Prier la Reine du Ciel ?
Cependant, les papistes croient avoir trouvé un argument biblique en faveur de leur idolâtrie (par exemple: ici, ici, ou ici). C'est que Marie, Mère de Dieu selon l'humanité, serait Reine du Ciel. En effet, disent-ils: de même que la mère de Salomon, figure christique, était Reine-mère en Israël, de même Marie, mère du Seigneur, est Reine du Ciel.
Trois remarques méritent d'être faites à ce sujet.
1) Un fondement boiteux
La première, c'est qu'une comparaison biblique peut toujours servir de complément à une doctrine, de "cerise sur le gâteau"; en revanche, elle ne peut pas servir, à elle seule, de fondement doctrinal. Elle ne peut pas être le gâteau lui-même. La mère de Salomon et les mères suivantes ont été reines, c'est entendu. Mais cela ne prouve rien; autrement, il faudrait aussi voir dans le harem de Salomon la preuve qu'il n'y a pas qu'une Église (épouse du Christ) ou que celle-ci n'est pas la seule compagnie dans laquelle le Salut est possible. Imaginez cette folie: les papistes devraient abjurer la foi de Pie X pour adopter celle de François - à moins que Léon XIV ne la change encore.
De même, David fut aussi une figure christique, et sa mère n'a pourtant jamais été reine. Si on voulait pousser l'analogie au sujet de Bethsabée, la première reine-mère, on pourrait donc imaginer qu'elle fut à la fois épouse du roi christique en David et mère de la même figure en Salomon, tout comme l'est le peuple de Dieu, Israël/Église (cf. la femme d'Apocalypse 12) dont est issu le Christ et qui est son époux.
Voilà ce que devient leur belle comparaison, et combien ils auront eu raison de s'appuyer sur un tel fondement pour renier le premier commandement, autrement plus clair: Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face!
2) Reine ?
Ensuite, si on concédait aux papistes que l'exemple de Bethsabée implique que Marie soit Reine du Ciel, que gagneraient-ils ? Tel roi l'est réellement, en assurant le gouvernement; tel autre l'est de manière honorifique, voire n'a pas le droit de partager publiquement ses opinions (cf. le roi d'Angleterre). Notre Seigneur Jésus est Roi, et même Roi des rois au sens plein et effectif: il a reçu tout pouvoir sur le ciel et sur la terre (Matthieu 28: 19). Oseront-ils dire que Marie a reçu une même puissance ? Qu'elle participe souverainement à la domination de l'Univers ? Dans ce cas, son assomption l'aura élevée plus haut que prévu ! dans ce cas aussi, qu'ils ne se privent pas de l'invoquer (ad orare) puisque personne ne pourra les blâmer d'adorer une déesse !
Mais s'ils veulent dire que Marie est Reine du Ciel à titre honorifique, pourquoi ne pas l'honorer comme il convient dans ce cas, en la disant bienheureuse ? Pourquoi la prier, comme si son pouvoir était réel ?
Ici comme à l'accoutumée, nos papistes louvoieront en disant que c'est son pouvoir d'influence sur le vrai Roi, qui est réel. Comme si notre Seigneur n'était pas assez bon, comme s'il n'était pas un souverain sacrificateur plein de miséricorde et de compassion pour être capable de nous comprendre et de se précipiter de son propre chef à notre secours ! D'autres papistes n'ont pas honte d'essayer de se justifier par un autre blasphème: c'est que Notre Seigneur serait comme l'un de ces derniers mérovingiens (contre lesquels leur pape a autorisé la sédition): un Dagobert surmené et incapable, ne parvenant pas à organiser son temps pour écouter et exaucer toutes les prières, et que sa maman aiderait à faire ses devoirs.
3) Condamnation biblique
Mais nos papistes sont des gens persévérants et plein d'astuces. Ils croient ainsi avoir une preuve biblique en faveur de leur pratique. C'est qu'à supposer que leur comparaison de départ soit valable (on a vu combien elle l'était, c'est-à-dire: pas du tout), à supposer, donc, que cette comparaison soit incontestable, alors, il y aurait bien un cas où la Reine mère aurait intercédé auprès de son fils, le Roi (Salomon). Et la chose serait d'autant plus merveilleuse que le Roi a alors dit à sa mère: « Demande, ô ma mère, car je ne te rebuterai pas. » (1Rois 2: 20).
Là! nous disent-ils: vous voyez bien que non seulement il y a une Reine-mère, mais qu'elle obtient en plus ce qu'elle veut du Roi ! Or, cette réponse lui a été faite après qu'un autre soit venu la voir pour lui demander d'intercéder auprès du roi Salomon. Donc, concluent nos papistes: nous avons raison de faire comme cet homme, de venir voir la Reine pour qu'elle intercède auprès du Roi en notre faveur!
Et ils appellent ça: Science théologique - ou, ce qui en revient au même chez eux: Études mariales (!)
Voyons donc, dans les pages du Texte Sacré, cette histoire qu'ils ont sans cesse à la bouche (1 Rois 2: 10-25):
10 David mourut, il reposa avec ses pères, et il fut enseveli dans la Cité de David.
11 Le règne de David sur Israël avait duré quarante ans : il avait régné sept ans à Hébron, et trente-trois ans à Jérusalem.
12 Salomon prit possession du trône de David son père, et sa royauté fut solidement établie.
13 Adonias, fils de Hagguith, vint trouver Bethsabée, mère de Salomon. Elle lui demanda : « Viens-tu pour la paix ? » Il dit : « Pour la paix ».
14 Il poursuivit : « J’ai à te parler. » Elle dit : « Parle ».
15 Il reprit : « Tu sais bien, toi, que c’est à moi que revenait la royauté ! Tout Israël me regardait déjà comme son roi. Mais la royauté m’a échappé au profit de mon frère, car c’est du Seigneur qu’elle lui est venue.
16 À présent, je n’ai qu’une demande à te faire : ne me repousse pas ! » Elle dit : « Parle »
17 Il poursuivit : « Demande, je te prie, au roi Salomon – car il ne te repoussera pas – de me donner pour femme Abishag la Sunamite.
18 Bethsabée promit : « Bien. Je parlerai moi-même au roi en ta faveur. »
19 Bethsabée se rendit chez le roi Salomon pour lui parler en faveur d’Adonias. Le roi se leva, vint à sa rencontre et se prosterna devant elle. Puis il prit place sur son trône. Il fit installer également un trône pour la mère du roi, et elle prit place à sa droite.
20 Elle dit : « Je n’ai qu’une petite demande à te faire : ne me repousse pas ! » Le roi lui dit : « Demande, ma mère, je ne te repousserai pas ! »
NB: Jusqu'ici, tout va bien pour les papistes. Le Roi lui-même se prosterne devant Betshabée: ils peuvent donc espérer secrètement que Jésus rend lui-même un culte à Marie. En tout cas, ils ont cet exemple: quelqu'un a demandé une faveur à la Reine, et le Roi va l'exaucer. Les papistes ont coutume d'en rester là, mais je pense qu'on aurait tort de se priver du grand et merveilleux moment où le Roi donne suite à la requête d'Adonias (qui, dans notre comparaison, représente donc les papistes):
21 Elle reprit : « Que l’on donne pour femme Abishag la Sunamite à ton frère Adonias. »
22 Et le roi Salomon répondit à sa mère : « Pourquoi demandes-tu Abishag la Sunamite pour Adonias ? Demande donc pour lui la royauté, puisqu’aussi bien il est mon frère aîné ! Demande pour lui, pour le prêtre Abiatar et pour Joab, fils de Cerouya. »
23 Et Salomon fit ce serment par le Seigneur : « Que Dieu amène le malheur sur moi, et pire encore ! C’est au prix de sa vie qu’Adonias a parlé.
24 Maintenant, par le Seigneur qui est vivant, lui qui m’a fermement établi, qui m’a fait asseoir sur le trône de David, mon père, et qui, selon sa parole, m’a édifié une maison ; oui, Adonias sera mis à mort aujourd’hui même ! »
Que retenir de cette histoire ? Un hypocrite, qui n'avait pas la conscience tranquille et qui n'avait pas l'oreille du Roi, a tenté une approche oblique : il a cru pouvoir instrumentaliser la Reine-mère pour parvenir à ses fins. Qui d'autre qu'un scélérat agirait d'une manière aussi perfide ? Qui irait quémander une faveur auprès de la Reine-mère, s'il avait l'assurance d'avoir la bonne grâce du Roi lui-même ?
Conclusion
Marie est-elle "Reine du Ciel" ? Rien ne le prouve. Mais même si la réponse était positive, la Bible nous dirait quelque chose de plus clair et de plus fondamental: puisque nous avons un grand souverain sacrificateur qui a
traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, demeurons fermes dans la foi
que nous professons. Car nous n'avons pas un souverain sacrificateur
qui ne puisse compatir à nos faiblesses; au contraire, il a été tenté
comme nous en toutes choses, sans commettre de péché. Approchons-nous
donc avec assurance du trône de la grâce, afin d'obtenir miséricorde et
de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins - Épître aux Hébreux IV: 14-16.
Justifiés par la foi en Christ, nous avons donc la paix et la parfaite assurance d'être entendus et exaucés par Celui qui peut tout - et qui sait même s'organiser, comme un grand, sans l'aide de sa Maman.
De là, nous ne nous comporterons pas comme Adonias, qui n'avait pas plus confiance que bonne conscience envers le Roi. Et nous concluons: que ceux qui désirent tant imiter l'impie s'apprêtent à partager son salaire.
Bucerian
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