Annotation Credo # 45


Dans l'attente: la vie nouvelle





Les croyants sont solennellement engagés dans la vie (et donc aussi dans l'attente) chrétienne par le baptême, qui les incorpore au Christ (Galates 3. 28). Pour être évangélique, leur vie et attente (personnelle et communautaire) doit donc être conforme à ce qu'implique le baptême et que le petit catéchisme de Luther nous rappelle très simplement en ces termes: que le vieil homme, qui est en nous, doit être noyé dans une contrition et une repentance de tous les jours, qu'il doit mourir avec tous ses péchés et ses convoitises, et que, tous les jours aussi, doit renaître en nous un homme nouveau, qui vive à jamais dans la justice et la pureté devant Dieu (cf. Romains 6. 4).



1. La liberté des enfants de Dieu

Or il a déjà été dit qu'en Christ, les péchés des croyants ne leur sont plus comptés (le baptême ôte ainsi la coulpe du péché); ce qui leur est imputé, c'est au contraire la justice du Christ. Merveilleux et salutaire échange, dont la foi (qui reçoit et saisit Christ) est le seul moyen!
Un tel homme, justifié devant Dieu, n'est plus sous le joug ou la condamnation de la Loi: plus rien ne le sépare de Dieu et il ne cherche pas à s'ouvrir les portes du Ciel par son mérite ou ses œuvres (cf. Romains 10. 5) : ces portes en effet sont déjà ouvertes par le sang du Christ. Un tel homme, donc, se trouve à présent dans une nouvelle relation avec Dieu; non plus une relation de juge à condamné, ni même de patron à employé, mais une relation filiale, empreinte de liberté.

Cette liberté n'est pas celle de se laisser à nouveau asservir au péché et de persévérer dans l'impénitence: nous ne revêtons pas le nouvel Adam (Christ) pour vivre selon l'ancien (celui qui s'est rebellé contre Dieu)!
Contre ceux qui seraient tentés d'invoquer la justification par la foi seule et la notion de liberté chrétienne pour en faire le voile de leur corruption -- et le fondement de leur impénitence -- Paul écrit d'ailleurs ces lignes éloquentes:
Ne vous y trompez pas: on ne se moque pas de Dieu. Ce qu'un homme aura semé, il le moissonnera aussi.
Celui qui sème pour sa chair moissonnera de la chair la corruption; mais celui qui sème pour l'Esprit moissonnera de l'Esprit la vie éternelle (Galates 6: 7-8). 

La liberté chrétienne authentique est celle que nous donne l'Esprit du Seigneur, de nous faire accomplir volontairement, toujours plus franchement et par amour la volonté de Celui que nous invoquons comme "Notre Père". En ce sens, si l'homme nouveau n'est plus sous la Loi (contraint et condamné par elle), il n'est pas pour autant sans Loi - l'accomplissement de la Loi, ou volonté de Dieu, étant son plaisir et sa joie, ainsi que le rappelle le Psaume 119.

Toujours au nom de cette liberté, le chrétien ne saurait se laisser asservir par des préceptes légalistes et des commandements d'hommes. A ce propos, la Confession de La Rochelle affirme très nettement que les erreurs romaines  telles que les interdits alimentaires, les vœux monastiques, etc. doivent être rejetées "non seulement à cause de l'idée mensongère de mérite qui y est attachée, mais aussi parce qu'elles sont des inventions humaines qui imposent un joug à nos consciences" (article 24).

De même, le Nouveau Testament nous enjoint à censurer ceux qui, à l'instar des Adventistes aujourd'hui, veulent exhumer le sabbat et y lier les consciences alors que, pourtant "en la venue de Jésus-Christ toutes les images et représentations de la Loi ont pris fin"; et que: "quoique les cérémonies de l'Ancien Testament ne soient plus en usage, nous croyons que nous trouvons en la personne du Christ - en qui toutes choses ont été accomplies- la substance et la réalité de ce qu'elles représentaient et signifiaient." (Confession de La Rochelle, article 23).

Pour résumer: la liberté chrétienne est le fruit d'une conscience en paix avec Dieu par le sang du Christ. Pour cette raison Calvin écrivait que cette liberté est "un accessoire de la justification lequel nous peut beaucoup aider pour comprendre la vertu de celle-ci." (Institution chrétienne III. xix. 1).



2. Le bon usage de la Loi

Une fois cette établie la vérité de la liberté chrétienne, il faut reconnaître aussi que l'homme ancien (et le péché), s'il ne règne plus, n'en reste pas moins présent dans la vie du chrétien, jusqu'à son dernier souffle. C'est ce que rappelle le passage du catéchisme cité plus haut: "le vieil homme, qui est en nous, doit être noyé dans une contrition et une repentance de tous les jours".

Cet homme-là est revêche à la Parole de Dieu, réfractaire! et son péché se fait sentir quotidiennement en face de l'homme nouveau et intérieur. Paul décrit ainsi la condition du chrétien: je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l'homme intérieur; mais je vois dans mes membres une autre loi, qui lutte contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif de la loi du péché, qui est dans mes membres (Romains 7). 

Pour ne pas se croire déjà parfait, pour continuer de sentir cette misère et être conduit à la repentance quotidienne, le fidèle a donc encore besoin de la Loi, qui doit mater, détruire les restes de l'homme ancien. 

De plus, pour ne pas acquiescer au péché en étant séduit par la prédication d'un amour en définitive tout charnel (tel que celui qui est largement diffusé de nos jours afin d'asseoir la tolérance et la complaisance envers tout ce que Dieu condamne), il est nécessaire à l'homme de s'aider de la Loi (comme un homme s'aide des conseils reçus dans l'enfance par ses pédagogues) pour régler sa vie. 

Enfin, pour ne pas se laisser entraîner dans des dévotions et des formes de cultes inventés des hommes indépendamment de la Parole de Dieu, il est tout à fait utile et nécessaire aux fidèles de chercher pareillement la volonté de Dieu dans sa Loi (cf. Deutéronome 12. 8, 28,32). 


Tels sont les usages (pousser continuellement au repentir et aider à ordonner sa vie) que le chrétien doit continuer à faire de la Loi (quoiqu'il ne soit plus sous son joug!) en raison de son infirmité et du fait que Dieu ne révèle pas sa volonté, ni ses commandements, autrement que dans sa Parole inspirée. 

Reste un dernier usage, plus communautaire -- et d'autant plus nécessaire à rappeler que les grandes dénominations libérales tendent à l'oublier... 



3. La discipline ecclésiastique 

La Loi qui était utile pour maintenir l'ordre public dans l'ancienne théocratie doit également servir à maintenir la discipline extérieure de l’Église. Si chacun doit effectivement s'examiner lui-même avant de se joindre à la table du Seigneur (cf. 1Corinthiens 11. 28) cela n'exclut nullement que tous soient examinés de sorte que les péchés et scandales publics soient corrigés au sein de l'assemblée au moyen d'exhortations et d'admonitions fraternelles - et, en cas d'impénitence, que ces comportements soient censurés au moyen de l'excommunication (cf. 1Corinthiens 5. 9-13 / 2 Jean 9-11, etc).

De nos jours, hélas, il existe de grandes dénominations libérales qui refusent pour elles-mêmes cet usage de la Loi et qui pervertissent la liberté chrétienne en l'appliquant aussi bien à l'homme ancien et mauvais et aux loups déguisés en brebis. N'importe quel débauché bénissant solennellement la débauche peut faire entendre ET imposer sa voix dans un synode; n'importe quel faux-prophète peut y être pasteur et vomir ouvertement ses blasphèmes pour meurtrir les âmes, du haut de la chaire! En retour, il touche son salaire et reçoit le nom de "frère" de la part de ceux qui font valoir (ô combien discrètement!) qu'ils ne partagent pas tout à fait la même sensibilité théologique (sic).

Dans de telles circonstances, la liberté chrétienne doit aussi servir aux saints en leur permettant de se tenir à l'écart de tels désordres et de faire remarquer que l'ère spirituelle glaciaire qui domine ces communautés ne trouvera son antidote que dans le souffle ardent de la Parole du Salut et non par une brise légèrement tiède qui n'a jamais rien donné.

Bucerian

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