Eglises et plagiat


"Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême"
Ephésiens 4. 5



S'il y a une chose que les enseignants ne cessent de rappeler à leurs élèves et étudiants, c'est bien de ne pas plagier. Non seulement parce que c'est contraire au droit [positif] et que les sanctions peuvent être très lourdes, mais aussi et surtout parce que le fait de prétendre sien le travail [intellectuel] d'autrui, cela est contraire à l'honnêteté, à l'intégrité, bref, à la morale la plus élémentaire (Exode 20. 15).

L'Eglise chrétienne, sous la direction du Saint Esprit, a pensé, intelligé, ordonné ses certitudes. Que ce soit face aux sabelliens, aux ariens, aux nestoriens, aux monophysites ou aux monothélites, elle a articulé des notions, comme la Personne ou l'essence, de sorte à confesser sa foi en évitant tout malentendu.
Bref, il y a une Église chrétienne qui, dans l'Histoire, a précisé son interprétation des Écritures, en disant publiquement et solennellement sa foi, par l'organe des six conciles (allant de 325 à 681).
Après cette période, les querelles et les schismes ont certes rendu suspects les travaux ultérieurs des différentes branches de la chrétienté, mais tout protestant, ou évangélique, lorsqu'il parle de "Trinité", de "trois Personnes", de "deux natures" et, plus encore, de "consubstantialité", utilise indubitablement le travail et les repères théologiques de cette Église antique.

La question se pose alors de connaître le rapport entre cette Église et le Protestantisme:

Le Protestantisme est-il l'héritier de cette Église?
La réponse est "non", car l’Église n'est jamais morte pour avoir un héritier. Elle doit, au contraire, perdurer chaque jour,  jusqu'à la fin du monde.

Mais alors, le Protestantisme vole-t-il le travail de cette Église?
Pour cela, il faudrait que le protestantisme soit une autre réalité que cette Église. Il faudrait qu'à l'instar de l'anabaptisme, le protestantisme n'ait plus d'unité baptismale avec l’Église antique, et/ou qu'il ait renversé son Credo. Il n'en est rien.

Donc, la raison pour laquelle le protestantisme n'a pas "succédé" à l’Église de toujours et qu'il ne vole pas  non plus la théologie de cette Église [comme s'il coexistait dans le même temps avec elle, tout en lui étant séparé], c'est que le protestantisme EST cette Église ancienne qui se continue à travers les siècles.

Mais cela ne vaut que pour autant que l'on constate une réelle continuité et reconnaissance du baptême et du credo, entre l’Église des temps antiques et celle de la Réforme, selon Éphésiens 4. 5.
Et c'est bien le propos de la Confession d'Augsbourg, qui expose l'article baptismal de l'antique Credo dans le sens du Sola Fide (ou justification du pécheur par la foi seule) en maintenant, c'est évident, l'unité du baptême et du Credo antiques.

Cela s'oppose à la démarche "anabaptiste" ou "baptiste", qui, bien que tributaire des travaux de l'ancienne Église, regarde néanmoins le baptême de celle-ci comme dénué de valeur.

Qu'avons-nous donc, à présent (au moins pour l'Occident)?

1) Le papisme qui a définitivement perverti l’Évangile au XVIe siècle et qui a fait schisme des Églises évangéliques (conciliabule de Trente).

2) Des Églises censées pro-tester l’Évangile mais qui, en grand nombre, ont sombré dans le modernisme et l'apostasie.

3) Des Églises "évangéliques" dont la sincérité et la force ne saurait faire oublier qu'en rompant l'unité baptismale avec l’Église ancienne, elles se mettent [sans le vouloir] dans une situation relevant du plagiat doctrinal.

Bref, plutôt que de reprendre, plus ou moins inconsciemment, les convictions et les travaux de l'Une et Sainte et de les refondre dans d'innombrables nouvelles confessions particulières, il paraîtrait plus sage et conséquent d'admettre directement la légitimité et la constitution de cette Église et, ayant soin de s'en tenir aux sources de première main, de se référer directement aux textes de ses sept conciles, de Nicée en 325 jusqu'à Augsbourg en 1530.

Pour ce dernier point (la Confession d'Augsbourg), on notera, d'ailleurs, que le Protestantisme a manifesté son authenticité, non seulement par la solidité du discours de la Confession d'Augsbourg, mais aussi par le fait qu'il a su accorder et unir l'ensemble de ses membres (Concorde de Wittenberg, 1536), chose dont la chair et le diable ne paraissent pas capables (Jacques 3. 14-18).

Bucer


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