De la lecture quotidienne de la Bible
Parmi toutes les bonnes résolutions prises pour 2025, celle de lire quotidiennement la Bible (avec plans de lecture bien fournis, etc.) risque d'être rapidement abandonnée par certains. Quel dommage !
J'espère donc que ces quelques conseils permettront au plus grand nombre de profiter de cette année, non pas pour relever un défi éphémère, mais pour adopter définitivement une bonne habitude.
Premièrement
La lecture de la Bible ne doit pas être une corvée, un exercice "pénible mais nécessaire" (comme les séances de musculation qu'on s'engage à suivre et qu'on abandonne ensuite !), mais un acte dévotionnel, un véritable rendez-vous avec Dieu. On pourra donc se contenter de lire un ou deux chapitres par jour, car la régularité vaut infiniment mieux que la quantité.
NB : Bien sûr, on peut lire davantage, surtout lorsque le cœur le réclame, et il ne faut surtout pas s'en empêcher. Mais cela ne doit pas être un défi préétabli.
Pour cette lecture, il est profitable de choisir le moment de la journée le plus favorable (par exemple, le matin au réveil ; au travail, durant la pause déjeuner; ou le soir avant de se coucher…) et de s'y tenir. Transformer cela en un petit "rituel quotidien" aide à ancrer et conserver cette habitude.
Il me semble également important, pour ne pas perdre de vue le contexte et le fil du récit, de lire un livre biblique en continu plutôt que d'alterner des passages dispersés par thèmes.
Deuxièmement
Lire de façon profitable demande la foi, notamment en l'inspiration du texte. À Rome ou à Moscou, des gens font des pèlerinages pour toucher de sordides reliques, croyant qu'un pouvoir divin y habite.
Nous avons, à la place, la Parole de Dieu. Comme le disait Luther : « … quand nous lisons avec soin les prophètes, les psaumes et les évangiles, nous allons, non pas par la ville sainte, mais par nos pensées et nos cœurs, jusqu'à Dieu. »
Autrement dit, lorsqu'il lit la Bible, le chrétien doit savoir qu'il ne lit pas un simple recueil de pensées pieuses ni un compte rendu de l'Histoire sainte. À travers le texte inspiré par le Saint-Esprit aux prophètes et aux apôtres, Dieu lui-même se rend véritablement présent, avec tous ses biens.
Comme s'accordaient à le dire les Pères Réformateurs : « La Parole annoncée est Parole de Dieu » [*], tout comme le baptême est l'eau de Dieu, ou la Cène est le pain et le vin de Dieu. Dans tous ces actes, Dieu, révélé en Jésus-Christ, vient au-devant des fidèles pour les bénir (cf. Émile G. Léonard, Histoire Générale du Protestantisme, vol. I, p. 212).
Lire la Bible avec foi, en partageant celle de l'Église, est donc infiniment plus précieux que d'être couvert de l'ombre de saint Pierre ou des linges de saint Paul (lesquels n'existent plus depuis longtemps): c'est être traversé par la pensée inspirée des apôtres. Le texte biblique est ainsi la seule relique vivante des apôtres — par opposition aux débris qu'on leur attribue ici ou là. Voilà qui devrait combler de joie le lecteur de la Bible et faire de cette lecture un saint et régulier rendez-vous.
Nos yeux se réjouissent du texte; notre intelligence en est renouvelée et illuminée; que notre bouche, elle aussi, en soit sanctifiée: une lecture à voix basse permettra de mieux ancrer dans nos esprits la vérité qui nous est présentée.
Parce qu'elle est un acte dévotionnel, la lecture de la Bible doit être ponctuée de méditations. Lorsque nos oreilles entendent les merveilles qui sortent de nos lèvres, il est utile de s'arrêter et de se demander : « Crois-tu cela ? », pour répondre : « Oui, je le crois. Car, ô Seigneur ! Si je me refusais à admettre un épisode comme la multiplication des pains (cf. Jean 6), comment pourrais-je ensuite préserver mon cœur de douter de la Résurrection physique du Sauveur ? Si l'incrédulité présidait à mes lectures, ne serais-tu pas juste de m'abandonner à un esprit d'endurcissement, comme tu l'as fait pour beaucoup de libéraux qui, dans leur orgueil, se sont crus trop intelligents pour recevoir le témoignage de tes saints prophètes ? »
Les Écritures doivent aussi s'appliquer à nos vies. Ainsi, il est utile d'entrecouper notre lecture de prières. Par exemple, devant Jean 11 :40 :
Seigneur, tu es bon ! Et puisque je crois, je verrai de grandes choses quand il sera temps. Si j'avais nié la moindre de tes œuvres (cf. prière précédente), comment pourrais-je venir devant toi, m'attendant à recevoir le moindre de tes bienfaits ? Mais je crois en toi, et je viens déposer à tes pieds mes fardeaux, toi qui es véritablement présent ici et maintenant, pour moi comme pour toute ton Église. Amen.
De même, méditer sur la bonté du Seigneur amènera à examiner notre conscience et à lui confesser nos fautes, comme à un médecin de l'âme. Cette considération nous encouragera à ne pas douter du salut qu'il nous donne dans son Évangile et à joindre nos efforts pour mener une vie de sanctification, afin de ressembler davantage à notre doux Sauveur.
Enfin
Cette lecture quotidienne de la Bible, toute simple et pieuse, ne doit pas nous empêcher d'approfondir notre savoir, bien au contraire!
On gagnera à prendre l'habitude de tenir un petit carnet dans lequel noter, pour chaque chapitre, les versets les plus difficiles. On pourra revenir sur ces passages durant le week-end, les étudier à l'aide de diverses ressources ou en discuter avec des frères plus expérimentés, lors des rencontres de l'Église.
Si ces efforts ne suffisent pas, gardons ces passages dans nos cœurs et prions Dieu de nous accorder, en son temps, l'intelligence de ces Écrits.
En conclusion
Lire les Écritures, c'est offrir à notre vie intérieure l'oxygène et l'aliment dont elle a besoin.
L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Matthieu 4: 4).
C'est aussi une occasion de louer le Seigneur, de lui rendre grâce, et de lui présenter nos supplications pour nous-mêmes et pour les autres. Plus qu'une "bonne résolution", c'est une nécessité vitale. Que le chrétien ne l'oublie pas!
Bucerian
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[*] Même s'il s'agit ici de la prédication lors du culte, il n'y a pas de raison particulière pour l'ôter à la lecture personnelle des Ecritures.
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