Fête de la Réforme? Célébrations communes?





Alors que le Journal La Croix signale que les évêques soumis au siège romain éprouvent des réticences à célébrer l'anniversaire de la Réforme, il nous semble bénéfique de nous interroger sur le sens et la véritable nature de cet évènement.


1) Pas d'innovation de Luther:

Evidemment, il serait presque malhonnête de prétendre que Luther n'a pas joué un rôle central dans ce qu'on a appelé la Réforme.
Mais il serait encore plus faux et délirant de penser que le ''sola fide'' viendrait de Luther, comme une création nouvelle:
de même que st Athanase n'a pas inventé la Trinité et que st Augustin n'a pas inventé le péché originel, le bienheureux Luther n'a pas inventé le sola fide.
Nous ne nions pas qu'avant lui la chose ait parfois été formulée moins clairement (bien qu'en réalité, le seul cas de Lefevre d'Etaples suffirait à soutenir le contraire); mais que Luther ait inventé quelque chose, non.


2) Pas de Réforme de Luther:

De même, le courage et l'engagement --jusqu'à risquer le bûcher-- du docteur Luther ont sans doute été remarquables. La personnalité du "réformateur" n'est sans doute pas plus facile à ignorer que son rôle. Et sans doute a-t-on raison, aussi, de célébrer, lors de la Toussaint, la mémoire de l'affichage des 95 thèses, comme un exemple.
Mais st Paul nous averti que les chrétiens ne peuvent être les disciples de ceux qui leur ont annoncé la Parole (1Corinthiens 1 & 3).
Loin s'en faut, d'autant plus dans ce cas, que l'on fasse de Luther un chef de secte ou un maître suffisant, et lui-même n'avait pas une telle prétention.


3) Fête de la Réforme?

De tout ce qui a été dit, nous pouvons conclure que la "réforme" n'a pas été l'oeuvre d'un homme. Surtout, qu'elle ne doit pas devenir le modèle d'actions individualistes --avec tous les morcellements que de telles actions peuvent entraîner.
A ce titre, nous considérons que s'il y a une date à retenir pour célébrer le dernier grand épisode de la formulation de la foi, ce serait plutôt le 25 juin, anniversaire de la Confession d'Augsbourg, qui exprime la foi de l'Eglise (et qui a été reçue par l'ensemble du Protestantisme / voir la Concorde de Wittenberg, de mai 1536).
Car ce sont deux choses très différentes que l'écrit personnel d'un docteur et le témoignage public du sacerdoce des baptisés; et c'est assurément ce dernier que nous considérons plus que le reste.


4) Division: à qui la faute?

Pour terminer, disons également que nous sommes tout à fait sensibles à la préoccupation affichée par les évêques ultramontains:

« Les catholiques (...) considèrent la division de l’Église d’Occident comme une tragédie et, au moins jusqu’à présent, ne pensent pas qu’ils peuvent la célébrer joyeusement. »

Mais, justement, comment pourront-ils sérieusement parler d'entreprise schismatique ou querelleuse à l'égard de la Confession d'Augsbourg du 25 juin 1530?

Le voudraient-ils que nous n'aurions qu'à citer les conclusions du texte:


 Conclusion de la première partie:

(...)  Puisque notre doctrine est clairement fondée sur les Saintes Écritures ; puisqu'elle n'est nullement en même avec l'Église romaine -- pour autant qu'on peut le connaître par les écrits des Pères -- nous estimons que nos adversaires ne peuvent pas être en désaccord avec nous quant aux articles ci-dessus. Pour cette raison ils agissent donc entièrement sans charité, avec précipitation et contrairement à l'unité chrétienne et à l'amour, ceux qui se sont mis en tête de rejeter les nôtres comme des hérétiques, de les condamner et de s'en tenir à l'écart, et cela sans qu'ils puissent justifier leur conduite par aucun commandement de Dieu ni par aucun témoignage de l'Écriture Sainte. (...)
Et même si les papistes voulaient continuer à jouer le rôle de l'accusateur et soutenir que le Protestantisme a engendré la division, il ne nous serait pas difficile de démontrer que ce ne sont là que des reproches sans fondement, sortis de la bouche des plus grands diviseurs d'Eglise de l'Histoire.
Qui, en effet, a divisé l'Eglise d'Occident et d'Orient, sinon l'homme de péché, par ses prétentions à réviser unilatéralement l'oeuvre des conciles oecuméniques?
Avant la réforme même, qui a divisé l'Eglise d'Occident, sinon cette même ambition impie, à laquelle plusieurs ont aspiré jusqu'à troubler toute l'Europe, depuis Avignon, Rome etc?
Alors, entendre, de la bouche de Rome, que "Luther" aurait "déchiré la tunique du Christ", c'est entendre une blague de bien mauvais goût.
Bucer


Commentaires

Domus a dit…
D'autant plus de mauvais goût que Rome, jamais prise de court en matière de reliques, ne s'est pas privée d'inscrire ce vêtement du Seigneur au catalogue de ses produits labellisés jetés sur le marché de la dévotion! En effet, on l'oublie parce que cela fut décidé il y a fort longtemps, l'église du pape soutient que la prétendue tunique se trouve en son entier à Trèves et à Argenteuil, et en fragments à Moscou, Aix-la Chapelle, Londres et en d'autres lieux. Puisque ces fragments de la tunique du Christ sont éparpillés aux quatre coins du monde, c'est donc que celle-ci fut déchirée par des chrétiens qui ont osé accomplir, avec la bénédictions des clergés locaux, le geste auquel les soldats s'étaient refusés.
Ainsi donc, face à la diatribe contre Luther, calomnie sans fondement, nous pouvons rappeler, -avec fondements-, que Rome revendique et cautionne le déchirement d'une tunique qu'elle n'hésite pas à présenter avec un aplomb sans pareil comme étant celle (ou celles?) du Seigneur!
Comprenne qui pourra...

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