Annotations sur le Credo (17)




"Il a été crucifié pour nous, sous Ponce-Pilate, il a souffert et a été enseveli."


On peut dire, à propos de la Chute et révolte d'Adam, que "ç'a été (...) une impiété monstrueuse, que celui qui ne faisait que sortir de terre, ne se soit contenté de ressembler à Dieu, sinon qu'il fut son égal" (J. Calvin, Institution de la Religion Chrétienne [IRC] II, i, 4).

En commettant ce crime, le chef de l'humanité échouait lamentablement à satisfaire les termes de ce qu'on a appelé "l'alliance des œuvres", c'est-à-dire, d'entrer en possession de la félicité éternelle par son obéissance (cf. Galates  3. 12).
Dès lors, seul Dieu, en s'abaissant jusqu'à lui, pouvait relever l'homme de cette terrible ruine, et c'est précisément ce qui arriva en la Personne de Jésus-Christ (Philippiens 2. 5-11). Non pas que le Fils de Dieu cessa d'être Dieu (ce qui aurait été impossible) mais il accepta de s'humilier et de renoncer pour un temps à recevoir, ici-bas, l'honneur qui lui était dû: Lui, le Fils éternel de Dieu, assuma la nature humaine; et même ainsi, il ne parut pas comme un roi vénéré des hommes - à la manière d'un César -  mais comme un humble serviteur (2Corinthiens 8.9 / Matthieu 8. 20, etc.)

Là, depuis son plus jeune âge (cf. Luc, chapitre 2), Jésus rendit la parfaite obéissance dont Adam s'était montré incapable. Et non seulement cela, mais, à la différence d'Adam (qui devait seulement s'abstenir de consommer un fruit), le Christ, nouvel Adam, dut accepter de boire la coupe que les hommes s'étaient mérité: la mort (Genèse 2. 17).

Cela, Celui qui est Dieu et homme le fit, comme Dieu et homme, par pur amour et volontairement, "parce que le sacrifice n'eut profité de rien à la justice, s'il n'eut été offert d'une franche affection" (J. Calvin, IRC II, xvi, 5).
Ayant ainsi mérité la vie pour nous, ayant chèrement payé pour nos fautes, le Seigneur nous donne à présent, gratuitement, cette Vie éternelle: rien n'est à ajouter, rien n'est à parfaire dans cette œuvre de valeur infinie. Tout cela (le Christ et ses biens) doit, simplement, être reçu par la foi - et ne peut d'ailleurs être reçu que par la foi: par la foi seule (sola fide).

Louons donc le Seigneur, Notre grand Dieu et Sauveur, en annonçant ses œuvres, et en nous souvenant toujours des implications, dans nos vies, cette grande vérité que magnifiait st Augustin (dans sa Cité de Dieu): 

"deux amours ont fait deux cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, a fait la cité terrestre; l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi, a fait la cité céleste.
L’une se glorifie en elle-même, l’autre dans le Seigneur. 
L’une demande sa gloire aux hommes ; pour l’autre, Dieu témoin de sa conscience est sa plus grande gloire. L’une dans sa gloire dresse la tête ; l’autre dit à son Dieu : « Tu es ma gloire et tu élèves ma tête. » (Ps 3, 4). L’une, dans ses chefs ou dans les nations qu’elle subjugue, est dominée par la passion de dominer ; dans l’autre on se rend mutuellement service par charité, les chefs en dirigeant, les sujets en obéissant. L’une en ses maîtres, aime sa propre force ; l’autre dit à son Dieu : « Je t’aimerai, Seigneur, toi ma force » (Ps 17, 2)."

Bucerian

Commentaires

Anonyme a dit…
Remarquons, par ailleurs, que la SEULE historicité nécessaire au récit biblique, se trouve condensée dans l'allusion au procurateur de Judée. Car, même l'existence et la chute adamiques sont objets de Foi, parce qu'impliqués par la mort, la Résurrection et l'Ascension du Christ, sous Ponce Pilate.
Comment peut-on considérer que le Dieu de la Bible est un Dieu d'amour inconditionnel à l'homme alors qu'il l'a dès le départ soumis à l'épreuve, à la tentation et à la punition?
Anonyme a dit…
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