Annotations Credo # 36


"Apostolique"




De nombreuses dénominations semblent considérer que l'apostolicité de l’Église requiert deux éléments cumulatifs:

1) La succession historique des évêques.
2) La continuité spirituelle de la foi.

Or il est vrai que l’Église est un fait qui s'est développé (et continue de se développer) organiquement dans l'Histoire. Nous affirmons volontiers que les fidèles du XXIe siècle tiennent la Bible et leur Credo des fidèles qui les ont précédés dans cette même et unique Église dont ils sont membres -et qui remonte aux apôtres.

Néanmoins, on doit garder à l'esprit, d'une part, que cet organisme (l’Église) est composé de fidèles qui sont tous rois, prêtres et prophètes (sacerdoce universel); d'autre part, que si l'on trouve bien dans cet organisme des ministres élus pour assurer la discipline et pour enseigner, la structure épiscopale telle qu'on la connaît (c'est-à-dire: comme une hiérarchie chapeautant des "prêtres") n'est qu'un aménagement humain. Saint Jérôme l'écrivait, dans son commentaire de l'épître à Tite (chapitre 1):

"Ici donc le mot prêtre est pris dans le même sens que celui d'évêque, et avant qu'à l'instigation du démon, des dissensions et des partis se fussent produits et qu'on eût entendu dire aux fidèles: "Moi je suis à Paul, moi je suis à Appolos, et moi à Cephas" (1Co 1 . 12), les Églises étaient gouvernées par le conseil des prêtres réunis en commun. Mais après (...) il fut décrété comme une règle générale dans tout l'univers qu'un des prêtres serait choisi pour être placé à la tête des autres, pour avoir la sollicitude de toute l’Église et faire disparaître toutes les semences du schisme."

La structure épiscopale dont s'est dotée l’Église antique étant ainsi accessoire, sa pérennité ne saurait être regardée comme un élément essentiel au caractère apostolique (au sens de légitimité historique) de l’Église contemporaine.

Autrement dit: dans une communion orthodoxe, la structure épiscopale a sans doute été un outil relativement efficace contre les schismes. Dans certains endroits, on a d'ailleurs souvent gardé cette organisation, et quelques-uns ont suggéré de la rétablir là où elle était tombée en désuétude (cf: Auguste Lecerf, Études calvinistes, éditions Kérygma, 1999, pages 72-73).

 MAIS si l'épiscopat appartient aux fidèles, le contraire n'est pas vrai. Et l'on se tromperait gravement en se laissant éblouir par l'aura d'une telle institution au point d'y fonder sa foi ou de croire que cet outil anti-schismatique est aussi l'arme ultime contre l'hérésie et l'apostasie. L'histoire, en effet, prouve la possibilité de chutes, tant individuelles (Nestorius) que collectives (la Pentarchie, au temps d'Honorius Ier); or, une fois l'épiscopat devenu opiniâtrement hérétique, ses prétentions à être le seul giron légitime de la vie chrétienne ne sont pas autre chose que de la prévarication (Galates 1. 8-9).
               

Ce qui caractérise donc essentiellement l'apostolicité est le fait d'être établi sur la doctrine et le témoignage des apôtres, c'est-à-dire sur Jésus-Christ, qui est le roc sur lequel est bâtie l’Église (Éphésiens 2: 20, ss/ Matthieu 16: 16, ss/ 1Corinthiens 3. 11, etc.)
Cette prédication apostolique, dont Christ est le cœur, retentit encore aujourd'hui à nos oreilles, par le moyen des Écritures inspirées de Dieu, ainsi que le notait Jean Chrysostome:

« Cette Ecriture, étant inspirée de Dieu, est utile. Qui peut en douter? « Elle est utile pour instruire, pour reprendre, pour corriger, afin que, l'homme de Dieu soit parfait et parfaitement disposé à  toutes sortes de bonnes œuvres ». — « Utile pour instruire ». L'Écriture nous apprendra ce que nous devons savoir, et nous laissera ignorer ce que nous devons ignorer. Si nous avons des erreurs à réfuter, des désordres à redresser, l'Ecriture nous fournira les principes nécessaires. Elle sera bonne aussi pour consoler et pour encourager. « Pour corriger », c'est-à-dire que nous y trouvons de quoi suppléer à ce qui nous manque. — « Afin que l'homme de Dieu soit parfait ». Ainsi les Ecritures sont un encouragement au bien, destiné à conduire l'homme à la perfection. Sans elles, on n'est point parfait. Au lieu de moi, dit saint Paul, vous aurez la sainte Ecriture qui vous apprendra ce que vous voudrez savoir. S'il écrivait ces choses à Timothée qui était cependant rempli du Saint-Esprit, combien plus les écrivait-il pour nous! — « Parfaitement disposé à toutes sortes de bonnes œuvres »: Il ne doit pas se contenter d'y prendre part, il doit s'y exercer à la perfection. »

(St Jean Chrysostome, sur 2Timothée, Homélie IX. 1)


Bucerian

Commentaires

Anonyme a dit…
En un mot comme en cent, la voilà, la continuité, ou succession, apostolique:

"Galates 1, 8 Eh bien! si nous-même, si un ange venu du ciel vous annonçait un évangile différent de celui que nous avons prêché, qu'il soit anathème! Galates 1, 9 Nous l'avons déjà dit, et aujourd'hui je le répète: si quelqu'un vous annonce un évangile différent de celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème!"

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