Annotations sur le Credo (# 32)



"Une"


1. L'unité en Christ

L’Église passe par les eaux baptismales (Éphésiens 5: 25-26) où ses enfants revêtent le Christ (Galates 3: 27) pour se nourrir ensuite continuellement de sa chair vivifiante (Matthieu 26: 26, ss). C'est donc en Lui que les membres de l’Église sont un, tout comme c'est par Lui qu'ils sont unis à Dieu (cf. Jean 17: 21).

Toutefois, cette union n'est pas réalisée mécaniquement, c'est-à-dire par le simple usage extérieur des sacrements -- qu'il s'agisse de celui du baptême ou celui de la Cène.
Si l'on a souvent considéré ces mystères comme des médicaments, ou antidotes contre la mort, il faut préciser que les éléments extérieurs (eau, pain, vin,) en sont alors les excipients, tandis que le principe actif, ce qui sauve, est la Parole, ou l’Évangile uni à eux.
Or, par quel moyen peut être reçue la promesse de l’Évangile, sinon par la foi, et par elle seule (Romains 3: 28)? 

L'unité de l’Église réside donc en Christ, auquel nous participons uniquement par la foi. 



2. La foi et sa confession communes 

Certes, cette foi est une confiance du cœur. Mais, contrairement à l'appui que pensent en tirer aussi bien les libéraux que les piétistes réfractaires à l'orthodoxie, cette confiance ne saurait être une ferveur désincarnée. Elle vise et se fonde au contraire sur une personne, que nos sens perçoivent en vérité comme un homme (1Jean 1: 1-3), mais que l'Esprit divin nous fait discerner comme le Bon berger et le Sauveur de nos âmes (Psaume 23/ Jean 10: 11), c'est-à-dire: Dieu avec nous (Matthieu 1: 23/ Jean 1: 1-14).
Ce Seigneur, dont l'âme régénérée a l'intuition aussi candide que spontanée, l’Église le confesse avec la solennité et la précision dogmatique nécessaires à la préservation et à l'édification de ses enfants.
Or, si l'Eglise doit être une à travers l'espace, elle doit également l'être sous le rapport du temps. Mais quelle foi a victorieusement traversé les siècles (Actes 5: 39) - bien que parfois confessée des lèvres seulement! - sinon celle qui concerne le Christ du baptême (Trinité) et de l'Eucharistie (Incarnation), ce Christ dont témoignent les Écritures théopneustes, auquel on participe par la foi et qui est confessé dans le Symbole de Nicée-Constantinople?...

Telle est justement notre foi; tel est effectivement le témoignage que les siècles ne peuvent entamer, et qui surnage même à la folie schismatique des pécheurs. Telle est la foi transmise aux saints une fois pour toutes. Telle est la vérité en laquelle ils sont unis pour l'éternité.



3. Des sectes

D'où vient alors que l'on observe partout une multitude de dénominations, ou sectes? On a traditionnellement déploré une double cause au scandale: l'hérésie et le schisme. 

Dans le cas de l'hérésie, quelque chose est ajouté, ou quelque chose est ôté au Christ des Écritures, au Christ de la foi.
Qui ignore, par exemple, que le salut par la foi seule est officiellement (Rome) ou officieusement (Byzance) répudié par certains? Qui ignore que le Christ n'est parfois plus qu'un prétexte à l'établissement d'une foi dans des icônes (Byzance) ou dans un pape (Rome)?
Et un prétendu "protestantisme" n'est pas en reste, chez qui le culte de l'Homme et de sa Raison ont éclipsé tout ou presque de la foi traditionnelle. 
Ici règne le culte d'images muettes; ailleurs règne le culte d'un arrogant esprit pythique; là règne la dissolution.
Nous croyons que nous devons nous maintenir à l'écart des assemblées où de telles choses sont reçues, et que "tous ceux qui se mêlent en tels actes et y communiquent, se séparent et retranchent du corps de Jésus-Christ (2 Co 6.14-16; l Co 6.15)" (Confession de La Rochelle, article 28).

Dans le cas du schisme, ce qui manque est la charité: sa prudence, sa circonspection, sa patience, sa sagesse.
Par indifférence pour ceux que l'on blesse (et pour qui, néanmoins, Christ est mort!) on cherche à imposer, opiniâtrement, son savoir.
Par témérité, on ne se satisfait pas des seuls dogmes communément formulés, mais on y ajoute et impose des opinions qui, même orthodoxes, pouvaient néanmoins rester ouvertes et discutées sans grand scandale. Dans ce cas (qui n'est pas rare!) il convient de blâmer la témérité coupable et de rappeler l'urgence d'un inventaire confessionnel, ou dogmatique, afin que chacun se réaligne sur ce qui a été généralement reçu, et reçu comme suffisant à l'hospitalité ou communion eucharistique: la foi du Symbole.



4. L'unité dans la vérité


Saint Augustin nous rappelle cette juste mesure, dans son premier chapitre de La Genèse au sens littéral:

Si l'on veut parler des mystères de la nature, que nous reconnaissons comme l’ouvrage de la puissance divine, il faut le faire non par voie d'affirmations mais par voie de questions; quand surtout on les étudie dans les livres que recommande une autorité divine; car alors l'affirmation téméraire d'une opinion incertaine et douteuse se justifierait difficilement du crime de sacrilège. Le doute cependant ne doit point franchir ici les bornes ni atteindre le domaine de la foi catholique. Et parce que beaucoup d'hérésiarques ont l'habitude de plier à leur sentiment, réprouvé par la doctrine de l'Église universelle, l'exposition des divines Écritures; avant de venir à l'objet particulier de ce livre, il est bon de présenter en peu de mots la foi catholique. La voici: C'est par son Fils unique, qui étant sa Sagesse et sa Vertu lui est consubstantiel et coéternel, et en unité du Saint-Esprit qui est aussi de même substance que lui et possède la même éternité, que Dieu le Père Tout-Puissant à tiré du néant et formé tous les êtres de la création, etc.


Conclusion

Le mouvement œcuménique moderne tend à sacrifier la vérité sur l'autel de l'unité des dénominations. L'unité de l’Église est tout autre, puisqu'elle repose sur la vérité éternelle.
Il n'y a pas à élaborer une vérité nouvelle, ni à nous efforcer de porter un regard novateur sur elle (un regard tel que l'on pourrait continuer de retrancher ou ajouter à Christ, par exemple), mais en revenant à la seule vérité qui a toujours été professée, et en nous dépouillant de l'homme ancien qui tend à nous en éloigner.



Bucerian




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