Jean 21 et l'hérésie papiste

 
 
Le 21e chapitre de st. Jean fait partie des textes régulièrement invoqués par Rome pour soutenir ses prétentions à une juridiction universelle des papes sur les Eglises.
Bien que ce texte ne soit a priori qu'un passage où Jésus réhabilite st. Pierre dans la charge commune à tous les Apôtres (et ce autant de fois que celui-ci avait blessé son âme en reniant son maître), toutefois, puisque les papistes ne peuvent jamais rien lire sans chercher (en leur faveur) les mots "Pouvoir" et "domination", nous nous accommoderons dans cet article de leur faiblesse (toute charnelle) afin de voir si, même avec une telle grille de lecture, il est légitime d'ajouter à tout ce vocabulaire le mot "absolu".
 
 
 
Jean XXI. 15-17:
 
Après qu'ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre: Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu plus que ne m'aiment ceux-ci? Il lui répondit: Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. Jésus lui dit: Pais mes agneaux.



Il lui dit une seconde fois: Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu? Pierre lui répondit: Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. Jésus lui dit: Pais mes brebis.



Il lui dit pour la troisième fois: Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu? Pierre fut attristé de ce qu'il lui avait dit pour la troisième fois: M'aimes-tu? Et il lui répondit: Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t'aime. Jésus lui dit: Pais mes brebis.

 

Interprétation papiste:


... le Seigneur dit à Pierre lui- même : " Pais mes brebis ". Il dit " mes " en général, et non telle ou telle en particulier, d'où l'on comprend que toutes lui ont été confiées. Si donc les Grecs ou d'autres disent qu'ils n'ont pas été confiés à Pierre et à ses successeurs, il leur faut reconnaître qu'ils ne font pas partie des brebis du Christ, car le Seigneur dit lui-même en Jean : " il y a un seul bercail, un seul et unique pasteur "
(extrait de la Bulle Unam Sanctam, de Boniface VIII).

 
 
Réponse:
 
St. Paul était-il une brebis du Christ?
Oui.
Pourtant, il n'était pas soumis à st. Pierre, et ce n'est pas Pierre qui le paissait (Galates 1. 15-17):


Mais, lorsqu'il plut à celui qui m'avait mis à part dès le sein de ma mère, et qui m'a appelé par sa grâce,
de révéler en moi son Fils, afin que je l'annonçasse parmi les païens, aussitôt, je ne consultai ni la chair ni le sang,
et je ne montai point à Jérusalem vers ceux qui furent apôtres avant moi, mais je partis pour l'Arabie. Puis je revins encore à Damas.


 
Donc, ou bien st. Paul n'était pas une brebis du Christ, ou bien son exemple suffit à prouver que Pierre n'a pas vocation à paître toutes les brebis du Christ, puisque Paul n'est pas même allé le consulter.
 
Et si l'Apôtre des gentils ne relevait pas de l'autorité pétrienne, ceux qui relèvent spécialement du ministère paulinien n'en dépendent pas plus (Galates 2. 7-8):
 


... voyant que l'Évangile m'avait été confié pour les incirconcis, comme à Pierre pour les circoncis, - car celui qui a fait de Pierre l'apôtre des circoncis a aussi fait de moi l'apôtre des païens...


 
 
Le propos de st. Paul laisse donc penser ceci:
 
Au temps où Jésus a dit à Pierre: pais mes brebis, il n'y avait évidemment qu'une partie des brebis qui se trouvaient au bénéfice de l'Evangile, à savoir les brebis d'Israël (d'où Pierre = Apôtre des circoncis), car Christ a d'abord été envoyé aux circoncis (Romains 15. 8).
 
Il y avait encore d'autres brebis qui n'étaient pas de cette bergerie (Jean 10. 16) et dont l'appel relèverait du ministère paulinien (Actes 22. 17-18).
 
 
Conclusion:
 
Si, dans Jean 21, st. Pierre a été établi chef (de façon rigoureusement juridique, ou simplement honorifique?) ce n'était pas sur l'Eglise catholique (Juifs + Gentils) mais sur une partie de cette Eglise (Les disciples Juifs), de sorte que jamais personne n'a été chef de l'Eglise Catholique (universelle) sinon le Christ seul, qui est le Bon berger sur toutes les brebis (Jean 10. 16//Ephésiens 1. 22).
 
Et puisque Pierre n'a jamais été le chef de toute l'Eglise, aucun homme ne peut prétendre à une telle charge sous prétexte de succéder à Pierre. Au contraire, la seule chose que l'on puisse tirer de cet exemple, c'est qu'il est possible, pour des raisons pratiques, d'instaurer des patriarcats (comme cela s'est fait dans l'Eglise ancienne).
Mais qu'un seul, ici-bas, soit chef de tous, c'est une hérésie qui, d'aillaurs, a été condamnée par un évêque de Rome, Grégoire le Grand.
 
Bucer




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