Série de réflexions sur une communion orthodoxe (6)








Congrégations, synode et œcuménisme

Au XVIe siècle, l'appel d'un Luther ne consistait pas à réclamer la création de son Église particulière, mais à convoquer un concile libre et général permettant la réforme tant réclamée en Occident, dans la paix et le bon ordre. Le refus obstiné de l'épiscopat obligea les réformateurs et leurs successeurs à mettre en œuvre différents "plans B" improvisés dans les circonstances les plus troublées. De là se sont cristallisées des dénominations a priori irréconciliables, mais qu'un retour à l'initiative originelle, sous la bannière du seul Credo de l’Église de toujours, permettrait sans doute (on l'a vu) de neutraliser.
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Resteraient alors les congrégations, ou Églises locales; et avec ces congrégations, le régime dit congrégationaliste qui fut déjà esquissé par le jeune Luther (*) et dont la légitimité biblique et historique est incontestable (cf. Texte de Lima: Baptême, Eucharistie et Ministères: III. 26).
Néanmoins, le congrégationalisme dont il est question ici - qui reconnaît l'autorité de l'assemblée -  ne saurait être confondu avec l'isolationnisme (Proverbe 24. 6). D'ailleurs, s'il convient que toutes les assemblées confessent la même foi par le même Credo, c'est bien pour leur permettre de cheminer ensemble (le mot "synode" vient du Grec "sunodos": sun/avec, et: hodos/route). Il ne s'agirait pas de créer des "commissions" d'experts et autres rassemblements de délégués chargés de piloter "l’Église" ou de parler en son nom tels des membres d'une curie, mais, par exemple:


  • Permettre la participation (et donc: affirmer la reconnaissance mutuelle) des pasteurs voisins à l'installation des pasteurs nouvellement élus par leurs assemblées - comme le veut un antique usage;
  • être ainsi le moyen d'une inspection mutuelle et fraternelle pour s'assurer qu'aucune nouveauté ne s'infiltre dans la foi des Églises;
  • œuvrer à la mise en commun des moyens d'évangélisation devant permettre l'établissement de nouvelles assemblées.
     
Enfin, puisque les Églises locales sont l’Église du Christ en tel ou tel lieu, et puisque ces assemblées orthodoxes entretiendraient désormais un lien de charité sur la base de leur (confession de) foi commune (le Symbole de Nicée-Constantinople), toute (**) célébration liturgique commune avec des Églises et ministres réfractaires à l'orthodoxie (œcuménisme) serait proscrite. Idem pour la participation à des organisations plus inclusives, telles que la Fédération Protestante de France.
De même, il ne serait pas possible d'ouvrir l'hospitalité eucharistique aux personnes membres de communautés religieuses extérieures.

A suivre...


Bucerian



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(*)  M. LUTHER, Œuvres, tome IV, Qu’une assemblée ou communauté chrétienne a le droit et le pouvoir de juger toutes les doctrines, d’appeler, d’installer et de destituer des prédicateurs, Labor et Fides, Genève, 1958, p. 84.
(**) Allant de la "simple" prière à la célébration eucharistique, en passant par les bénédictions, etc.


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