesure et propriété; et quoique
JESUS-CHRIST en ressuscitant ait donné l’immortalité à son
corps, il ne lui a cependant pas ôté la vérité de sa nature. Et
ainsi, nous le considérons tellement en sa divinité, que nous ne le
dépouillons point de son humanité.
ARTICLE 16. Nous croyons que Dieu envoyant son Fils a voulu
montrer son amour et sa bonté inestimable envers nous, en le livrant
à la mort, et le ressuscitant pour accomplir toute justice, et pour
nous acquérir la vie céleste.
ARTICLE 17. Nous croyons que par le sacrifice unique que le
Seigneur JESUS a offert en la croix, nous sommes réconciliés à
Dieu pour être tenus et réputés justes devant lui; parce que nous
ne lui pouvons être agréables, ni être participants de son
adoption, sinon d’autant qu’il nous pardonne nos fautes, et les
ensevelit. Ainsi nous protestons que JESUS-CHRIST est notre
purification entière et parfaite; qu’en sa mort nous avons entière
satisfaction pour nous acquitter de nos forfaits et iniquités dont
nous sommes coupables, et ne pouvons être délivrés que par ce
remède.
ARTICLE 18. Nous croyons que toute notre justice est fondée
en la rémission de nos péchés, comme aussi c’est notre seule
félicité, comme dit David. C’est pourquoi nous rejetons tous
autres moyens de nous pouvoir justifier devant Dieu; et sans présumer
de nulles vertus ni mérites, nous nous tenons simplement à
l’obéissance de JESUS-CHRIST, laquelle nous est allouée, tant
pour couvrir toutes nos fautes, que pour nous faire trouver grâce et
faveur devant Dieu. Et de fait, nous croyons qu’en nous écartant
de ce fondement tant peu que ce soit, nous ne pourrions trouver
ailleurs aucun repos, mais serions toujours agités d’inquiétude;
d’autant que jamais nous ne sommes en paix avec Dieu, jusqu'à ce
que nous soyons bien certains d’être aimés en JESUS-CHRIST, vu
que nous sommes dignes d’être haïs en nous-mêmes.
ARTICLE 19. Nous croyons que c’est par ce moyen que nous
avons liberté et privilège d’invoquer Dieu, avec pleine confiance
qu’il se montrera notre Père. Car nous n’aurions pas aucun accès
au Père, si nous n’étions adressés par ce Médiateur. Et pour
être exaucés en son Nom, il convient tenir notre vie de lui comme
de notre chef.
ARTICLE 20. Nous croyons que nous sommes faits participants de
cette justice par la seule foi; comme il est dit, qu’il a souffert
pour nous acquérir le salut, afin que quiconque croira en lui, ne
périsse point. Et que cela se fait, d’autant que les promesses de
vie qui nous sont données en lui, sont appropriées à notre usage,
et en sentons l’effet, quand nous les acceptons, ne doutant point
qu’étant assurés de la bouche de Dieu, nous ne serons point
frustrés. Ainsi la justice que nous obtenons par foi, dépend des
promesses gratuites, par lesquelles Dieu nous déclare et testifie
qu’il nous aime.
ARTICLE 21. Nous croyons que nous sommes illuminés en la foi
par la grâce secrète du Saint-Esprit, d'autant que c’est un don
gratuit et particulier que Dieu fait à ceux que bon lui semble, en
sorte que les fidèles n’ont de quoi s’en glorifier, étant
obligés au double de ce qu’ils ont été préférés aux autres.
Et que la foi n’est pas seulement baillée pour un coup aux élus,
pour les introduire au bon chemin, mais pour les faire continuer
aussi jusqu'au bout. Car comme c’est à Dieu de faire le
commencement, aussi c’est à lui de parachever.
ARTICLE 22. Nous croyons que par cette foi nous sommes
régénérés en nouveauté de vie, étant naturellement asservis au
péché. Or nous recevons par foi la grâce de vivre saintement et en
la crainte de Dieu, en recevant la promesse qui nous est donnée par
l’Evangile; savoir que Dieu nous donnera son Saint-Esprit. Ainsi la
foi non seulement ne refroidit pas l’affection de bien et
saintement vivre, mais l’engendre et excite en nous, produisant
nécessairement les bonnes oeuvres.
Au reste, bien que Dieu, pour accomplir notre salut, nous régénère,
nous réformant à bien faire, toutefois nous confessons que les
bonnes oeuvres, que nous faisons
par la conduite de son Esprit, ne viennent point en compte pour nous
justifier, ou mériter que Dieu nous tienne pour ses enfants;
parce que nous serions toujours flottants en doute et inquiétude, si
nos consciences ne s’appuyaient sur la satisfaction par laquelle
JESUS-CHRIST nous a acquittés.
ARTICLE 23. Nous croyons que toutes les figures de la Loi ont
pris fin à la venue de JESUS-CHRIST. Mais bien que les cérémonies
ne soient plus en usage, néanmoins la substance et la vérité nous
en est demeurée en la personne de celui auquel gît tout
accomplissement. Au surplus, il nous faut aider de la Loi et des
prophètes, tant pour régler notre vie, que pour être confirmés
aux promesses de l’Evangile.
ARTICLE 24. Nous croyons, puisque JESUS-CHRIST nous est donné
pour seul Avocat, et qu’il nous commande de nous adresser
personnellement en son Nom à son Père; et même qu’il ne nous est
pas licite de prier sinon en suivant la forme que Dieu nous a dictée
par sa Parole, que tout ce que les hommes ont imaginé de
l’intercession des Saints trépassés, n’est qu’abus et fallace
de Satan, pour faire dévoyer les hommes de la forme de bien prier.
Nous rejetons aussi tous autres moyens que les hommes présument
avoir pour se racheter envers Dieu, comme dérogeant au sacrifice de
la mort et Passion de JESUS-CHRIST. Finalement nous tenons le
Purgatoire pour une illusion procédée de cette même boutique; de
laquelle sont aussi procédés les voeux
monastiques, pèlerinages, défenses du mariage, et de l’usage
des viandes, l’observation cérémonielle des jours, la Confession
Auriculaire, les Indulgences, et toutes autres telles choses par
lesquelles on pense mériter grâce et salut. Lesquelles choses nous
rejetons non seulement pour la fausse opinion du mérite qui y est
attachée, mais aussi parce que ce sont inventions humaines, qui
imposent joug aux consciences.
ARTICLE 25. Or, parce que nous ne jouissons de JESUS-CHRIST
que par l’Evangile, nous croyons que l’ordre de l’Eglise, qui a
été établi en son autorité, doit être sacré et inviolable, et
partant que l’Eglise ne peut subsister sinon qu’il y ait des
Pasteurs qui aient la charge d’enseigner, lesquels on doit honorer
et écouter en révérence quand ils sont dûment appelés, et
exercent fidèlement leur office. Non pas que Dieu soit attaché à
telles aides ou moyens inférieurs, mais parce qu’il lui plaît
nous entretenir sous telle bride. En quoi nous détestons tous
fantastiques, qui voudraient bien, en tant qu’en eux est, anéantir
le Ministère et Prédication de la Parole de Dieu et des sacrements.
ARTICLE 26. Nous croyons donc que nul ne se doit retirer à
part, et se contenter de sa personne; mais tous ensemble doivent
garder et entretenir l’unité de l’Eglise, se soumettant à
l’instruction commune, et au joug de JESUS-CHRIST; et ce en quelque
lieu où Dieu aura établi un vrai ordre de l’Eglise, encore que
les Magistrats et leurs édits y soient contraires, que tous ceux qui
ne s’en affranchissent, ou s’en séparent, contrarient à
l’ordonnance de Dieu.
ARTICLE 27. Toutefois nous croyons qu’il convient discerner
soigneusement, et avec prudence, quelle est la vraie Eglise; parce
que par trop on abuse de ce titre. Nous disons donc suivant la Parole
de Dieu, que c’est la compagnie des fidèles, qui s’accordent à
suivre cette Parole, et la pure Religion qui en dépend, et qui
profitent en elle tout le temps de leur vie, croissant et se
confirmant en la crainte de Dieu, selon qu’ils ont besoin de
s’avancer et de marcher toujours plus outre. En outre, quels que
soient leurs efforts, il leur convient d'avoir incessamment recours à
la rémission de leurs péchés. Néanmoins, nous ne nions point que
parmi les fidèles il n’y ait des hypocrites et réprouvés,
desquels la malice ne peut toutefois effacer le titre d’Eglise.
ARTICLE 28. Sous cette créance nous protestons que là où la
Parole de Dieu n’est reçue, et où on ne fait nulle profession de
s’assujettir à elle, et où il n’y a nul usage des sacrements: à
parler proprement, on ne peut juger qu’il y ait aucune Eglise.
Partant nous condamnons les assemblées de la Papauté, vu que la
pure vérité de Dieu en est bannie, que les sacrements y sont
corrompus, abâtardis, falsifiés, ou totalement anéantis; et où
toutes Superstitions et Idolâtries ont la vogue. Nous tenons donc
que tous ceux qui se mêlent en tels actes, et y communiquent, se
séparent et retranchent du corps de JESUS-CHRIST. Toutefois, parce
qu’il reste encore quelque petite trace d’Eglise en la Papauté,
et même que la substance du baptême y est demeurée, joint au fait
que l’efficace du baptême ne dépend pas de celui qui
l’administre, nous confessons que ceux qui y sont baptisés n’ont
pas besoin d’un second baptême. Cependant à cause des corruptions
qui y sont, on n’y peut présenter les enfants sans se souiller.
ARTICLE 29. Quant à la vraie Eglise, nous croyons qu’elle
doit être gouvernée selon la police que notre Seigneur JESUS-CHRIST
a établie: C’est qu’il y ait des Pasteurs, des Surveillants et
Diacres, afin que la pure doctrine ait son cours, que les vices
soient corrigés et réprimés, et que les pauvres et tous autres
affligés soient secourus en leurs nécessités; et que les
assemblées se fassent au nom de Dieu, dans lesquelles grands et
petits soient édifiés.
ARTICLE 30. Nous croyons que tous les vrais Pasteurs, en
quelque lieu qu’ils soient, ont une même autorité et égale
puissance sous un seul chef, seul souverain et seul universel Evêque
JESUS-CHRIST; et pour cette cause, que nulle Eglise ne doit prétendre
aucune domination ou seigneurie sur l’autre.
ARTICLE 31. Nous croyons que nul ne se doit ingérer de son
autorité propre pour gouverner l’Eglise, mais que cela se doit
faire par élection, en tant qu’il est possible et que Dieu le
permet. Laquelle exception nous ajoutons notamment, parce qu’il a
fallu parfois, et même de notre temps, (auquel l’état de l’Eglise
était interrompu) que Dieu ait suscité des gens d’une façon
extraordinaire pour dresser l’Eglise de nouveau, qui était en
ruine et désolation. Mais quoi qu’il en soit, nous croyons qu’il
se faut toujours conformer à cette règle, Que tous Pasteurs,
Surveillants et Diacres aient témoignage d’être appelés à leur
office.
ARTICLE 32. Nous croyons aussi qu’il est bon et utile, que
ceux qui sont élus pour être Superintendants, avisent entre eux
quel moyen ils devront tenir pour le régime de tout le corps, et
toutefois qu’ils ne déclinent nullement de ce qui nous en a été
donné par notre Seigneur JESUS-CHRIST. Ce qui n’empêche point
qu’il n’y ait quelques Ordonnances particulières en chaque lieu,
selon que la commodité le requerra.
ARTICLE 33. Cependant nous exclurons toutes inventions
humaines et toutes Lois qu’on voudrait introduire sous ombre du
service de Dieu, par lesquelles on voudrait lier les consciences;
mais seulement recevons ce qui fait et est propre pour nourrir
concorde, et tenir chacun depuis le premier jusques au dernier en
obéissance. En quoi nous avons à suivre ce que notre Seigneur JESUS
a déclaré quant à l’excommunication; laquelle nous approuvons et
confessons être nécessaire avec toutes ses conséquences.
ARTICLE 34. Nous croyons que les sacrements sont ajoutés à
la Parole pour plus ample confirmation, afin de nous être gages et
méreaux de la grâce de Dieu, et par ce moyen aider et soulager
notre foi, à cause de l’infirmité et rudesse qui est en nous; et
qu’ils sont tellement signes extérieurs, que Dieu opère par eux
en la vertu de son Esprit, afin de ne nous y rien signifier en vain;
toutefois nous tenons que toute leur substance et vérité est en
JESUS-CHRIST; et si on les en sépare, ce n’est plus rien
qu’ombrage et fumée.
ARTICLE 35. Nous en confessons seulement deux, communs à
toute l’Eglise, desquels le premier, qui est le baptême, nous est
donné pour témoignage de notre adoption; parce que là nous sommes
entés au corps de CHRIST, afin d’être lavés et nettoyés par son
sang, et puis renouvelés en sainteté de vie par son Saint-Esprit.
Nous tenons aussi, bien que nous ne soyons baptisés qu’une fois,
que le profit qui nous est là signifié s’étend à la vie et à
la mort, afin que nous ayons une signature permanente, que
JESUS-CHRIST nous sera toujours justice et sanctification. Or bien
que ce soit un sacrement de Foi et de Pénitence, néanmoins parce
que Dieu reçoit en son Eglise les petits enfants avec leurs parents,
nous disons que par l’autorité de JESUS-CHRIST les petits enfants
engendrés des fidèles doivent être baptisés.
ARTICLE 36. Nous confessons que la sainte Cène (qui est le
second sacrement) nous est témoignage de l’union que nous avons
avec JESUS-CHRIST; d’autant qu’il n’est pas seulement une fois
mort et ressuscité pour nous, mais aussi nous repaît et nourrit
vraiment de sa chair et de son sang, afin que nous soyons un avec
lui, et que sa vie nous soit commune. Or bien qu’il soit au Ciel
jusqu'à ce qu’il vienne pour juger tout le monde; toutefois nous
croyons que par la vertu secrète et incompréhensible de son Esprit
il nous nourrit et vivifie de la substance de son corps et de son
sang. Nous tenons bien que cela se fait spirituellement, non pas pour
mettre au lieu de l’effet et de la vérité, imagination ni pensée;
mais d’autant que ce mystère surmonte en sa hautesse la mesure de
notre sens, et tout ordre de nature. Bref, parce qu’il est céleste,
ne peut être appréhendé que par foi.
ARTICLE 37. Nous croyons (ainsi qu’il a été dit) que tant
en la Cène qu’au baptême, Dieu nous donne réellement et par
effet ce qu’il y figure. Et partant nous conjoignons avec les
signes la vraie possession et jouissance de ce qui nous est là
présenté. Et ainsi, tous ceux qui apportent à la table sacrée de
CHRIST une pure foi comme un vaisseau, reçoivent vraiment ce que les
signes y testifient; c’est que le corps et le sang de JESUS-CHRIST
ne servent pas moins de manger et boire à l’âme, que le pain et
le vin font au corps.
ARTICLE 38. Ainsi nous tenons que l’eau étant un élément
caduc, ne laisse pas de nous testifier en vérité le lavement
intérieur de notre âme au sang de JESUS-CHRIST, par l’efficace de
son Esprit, et que le pain et le vin nous étant donnés en la Cène
nous servent vraiment de nourriture spirituelle, d’autant qu’ils
nous montrent comme à l’oeil,
la chair de JESUS-CHRIST nous être notre nourriture, et son
sang notre breuvage. Et nous rejetons les fantastiques et
sacramentaires, qui ne veulent point recevoir tels signes et marques,
vu que notre Seigneur JESUS prononce, Ceci est mon corps, et:
Cette coupe est mon sang.
ARTICLE
39. Nous croyons que Dieu veut que le monde
soit gouverné par lois et police, afin qu’il y ait quelque bride
pour réprimer les appétits désordonnés du monde. Et ainsi, qu’il
a établi les Royaumes, Républiques, et toutes autres sortes de
Principautés, soit héréditaires ou autrement et tout ce qui
appartient à l’état de justice, et en veut être reconnu Auteur;
à cette cause il a mis le glaive en la main des Magistrats
pour réprimer les péchés commis non seulement contre la seconde table
des Commandements de Dieu, mais aussi contre la première.
Il faut donc à cause de lui, que non seulement on endure que les
supérieurs dominent, mais aussi qu’on les honore et prise en toute
révérence, les tenant pour ses lieutenants et officiers, lesquels
il a commis pour exercer une charge légitime et sainte.
ARTICLE 40. Nous tenons donc qu’il faut obéir à leurs lois
et statuts, payer tributs, impôts, et autres devoirs, et porter le
joug de sujétion d’une bonne et franche volonté, encore qu’ils
fussent infidèles, moyennant que l’Empire souverain de Dieu
demeure en son entier. Ainsi nous détestons ceux qui voudraient
rejeter les supériorités, mettre communauté et confusion de biens,
et renverser l’ordre de la justice.