Annotations sur Credo # 29





"Il a parlé par les prophètes"


Contrairement aux idoles muettes, Dieu parle. Sans cela, malgré les "lumières naturelles", malgré la "révélation générale" du "livre de la nature" il serait impossible à l'homme (surtout l'homme déchu), de s'élever jusqu'à Dieu pour le connaître (surtout comme Sauveur).
Dieu a parlé: notre connaissance de Lui ne saurait donc se réduire à un vague sentiment, mais doit consister d'abord en une ferme connaissance de sa bonne volonté, qui est présentée en cette Parole prophétique et qui concerne son Fils Unique, Jésus-Christ, notre Seigneur (cf. Romains 1. 2-4).

Que l’Église chrétienne affirme l'inspiration divine des "prophètes" (terme qui évoque surtout les auteurs de l'Ancien Testament) indique son intention de réfuter les doctrines de l'hérésiarque Marcion, selon qui l'Ancien Testament aurait été inspiré par un autre esprit que Celui du Christ -- et serait à rejeter. 
Ce faisant, il est évident que l’Église chrétienne affirme avec non moins de vigueur l'inspiration des livres du Nouveau Testament (cf 2 Pierre 3. 15-16, etc.)
Il convient donc de noter que la présente assertion du Credo s'entend essentiellement des Écritures saintes, parce que c'est "dans l’Écriture" (2 Pierre 1. 20) que nous trouvons ce qui a été dit "de la part de Dieu" (2 Pierre 1. 21).

C'est ainsi que nous lisons que l'apôtre Paul, prévoyant son martyr, recommandait son disciple Timothée aux soins de cette Écriture sacrée:
... 15 dès ton enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi en Jésus Christ. 16 Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, 17 afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre. (2 Timothée 3. 15-17).

Ce passage nous parle de la finalité des Écritures (1) donc aussi de la puissance et autorité qu'elles possèdent (2)  et de l'usage qu'il convient d'en faire (3).




1. Finalité:


La finalité des Écritures est de rendre sage à salut par la foi en Jésus Christ et permettre ainsi à l'homme de Dieu d'être accompli et propre à toute bonne œuvre. C'est que, de bout en bout, ces Écritures témoignent de Jésus-Christ (Jean 3. 39) pour engendrer la foi en ce Sauveur (Jean 20. 31), nourrir et édifier intérieurement (Matthieu 4. 4), etc. 

Les pécheurs que nous sommes ont souvent tendance à négliger l'étude des Écritures (paresse, présomption d'être suffisamment fort...) ou à y chercher autre chose que ce dont elles nous parlent (un système économique, des idées politiques, etc.)
C'est une double erreur! D'une part, parce qu'il est certain que "mépriser les Écritures, c'est mépriser le Christ" (selon une formule bien connue de st Jérôme).
D'autre part, parce qu'il est certain que "les Écritures doivent être lues avec l'intention d'y trouver Christ. Qui s'écarte de ce but, se fatiguera toute sa vie dans l'étude sans jamais parvenir à la connaissance de la vérité" (J. Calvin, commentaire de l’Évangile selon Jean, 5. 39).


2. L'autorité:


La Parole de Dieu, c'est évident, ne tire pas son autorité des hommes, ni même de l’Église, mais de Dieu qui, par ce moyen, parle aux hommes et établit son Église. Bien que l’Église chrétienne nous fasse connaître qu'il y a une Écriture sainte, c'est toutefois Dieu Lui-même, l'auteur des Écritures, qui authentifie Sa Parole à nos cœurs et nous persuade de sa Vérité... Mais la Vérité, Jésus-Christ (que les Écritures nous présentent comme dans un miroir), est justement insupportable aux pécheurs. Que de fois ont-ils tenté de briser ce miroir, de l'accuser d'être sale, difforme, craquelé ou trop étroit pour refléter parfaitement le Sauveur...
La liste des accusations serait longue; il convient de se préserver de leur venin.


A) La Bible est claire

On a prétendu que les Écritures étaient obscures, qu'il était donc inutile de les lire et qu'il valait mieux confier cette tâche à un magistère (de clercs ou d'universitaires) pour s'en remettre à ses explications. C'est ainsi par exemple qu'on a forgé le magistère papal, par lequel l’Évangile a été finalement balayé de la communion romaine, dans l'indifférence générale. Luther dénonçait ce stratagème et ses funestes conséquences, lorsqu'il écrivait à l'humaniste Erasme que c'était ''avec des épouvantails de cette espèce que Satan a détourné les gens de la lecture des Lettres sacrées et a rendu méprisable l’Écriture sainte pour faire régner dans l’Église les pestes qui sont les siennes, à partir de la philosophie" (Luther, Traité du Serf Arbitre, Préface).

Or, s'il est vrai qu'il y a dans les Écritures des passages difficiles (en raison de notre ignorance de l'histoire, de la grammaire, du vocabulaire, etc.) les Écritures restent néanmoins claires! Leur message est clair, même si les endurcis, étant aveuglés, n'en comprennent rien! Mais cet aveuglement ne peut servir à nier la clarté des Ecritures, pas plus que la cessité d'un homme ne peut servir à nier que la lumière du soleil est suffisante pour voir en plein jour.
Chaque fidèle comprend le message des Écritures et joint sa voix au témoignage que l’Église, l'épouse de Jésus-Christ, rend au Dieu vivant, dans son Credo.



B) La Bible ne contient pas d'erreurs

Les libéraux prétendent qu'on peut et doit concéder qu'il y a des erreurs dans la Bible (surtout en matière de sciences naturelles, physiques, humaines, etc.) d'autant que la Bible "n'est pas un manuel de sciences". A priori, on serait tenté de concéder que cela ne fait aucune différence et que la foi et la morale chrétiennes (l'essentiel) ne sont pas affectées par d'hypothétiques erreurs non dogmatiques.

Mais combien de temps la Bible peut-elle rester l'autorité ultime, une fois que l'on a admis l'idée, toute sacrilège, selon laquelle elle serait criblée d'opinions, de préjugés et de connaissances aujourd'hui dépassées?...
L'exemple le plus typique est sans doute celui de l'évolutionnisme, que certains tentent parfois de concilier avec le récit biblique -- ou plus exactement: à la "lumière" duquel ils tentent, bien en vain, de relire "corriger" la Bible.
Qu'en résulte-t-il pour la foi?
Une inversion de sa logique (notamment, du rapport entre le péché et la mort) et, à terme, un effondrement de toute sa vie. Il apparaît ainsi que les paroles arrogantes des libéraux visent à détricoter l'autorité biblique en commençant par un maillon qui semblera à beaucoup (mais bien à tort!) anodin.

Il convient donc de reconnaître que la Bible n'est pas un manuel de sciences, tout en maintenant qu'il ne s'y trouve pourtant aucune erreur (dans aucun domaine) et qu'elle reste, dans tout ce qu'elle dit, la Parole sure et infaillible de Dieu (Psaume 119).


C) La Bible est suffisante

Le Judaïsme a prétendu que Dieu aurait transmis à Moïse, au Sinaï, des prescriptions qui seraient restées orales. Pourtant, nous voyons que la Loi donnée à Moïse se réduit aux Livres et qu'il n'est fait nulle mention de prescriptions supplémentaires (Josué 1. 7-8).
Le papisme et le byzantinisme ne sont pas en reste: l'un et l'autre affirment que l’Église tient des apôtres des traditions non-écrites dans la Bible et qui possèdent néanmoins une même autorité; et c'est au nom de cette tradition qu'ils ont approuvé le culte des images: "... nous gardons sans rien innover toutes les traditions ecclésiastiques, qu’elles nous aient été confiées par écrit ou sans écrit" (extrait du Horos du conciliabule de Constantinople-Nicée / plus connu comme: "deuxième concile de Nicée").

Mais si les Écritures n'étaient qu'une partie du canon (ou règle) de notre foi, et qu'un champ de traditions au contenu indéterminé venait les compléter (ou s'y substituer) jusque dans la formulation de dogmes, notre foi n'aurait en réalité qu'un seul canon: le bon vouloir et les caprices des clercs initiés à la gnose verbeuse, prétendument apostolique. 
Et Paul ne pourrait pas affirmer que les Écritures peuvent rendre sage à Salut!
Nous approuvons donc le propos de st Irénée de Lyon, qui affirmait que toute la doctrine de notre Seigneur est prêchée dans les Écritures (Contre les Hérésies 4. 66).



D) La Bible -t-elle été corrompue?

C'est ce que prétendent les musulmans, (contre l'avis même du coran) ainsi que les illuminés de la "haute critique biblique".
De même, des régiments d'ignares se sont persuadés, sur la base de théories complotistes et d’œuvres telles que "Da Vinci Code", que la Bible avait été altérée, cachée dans les caves du Vatican, et qu'on n'en aurait plus aujourd'hui que des contrefaçons.
Les uns s'imaginent que c'est pour cette raison que Mahomet est introuvable dans les Écritures, que Jésus y est présenté comme le Fils de Dieu, crucifié et ressuscité.
Les autres se plaisent pareillement à imaginer un autre Jésus que le seul vrai Jésus (celui qu'ils abhorrent): leur Jésus, bien qu'inaccessible, devait être un hippie marié en concubinage, qui ne croyait pas aux peines éternelles et qui souscrivait au relativisme.

Mais rien de cela n'est vrai: le Seigneur a affirmé que ses paroles ne passeraient point (Matthieu 24. 35).
L'idée de la corruption des Écritures n'a pas non plus de sens: si Dieu a fait écrire sa Révélation, c'est justement pour qu'elle traverse victorieusement l'espace et le temps. Prétendre que ce dessein divin a échoué, c'est blasphémer.


3. L'usage: 


"Enseigner, pour convaincre, pour corriger, instruire dans la justice". L'étude de la Parole de Dieu est utile à la piété personnelle et à l'édification collective.
Pour la piété personnelle, car elle élève l'âme à Dieu. Luther disait ces choses merveilleuses au sujet de la Parole de Dieu:

"Autrefois sous la papauté, on faisait des pélerinages pour visiter es saints. On allait à Rome, à Jérusalem, à Saint Jacques de Compostelle, pour l'expiation de ses péchés. Aujourd'hui, nous pouvons faire des pélerinages chrétiens dans la foi. Quand nous lisons avec soin les prophètes, les psaumes et les évangiles, nous allons, non pas par la ville sainte, mais par nos pensées et nos cœurs, jusqu'à Dieu. C'est là visiter la véritable terre promise, et le paradis de la vie éternelle"


Au chapitre collectif, ecclésial, l'usage de la Parole de Dieu ne doit pas seulement servir à prêcher la bonne doctrine, mais aussi à réfuter les erreurs qui lui sont contraires, et à en éloigner les âmes:
"Prêche la parole, insiste dans toutes les occasions; reprends, censure, exhorte avec toute douceur d'esprit, et avec doctrine." (2Timothée 4. 2).
Aussi Paul enseigne-t-il à "exhorter selon la saine doctrine et de réfuter ceux qui la contredisent" (Tite 1. 9)
Selon cet Esprit, l’Église n'a pas seulement résumé positivement sa foi (dans le Credo) mais a aussi dénoncé et condamné les doctrines contraires: que l'on pense à la condamnation de l'arianisme, dans le Symbole de Nicée; aux 12 anathématismes de Cyrille d'Alexandrie, au concile d’Éphèse; ou à la condamnation des trois chapitres, au concile de Constantinople II...
De nos jours, les communautés libérales (comme l'EPUdF) ne se soucient plus de cette nécessité et s'arrangent pour formuler des "déclarations de foi" suffisamment vagues pour que tous les ennemis de la saine doctrine puisse cohabiter avec les tièdes de leur dénomination.

Cette attitude ne peut conduire qu'à des catastrophes, ainsi que nous le lisons dans les lettres aux sept Églises, du livre de l'Apocalypse -- et comme nous le voyons à notre époque, en considérant le degré d'apostasie de ces dénominations fanfaronnes et ignorant leur misère.
 
Mais il ne convient pas de parler plus longtemps de ces gens et de leur mépris de la Parole de Dieu.
=
=
Que le Seigneur soit loué pour le grand bienfait de Sa Parole, et qu'il mette en nos cœurs le désir de l'étudier et d'en être nourris à salut par la foi  en Jésus-Christ, nous détournant toujours plus de idoles et des mensonges de ce monde, amen!

Bucerian

Commentaires

Anonyme a dit…
La Bible est la parole du Dieu TRINITAIRE. A ce titre, c'est le Symbole originel de Nicée-Constantinople, avec ses précisions conciliaires (325-1536), qui est la formulation officielle, inerrante et infaillible de cette parole de Dieu scripturaire. A cet égard, toute autre exégèse est nulle et non avenue.

Posts les plus consultés de ce blog

Parlez de Jésus-Christ, ou taisez-vous

Sacrement de confesse?

Attestant n'est pas confessant