Annotations sur le Credo # 27


"Il crée la vie"


Les hommes investissent des efforts considérables dans le but de découvrir l'origine de la vie.
Dans une perspective matérialiste et naturaliste, il faudrait que soit possible un passage de la matière inerte à un organisme (vivant)  au moyen d'un rocambolesque concours de circonstances. Ce schéma nous ferait presque penser aux procédés du professeur Frankenstein pour éveiller sa créature -- à la différence que Frankenstein poursuivait consciemment un but, chose que les naturalistes nient pour le réel: selon les articles de leur religion (qu'ils se plaignent de ne pas pouvoir imposer à tous les enfants), tout ne serait que le fruit du hasard.





Or nous sommes chrétiens et nous ne croyons pas à cette grotesque histoire de génération spontanée - pas plus que nous ne croyons qu'une fois la vie apparue, un crapaud aurait pu être transformé en prince charmant, par la baguette de la fée Hasard.
Et une fois de plus, le Credo nous donne l'occasion d'affirmer le dogme de la Création opérée par Dieu notre Père, qui, par sa Parole et avec son Esprit, a créé jusqu'à la plus petite particule de matière, à partir de rien (ex nihilo) et qui a aussi donné la vie à des créatures végétales, animales et rationnelles. 
Magnifique et émouvante vérité que l'on s'acharne à nier dans le but manifeste de produire des consommateurs dociles et inconscients de leur dimension spirituelle.

Néanmoins, il y a un sens plus profond, dans lequel nous disons que l'Esprit saint donne, ou crée, la vie.
C'est, évidemment, au sens spirituel et salutaire.
Car c'est l'Esprit saint qui, par sa toute puissance, suscite la foi au cœur de certains hommes (Actes 16. 14), afin de les unir à Jésus-Christ et de leur appliquer les mérites de sa Passion, d'en faire de nouvelles créatures et des enfants de Dieu (Jean 1. 12), pour persévérer, infailliblement, jusqu'à l'heure de leur mort.
Dire que l'Esprit nous donne la vie présuppose que les hommes [en raison de la chute d'Adam, qui fut notre souche naturelle autant que notre chef légitime] sont corrompus et spirituellement morts, dès le sein maternel (Éphésiens 2. 1).
Triste constat sur la nature humaine, qui s'est abîmée dans sa révolte contre Dieu! C'est un constat qui nous amène aussi à désespérer de nous-mêmes et à n'avoir notre assurance que dans l'Esprit saint, qui nous applique gratuitement le Salut, par pure grâce.

Conformément aux Écritures, l’Église chrétienne confesse que Dieu sauve; il sauve entièrement; il est l'auteur du Salut, de A à Z. Il ne donne pas une chance d'avoir la foi ou d'y rester, mais il donne la foi et la persévérance finale (Philippiens 1. 29) .
Ainsi, le chrétien doit savoir et reconnaître, pour droitement adorer Dieu et pour posséder une ferme assurance, que tout son Salut ne repose que sur la grâce de Dieu (sola gratia!), sur sa miséricorde et sur sa puissance invincibles (cf. Romains 8. 38-39).


Objection et réponse


Contre cette magnifique vérité biblique (qui anéantit toute fierté humaine et glorifie Dieu) des hommes, tout au long de l'histoire, ont émis des objections:
Pélage, Erasme, Arminius, Molina, Wesley... tous ont suivi l'opinion selon laquelle, si Dieu ne sauve pas efficacement tous les hommes, c'est parce que sa grâce efficace -- ou irrésistible -- n'existe pas.
Qu'il serait injuste, de la part de Dieu, de choisir de sauver effectivement certains hommes (ses élus) et de refuser cette même grâce aux autres, pour les abandonner au pouvoir de leur péché, les endurcir et les voir perdus éternellement (Romains 9).
Toutes ces objections indiquent que ceux qui les font se fondent sur le magistère de leur raison (une raison limitée et corrompue par le mal!)
Quant à nous, notre raison n'est pas notre Dieu.
Nous croyons (avons confiance) en Dieu, et pour lui rester fidèles, il convient que nous nous souvenions des trois lumières (rappelées par Luther), et des enseignements qui en découlent: 

A la lumière de la nature, écrit Luther, c'est un point insoluble qu'il soit juste que l'homme bon soit affligé et que le méchant se porte bien. Mais ce point est résolu par la lumière de la grâce.
A la lumière de la grâce, c'est un point insoluble que Dieu damne celui qui, par ses propres forces, ne peut faire autrement que pécher et être coupable. Ici, aussi bien la lumière de la nature que la lumière de la grâce énoncent que la faute incombe non à l'homme misérable mais au Dieu injuste; car elles ne peuvent porter un autre jugement sur Dieu, qui couronne gratuitement, sans mérites, un homme impie, et ne couronne pas mais damne un autre homme, qui est peut-être moins, en tout cas pas plus, impie.
Mais la lumière de la gloire énonce autre chose -- et Dieu, dont le jugement relève maintenant de son incompréhensible justice, elle nous le montrera alors comme relevant d'une justice très juste et très manifeste, pourvu simplement qu'en attendant nous croyions à cela, avertis et affermis par l'exemple que donne la lumière de la grâce, qui accomplit un miracle semblable à l'égard de la lumière naturelle.
(Luther, Traité du Serf arbitre, Partie III, Gallimard, 2001).


Bucerian


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