Annotation Credo # 51

La vie et les peines éternelles

L'homme est une créature morale et il ne fait pas de doute que, tout comme il y aura un avènement du Seigneur accompagné d'une résurrection des justes et des injustes, il y aura aussi un jugement dernier. Toutes les séductions de ce monde tendent à faire oublier cette vérité aux hommes, pour qu'ils croient, ou bien que l'enfer n'existe pas (il serait injuste d'y envoyer de pauvres hommes!), ou bien que le paradis ne peut exister qu'ici bas (dans les plaisirs de ce monde).
L'avant-dernière assertion du Credo "(nous attendons) la vie du siècle à venir" nous invite à dissiper ces nuages trompeurs.


1. De la condamnation des impies

Nous attendons la vie éternelle ; celle-ci nous est assurée, à nous qui croyons en Christ, parce que le sang du Fils unique de Dieu efface tous nos péchés.

Mais que peut attendre celui qui n'a pas revêtu le Christ par la foi?

Certains prétendent que les rebelles, après leur résurrection, seront annihilés. L'euthanasie post-mortem (!) pour éviter des souffrances, ou plus exactement pour éviter de porter le poids éternel de la culpabilité et de l’infamie devant le Dieu vivant.
Mais serait-il convenable qu'après avoir passé leur existence à outrager le Très-Saint, le Seigneur Dieu, des créatures puissent échapper à leur responsabilité, comme si de rien (ou presque)?...

D'autres imaginent qu'il y aura une réhabilitation finale de toutes les créatures, après un temps pour punir celles qui auront quitté cette vie dans l'impiété. Comme si, par exemple, le péché pour lequel il n'y a pas de pardon allait finalement être oublié !

Astucieuses doctrines par lesquelles on tente d'éviter d'embraser contre soi l'indignation du monde et par lesquelles on aide les pécheurs à consolider leurs vains espoirs d'échapper aux conséquences de leurs actes !

Aussi, quoiqu'elle ne s’appesantisse pas sur ce sujet, l’Église doit rejeter ces mythes. Lorsqu'il est dit que le Seigneur a dû venir porter le poids de nos fautes (a), qu'il jugera les vivants et les morts et que le pardon des péchés est lié à la foi en l’Évangile baptismal (b), cela veut dire que:

a) le poids de le faute originelle, de laquelle foisonnent des myriades d'autres fautes, est insurmontable pour de simples hommes, d'autant que ces fautes sont commises contre le Dieu éternel.
b) Que si tous seront jugés -- au sens où ils comparaîtront devant Lui (2 Corinthiens 5. 10), cela implique que ceux qui n'auront pas cru seront jugés -- au sens où ils seront condamnés : Jean 3. 18. Condamnés à la mesure de leurs crimes, qui sont des crimes envers l'être éternel et adorable, et pour cela punis éternellement, dans le corps et dans l'âme.

Bien des impies ont finalement protesté contre cette vérité scripturaire, en l'accusant d'être un épouvantail destiné à obtenir des conversions fondées sur la peur. Si nous tenons cette doctrine, ce n'est pas pour "faire peur" mais pour souligner le caractère éminemment sérieux de l'existence humaine, pour faire sentir la réelle gravité du péché, et parce qu'une prédication de l’œuvre du Christ qui ne nous sauverait finalement pas de grand-chose, serait une prédication rabougrie et indigne de ce qu'a fait pour nous notre Seigneur.



2. De l'espérance chrétienne véritable

Si les hommes naturellement issus d'Adam sont solidaires de la faute damnable de celui-ci (cf. Confession d'Augsbourg, article 2 ; Éphésiens 2. 3) et la déclinent, toute leur vie durant, en un éventail de vices affreux, reste la grâce de l’Évangile qui nous fait renaître spirituellement en Christ, pour que sa justice nous soit imputée à salut (Romains 5). Et non seulement cela, mais pour que sa sainteté soit également infuse en nous, et produise des fruits qu'il plaira encore à Dieu de couronner en ses saints, par divers degrés de gloire, dans son Royaume.

C'est ici qu'il convient de souligner, comme le fait le Credo, que cette félicité est à la fois spirituelle et à venir ; que le paradis de Dieu ne saurait consister en une société utopique ici-bas, dans une Histoire qui est au contraire marquée par la flétrissure du péché et de la mort.

Sont donc à rejeter les illusions millénaristes, et notamment le post-millénarisme qui promet collectivement un avenir meilleur, un âge d'or ici-bas, loin de l'adversité et des persécutions.

Plus terrible encore, le tristement célèbre "évangile de la prospérité" (doctrine aussi connue sous le nom de "Parole de foi" / sic) et les fausses promesses de gloire et de richesses matérielles qu'il fait miroiter présentement à des individus désespérés. Contre l'esprit infâme qui meut cette secte, la Bible nous rappelle que l'avarice et la soif de gains sont des péchés pour lesquels les hommes seront condamnés. Qu'ils sont aussi des pièges donnant une amorce aux discours des faux-docteurs et des faux-prophètes. Tout cela se voit dans ce mouvement où Dieu l'on prétend instrumentaliser Dieu lui-même pour accomplir son désir sordide de devenir riche.

Et riche de quoi? De tout ce qui nous rend pauvres devant Dieu : riche d'une idole jalouse de ses droits, avide de grandir et d'être adorée comme un veau d'or.

Vous ne pouvez servir Dieu et l'argent (Matthieu 6. 24) et : gardez-vous des idoles (1 Jean 5. 21); telles sont les assertions scripturaires qui doivent nous éloigner des discours maudits, par lesquels nos regards sont éloignes des cieux.

De même : Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive (Matthieu 16. 24). Telles sont les paroles qui doivent nous garder dans le seul vrai évangile, celui de la croix que le disciple prend à la suite de son Seigneur, avec l'assurance que celui-ci effacera dans son royaume les larmes qu'il aura versées ici-bas.


Bucerian



Commentaires

Anonyme a dit…
L'opposition nudité/couverture prend ici toute sa signification. Car, la damnés seront NUS devant le Dieu SAINT, se voyant sans faux-fuyants, tels qu'ils sont: d'affreux monstres, des moignons dégénérés par le cancer du péché, dévorés par un tourment et une honte éternels, tandis que les fidèles, RECOUVERTS du Christ, de sa justice, serons reconnus et se verrons enfant bien-aimés du Père, dans une extase, un félicité et un bonheur sans fin!

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