L'Evangile éternel

Je vis un autre ange
qui volait par le milieu du ciel,
ayant un Évangile éternel,
pour l'annoncer aux habitants de la terre,
à toute nation, à toute tribu,
à toute langue,
et à tout peuple.
(Ap.14/6) 





La doctrine chrétienne a cette spécificité qu'elle consiste à discerner les contours de la figure de Jésus-Christ, plutôt que de se cantonner à une simple exégèse coranique du dépôt révélé. En effet, la Bible est la parole du Dieu Trinitaire, dont il faut déjà avoir formulé la nature, bien avant d'aborder quelque question de méthode, au sujet des prolégomènes théologiques. Cela revient à affirmer la dialectique Écritures/Tradition, comme condition de possibilité de toute élaboration dogmatique. A ce titre, c'est, donc, «in media res » que la pratique herméneutique devra s'inscrire. Autrement dit, c'est la Personne de Jésus-Christ dont il aura fallu exposer l'identité, avant même toute interrogation sur le statut des Écritures, puisque celles-ci sont paroles du Dieu trinitaire. Ainsi, parce que la Bible n'est pas, comme l'alcoran, un livre tombé du ciel mais une bibliothèque sacrée, alors c'est au sein du multiple scripturaire qu'il faudra aller chercher l'unité de la Foi chrétienne. 

Or, à moins de recommencer mille fois les mêmes péripéties, la théologie chrétienne devra se baser sur le témoignage catholique de l'universalité du sacerdoce des baptisés, consigné dans la tradition ecclésiale, conforme aux Écritures, pour extraire cette unité de la Foi, autrement dit: l'Évangile. Car, le Saint-Esprit ne saurait ni contredire les Écritures ni abandonner l'Église. C'est pourquoi, l'Église a professé cet Évangile, dans le Symbole de Nicée-Constantinople inaltéré, tel qu'interprété par les sept conciles œcuméniques catholiques confessants, lesquels s'échelonnent de 325 à 1536. Aussi bien, devons-nous admettre que c'est l'Évangile, dogme et morale, qui est, en définitive, la parole de Dieu de la Bible. C'est pourquoi, il est impossible de s'extraire absolument de la dialectique Écritures /Tradition, si nous voulons savoir quelque chose de Jésus-Christ. 
 
      Toutefois, cet Évangile, formulé par l'Église, conforme aux Écritures, adéquat à son objet, Jésus-Christ, par sa durée même, selon Héb.13/8-9, Jd.3 et Ac.5/33-42, entre autres, possède une trame bien à lui, qui nous permet de demeurer orientés sur sa fin essentielle: le salut du genre humain. Car, en dépit de toutes les précautions confessionnelles, il en est qui ont voulu réduire l'Évangile à quelqu'opinions gnostiques, au moyen de discours captieux. Par conséquent, la plus grande clarté s'impose au sujet de l'Évangile que nous recevons. Cet Évangile est celui, vertical, du Dieu  trinitaire et, horizontal, du Verbe incarné.  
       
      En effet, c'est au Père que le Christ, en tant que Dieu nous a reliés, et en tant qu'homme qu'il l'a pu. L'importance de cette relation au Père vient du fait qu'origine de la Trinité, le Père est source de toute béatitude, créée et incréée. Les ss. Athanase d'Alexandrie, Grégoire de Naziance et autres Pères de l'Église parlaient de divinisation, afin de souligner la profondeur de cette relation. Sur un registre plus moderne, nous traduirons ce terme par celui d'alliance. Ainsi, le Père est le terme de cette Alliance, puisqu'en tant que Dieu, il est la source de tout bien, le Fils incarné, le moyen objectif de celle-ci, car, opérant, dans l'unité de sa Personne divine, l'unité de cette alliance, entre le Père et les hommes. Enfin, le Saint-Esprit est le moyen subjectif de l'Alliance, puisque lui seul, parce que Dieu, est à même de révéler la divinité du Christ à notre entendement, en créant notre Foi. C'est par son moyen, d'ailleurs, qu'il nous incorpore à Jésus-Christ, puisque nous croyons une Personne, possédant une identité, non une simple vérité abstraite. C'est de cette façon que le Saint-Esprit  réalise l'unification du multiple, au sein de l'unité de l'alliance réalisée en J-C. Ainsi, la Foi comporte-t-elle une dimension indubitablement existentielle, comme l'avait noté Kierkegaard, laquelle, reconnaissant Jésus-Christ comme sauveur, autrement dit, comme Chef de l'humanité par grâce, nous rend membres de celui-ci, nous incorporant, de ce fait, à Lui. En conséquence, les bienfaits de l'alliance, conclue entre lui et le Père, s'appliquent-ils à nous. C'est en cet "admirabile commercium", ce joyeux échange, que consiste notre salut. Voilà, donc, la raison pour laquelle l'Évangile éternel est l'unique parole de Dieu dite aux hommes, puisque cette parole nous révèle Dieu en son engagement total, pour nous et malgré nous, en tant que Dieu trinitaire et incarné, en Jésus-Christ. C'est, aussi, pourquoi, toute la théologie se résume à approfondir le Mystère du Christ, selon le mot célèbre de l’Apôtre. 
 
 
Athanasius

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