Conclave 2025

 

 
    L'élection d'un nouveau pape romain fera la joie non seulement de ceux qui ont la cohérence d'être ses disciples, mais encore de tous les zélateurs du bricolage œcuménique. Pour nous, elle sera simplement l'occasion de souligner pourquoi nous ne sommes ni les disciples, ni les thuriféraires inconséquents de cette création humaine.
 
    Nous croyons en effet que les saintes Écritures sont la norme ultime de la foi (1), la seule autorité capable de lier nos consciences. Par ailleurs, nous savons qu’un fidèle n’a pas plus besoin du magistère romain pour comprendre la Parole de son Père (les Écritures) qu’un enfant n’a besoin de traducteur pour saisir sa langue maternelle. Certes, l’enfant bénéficiera d’un enseignement auprès de maîtres et d’ouvrages de référence dans le but d'approfondir sa maîtrise de la langue et de corriger ses erreurs (rôle de l’école), et toute négligence dans cette démarche pourrait être nuisible. Cependant, l'enseignement structuré de l'école ne saurait servir de prétexte pour nier l'acquisition naturelle de cette langue par l'enfant. Par conséquent, si nous chérissons l'héritage confessionnel de l’Église indivise (et ce d'autant que nous sommes déjà fondamentalement d'accord avec son témoignage de par notre lecture des Écritures), nous ne sommes pas prêts à remettre en question les rudiments de la langue que nous connaissons très bien, au prétexte qu'un scribe aurait décidé de la changer. Ainsi, de même qu'un enfant français est en droit de résister à son maître si celui-ci lui enseigne que "Je t'aime maman" se dit en réalité "Ich liebe dich mutti" - car le maître est seulement là pour aider à saisir telle ou telle règle et non pour nier ce que tous les enfants savent déjà très bien - de même un chrétien peut et doit résister à tous les prélats (en réalité: des despotes ensoutanés et des traîtres) lorsque leur autorité est brandie non pas pour aider à saisir les articulations du Credo, mais pour en contredire le contenu.
 
   Or, la raison d'être de la papauté romaine n'est rien d'autre que le dessein de fournir un tel argument d'autorité aux rebelles et aux renégats qui ont décidé d'obéir, non plus à la voix du bon berger, mais à celle de bandits. A titre d'exemple: lorsque le prétendu 7e concile œcuménique a décrété que le culte des images était nécessaire au salut (Denzinger §§ 600, 608), il n'est que trop évident que ce décret, surajouté au Credo (et hérétique parce que nestorien!), n'avait même pas le début d'un verset biblique "difficile à interpréter" pour le justifier. Pour le dire clairement: les six conciles précédents avaient apporté une réponse biblique à une question biblique (théologie/christologie: Qui dites-vous que je suis? Le Fils de Dieu), tandis que l'innovation qui suivit (au sujet des images) apporta une réponse anti-biblique à une question toute humaine (2). Comment les architectes d'une telle révolution pouvaient-ils espérer asseoir un tel ordre nouveau, sinon en invoquant l'autorité d'un être suprême, de facto égal à Dieu - puisque capable de lier les consciences par sa propre parole ? ...
Même l'Orient, que l'ambition a fini par opposer à Rome, a d'abord défendu l'adoration des icônes en l'appuyant sur l'autorité de Rome "contre laquelle n'ont jamais prévalu et ne prévaudront jamais les portes de l'enfer" (3).
 
     Que Rome, qui a ensuite innové plus que n'importe quelle autre Église, ait éprouvé seule la nécessité de persévérer dans cette superstition et de la raffiner signifie que Rome, plus que toute autre dénomination, a besoin d'être exorcisée de cette entité papale, installée dans l’Église pour y contredire son chef légitime.
 
Bucerian


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(1) L'article pascal et donc central du Credo est attesté "selon les Écritures".
(2) Les six conciles œcuméniques sont : Nicée en 325; Constantinople en 381; Éphèse en 431; Chalcédoine en 451; Constantinople II en 553 et Constantinople III en 681 ap. Jésus-Christ. Depuis l'an 843, les Églises d'Orient reconnaissaient Nicée II, tenu en 787 en faveur du culte des images, comme 7e œcuménique. En Occident, une telle reconnaissance n'eut officiellement lieu qu'en 1563, au concile de Trente, c'est-à-dire après la querelle avec le protestantisme. Les protestants n'ont donc objectivement rien retranché du patrimoine confessionnel de l’Église universelle. Nous plaignons les prétendus protestants qui s'y essayent depuis (kénotistes, etc.)
(3) Théodore Stoudite, Épître 221, 406, 407, éditions Fatouros, II, p. 344, 563-566.

Commentaires

Anonyme a dit…
Le problème du conclave, c'est qu'il soit temporaire...

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