Confession d’Augsbourg et temps des réformes


Confession d’Augsbourg

et

temps des réformes


Ecclesia apud nos docent

(C.A.I)

     

      Ce n’est plus une nouveauté  d’affirmer que le seizième siècle a vu l’Église latine se diviser en deux réformes, l’une tridentine, l’autre protestante (Chaunu, Delumeau). En effet, bien que recevant toutes deux, nominalement, la tradition de l’Écriture et du Symbole (Gallicana, Anglicana, synode de Trente), tout leur effort doctrinal  semble avoir porté sur les coutumes de l’église médiévale, soit pour les entériner (tridentins), soit pour les récuser (calviniens), ainsi, en ce qui concerne le couple, « sacramentel », baptême-pénitence…

      Or, on oublie trop souvent, presque sciemment, d’analyser la véritable via media que constitue la rédaction de la confession d’Augsbourg inaltérée. Car, une analyse un peu fine nous révèle que l’Augustana se comprend, elle-même, comme une simple interprétation scripturaire (juxta scriptura) de la tradition ecclésiale. Il est évident, par exemple, que c’est le Symbole de Foi (apostolique et nicéno-constantinopolitain) qui est l’objet central de ce texte, comme l’indiquent ses articles XX et XII. Parce que c’est la question de la rémission des péchés, post-baptismaux, qui en constitue l’originalité foncière, compte tenu de l’article baptismal du Symbole inaltéré de 381, puisque même la confutatio n’avait pas cru bon de rejeter l’article IV de ladite confession…

      En conséquence, nous devons donc admettre que la démarche de la confession d’Augsbourg n’a jamais consisté en autre chose qu’en une intelligence de la Foi, selon le principe de la fides quarens intellectum, où la Foi, comprise comme tradition du Symbole de Foi, du Décalogue ou des coutumes, doit être reçue à la lumière des Écritures, dans la mesure où la tradition ne dément pas l’Écriture, non pas en ce qu’elle se trouverait pas corroborée par l’Écriture. D’ailleurs, l’absence de mention du canon scripturaire est suffisamment  éloquente  à ce sujet, car toute prise de position, à cet égard, aurait eu pour effet de métamorphoser le paradigme biblique, de sa fonction négative, de juxta scriptura, en statut coranique de sola scriptura.

      De sorte que, nous devons admettre que, tant la position  réformée que sa contrepartie tridentine, repose sur une caricature coranique du rôle du texte sacré, pour le refuser ou le défendre. Aussi, il n’y a eu réforme que chez les réformés et les papistes, en aucune façon l’Augustana invariata ne s’est-elle détournée de la tradition catholique, dont elle est le seul représentant valable, depuis le schisme romano-byzantin de l’an mil (1054). 

      C’est pourquoi, un Chaunu a-t-il eu grandement tort, dans sa préface à la traduction française de la version  latine de l’Augustana, de la considérer comme un produit de la tradition non assumée de l’Église. Au contraire, s’il y a tradition véritable depuis le schisme, c’est bien la confession d’Augsbourg qui en témoigne, tradition chrétienne qui, seule, peut faire  face aux avatars et  autres épigones contemporains du gnosticisme, forte de sa durée, selon Ac.5/33-42, Jd.3 et Héb.13/8-9. 

      C’en est, donc, bien fini de ce mythe papiste de réforme, si nuisible à l’équilibre théologique de la Foi, lorsqu’on considère les dérives modernistes et fondamentalistes occasionnées par la conception coranique du texte biblique, une fois admise la réelle démarche de l’Augustana, en tant que pur produit de la seule et unique  tradition catholique authentique. J’ai dit.  
Athanasius

Commentaires

Anonyme a dit…
La confession d'Augsbourg a été un printemps dans l'Église. La racine n'était, donc, pas morte (Rom.11/16)!
Anonyme a dit…
La confession d'Augsbourg, comme simple interprétation, de l'article baptismal, du Symbole de Nicée-Constantinople, inaltéré, à la lumière du canon scripturaire, profite de la même trans-hisoricité que la Foi dudit Symbole (Ac.5/33-42, Jd.3, Héb.13/8-9). De sorte que, grâce à son inscription dans la durée de la Foi catholique, il évite tout soupçon d'aliénation idéologique, au sens marxiste, même s'il fut rédigé part une élite.
Anonyme a dit…
La confession d'Augsbourg, comme simple interprétation, de l'article baptismal, du Symbole de Nicée-Constantinople, inaltéré, à la lumière du canon scripturaire, profite de la même trans-hisoricité que la Foi dudit Symbole (Ac.5/33-42, Jd.3, Héb.13/8-9). De sorte que, grâce à son inscription dans la durée de la Foi catholique, elle évite tout soupçon d'aliénation idéologique, au sens marxiste, même si elle fut rédigée par une élite.
Peut-être faut-il néanmoins noter que la Confessio Galicana est intégrée à raison dans nos références car la Confession d'Augsbourg n'est pas un texte fermé (sa conclusion reconnaît la possibilité de compléter son propos) et que, dans la perspective de son contenu (qui est tout à fait orthodoxe et légitime)la Galicana peut être considérée, à juste titre, comme un complément qui a l'avantage d'être systématique, et approfondi.
Anonyme a dit…
La Gallicana et l'Anglicana ont été traités comme des unités autonomes, dans cet article. Néanmoins, comme suite du débat amorcé à Augsbourg, elles peuvent regardées comme un authentique complément doctrinal.

Athanasius

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