Le Credo contre le relativisme



Certaines personnes font semblant de se soucier de l'unité de l’Église dans le but d'attaquer le Credo (coupable, selon elles, de diviser ceux qui en partagent le contenu de ceux qui le rejettent) et d'ouvrir ainsi la porte au relativisme (= toutes les opinions se valent, alors vivons en paix).
Ces crotales n'étant pas dépourvus de venin, voici résumés quelques-uns de leurs poisons, auxquels nous prendrons soin, dans cet article, d'apporter les antidotes.

A): Que le principe protestant ou évangélique de l’Écriture seule (sola scriputra) s'oppose à l'usage d'une confession de foi (Credo) dans l’Église.

B) Que le vocabulaire théologique (homoousios, Trinité, etc.) est souvent extra-biblique et, donc, non recevable.

C) Que les mystères de foi étant d'une hauteur infinie, on ne peut prétendre les définir et limiter dans nos formulations et compréhensions, toujours imparfaites.

 A) Compatibilité du ''sola scriptura'' et du Credo


Nous enseignons que l'homme est justifié par la foi seule (sola fide) et que, pourtant, la foi n'est jamais seule dans le fidèle.
Lorsque nous enseignons le principe similaire que seule l’Écriture (sola scriptura) peut lier la conscience de l’Église, cela implique-t-il que la Bible est seule dans l’Église? 
En soutenant que oui, nos adversaires se montrent aussi aveugles que les papistes, lorsqu'ils voulaient que "foi seule" soit synonyme de "foi sans amour".
Pour notre part, nous tenons --de manière extrêmement cohérente-- que le sola scriptura n’exclut pas plus la présence d'une confession de foi dans l’Église que le sola fide n’exclut l'amour dans le cœur du fidèle.

Ensuite, non seulement le principe du sola scriptura n'est pas incompatible avec un Credo, mais encore, il est facile de démontrer que la Bible engendre nécessairement un tel Credo (tout comme la foi engendre nécessairement l'amour dans le cœur croyant).
En effet, La Parole de Dieu engendre la foi. Une foi qui se confesse (Romains 10: 10).
Or, la foi n'étant pas un phénomène individualiste (Jude 3), la nécessité d'une telle confession de foi ne vaut pas seulement à l'échelle individuelle, mais ecclésiale. Cette confession devra être formulée avec un soin d'autant plus grand que c'est par cette commune profession de foi que les saints se reconnaîtront (cf. 2 Jean 1: 10 // 1Corinthiens 15: 1-14, etc.)

Enfin, loin d'être diminuée par le Credo, l'autorité de l’Écriture se trouve placée à sa juste valeur, puisque le Credo se place sous l'autorité de la Bible, [comme les lois d'un pays sont sous l'autorité de la Constitution] , afin que cette dernière ne soit pas un juge sans rien à juger (que les relativistes appellent de leurs vœux) mais un juge de quelque chose.


B) Un vocabulaire extra-biblique est-il recevable?

Est-il permis d'employer des mots non-bibliques pour parler des vérités bibliques?
Ceux qui disent que "non" devraient nous expliquer pourquoi il serait plus acceptable d'utiliser des phrases non-bibliques (dans des prédications, des cantiques ou de simples discussions) pour faire la même chose. Qu'ils se convertissent donc en robots récitant des phrases apprises par cœur et récitées de façon plus ou moins pertinente, selon les circonstances (après tout, c'est ce qu'on fait dans les Madrassas au Pakistan)!

De plus, il est très facile de démontrer que les mots, en soi, ne sont pas du tout un problème:
Si un papiste dit qu'il convient de ne prendre que le pain dans la Cène, il sera dans l'erreur même s'il couvre sa doctrine d'un langage biblique: la fraction du pain (Actes 2: 42, etc.)
En sens inverse, en disant qu'il convient de prendre, dans la Cène, le pain et le vin, je serais dans la vérité même en désignant cette doctrine par un mot technique non-biblique comme: utraquisme.
Il est donc certain que des mots non-bibliques peuvent fort bien servir à décrire une vérité biblique, tout comme des mots bibliques peuvent servir à décrire une doctrine non-biblique.

Plus largement, les croyants sont même habilités à reprendre des formules ou des pensées déjà énoncées par des païens pour présenter des vérités, ainsi que le fit Paul dans Actes 17: 28.
C'est donc par pure complaisance à demeurer dans la mauvaise foi que les opposants à la foi orthodoxe font grand cas du vocabulaire et de son éventuel usage préexistant chez les philosophes.


C) Un Credo abaisse-t-il la vérité?

  La vérité divine est sans doute trop profonde pour être épuisée par nos pensées. Mais ce n'est pas pour cela qu'elle est indescriptible
Par exemple: lorsque Jésus fût transfiguré, il devint tel que, selon Marc, il n'est pas de foulon sur la terre qui puisse blanchir ainsi (Marc 9: 3).
Il s'agissait donc d'une splendeur céleste, inconnue, inimaginable et inexprimable.
Pourtant, Matthieu se considère autorisé à décrire, au moins par analogie, cette splendeur céleste et unique: son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière (Matthieu 17: 2).
Accuserons-nous pour cela Matthieu de rabaisser la gloire du Christ ou de prétendre la réduire à ces catégorises matérielles? Non. 
De même, notre discours sur Dieu ne rabaisse pas la profondeur du Mystère divin, mais le décrit autant qu'il nous est possible et nécessaire de le faire.

Enfin, le propos du Credo n'est pas d'épuiser le mystère, mais de baliser, de borner le bon chemin. De même qu'un croquis n'est pas la même chose que le monde réel qu'il décrit, il permet cependant d'indiquer les "grandes lignes" qui évitent de faire fausse route.


Bucer



Commentaires

Un chrétien a dit…
Concernant l'usage biblique de termes non-bibliques, l'expression "libre-arbitre" vient de Saint Augustin me semble-t-il, et pourtant le libre-arbitre est présent du début à la fin de la Bible.

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