EERV: Eucharistie ou open-bar?


 
 * Calvin refusant la Cène aux libertins

 
Chers amis! Puisque je vois que la fièvre des apostats ne descend pas mais empire chaque jour, et qu'ils en sont au point d'éplucher la Bible pour y trouver autant d'allusions que possible en faveur des pratiques homosexuelles (car ils sont convaincus d'avoir l'esprit et non la lettre, mais ils seraient manifestement plus rassurés d'avoir quand même un peu de lettre de leur côté...), il m'a semblé utile de dire quelques mots d'un article qu'ils n'ont pas eu honte de publier sur leur page internet.
Le titre?
 
 
Comme je l'ai dit, la question semble les obséder et vous allez peut-être vous demander  comment apaiser de tels individus et leur faire penser à autre chose --au moins lorsqu'ils lisent la Bible-- qu'à la question de savoir qui est l'amant de qui.
Mais passons!
Car les histoires de braguettes semblent tellement irrésistibles à ces "théologiens" qu'il ne faut sans doute plus espérer les détourner des spéculations les plus libidineuses.
 
Fermant les yeux sur cette lourdeur, venons-en donc à ce qui se trouve dans cet article:
 
 
L'auteur relate l'histoire du centenier (Matthieu 8, Luc 7) et en tire la conclusion suivante:
C'était son esclave et ils étaient païens, 
donc c'étaient peut-être des homosexuels, car l'esclave appartenait à son maître qui en abusait comme il voulait,
donc, Jésus ouvre les portes du paradis à ceux qui vivent et persistent dans de telles relations!
 
Et, croyant nous apprendre qu'un chrétien doit venir en aide à son prochain sans lui faire d'abord passer un interrogatoire sur sa vie intime, notre théologien en déduit aussi que, donc:

Ils sont les bienvenus à la table du Seigneur exactement comme tous les autres. Nous avons aussi peu à nous interroger sur leur orientation sexuelle que Jésus s’est intéressé à elle.
 
Voyons maintenant ce que valent de telles assertions, et si les résultats de toutes ces conjectures sont compatibles avec ce qu'enseigne une Eglise Evangélique Réformée.
 
 
1) D'abord, notre prédicateur veut que le centenier ait aimé son serviteur comme un amant. Du moins, il veut que ses voisins aient pu (et probablement du) le soupçonner de coucher avec.
En cela, je dis que notre prédicateur n'apportera jamais le moindre commencement de preuve et que tout ce que nous trouvons dans l'Ecriture combat même son hypothèse, jusqu'à la détruire intégralement.
Car l'Ecriture parle bien de cet esclave (doulos) comme d'un fiston (pais), ainsi que l'écrit Matthieu (8. 6) et même Luc (7. 7) et j'accepterais qu'on en déduise que le centenier aimait l'esclave comme son fiston, mais un garçon n'est pas un amant.
Peut-être notre prédicateur veut-il que le centenier couchait avec quelqu'un qui aurait pu être son fils?, mais alors, cela nous amènerait à discuter de tout autre chose que de la simple homosexualité...
Ou peut-être veut-il que ce garçon  (pais) était en fait un boxeur de quarante ans, mais tout cela relèverait de la pure invention, puisque nous n'en savons rien.


 
2) Ensuite, il est faux de prétendre que "Dans l’esprit des Juifs cette pensée devait se présenter au moins à titre de possibilité."
Car les Juifs croyaient que l'acte homosexuel est une abomination (Lévitique 18. 22) et s'ils avaient eu le moindre doute que le centenier se prête à de tels actes, ils auraient plus volontier considéré leur voisin, païen, comme châtié par Dieu et méritant ce qui lui arrive.
Or l'évangéliste rapporte qu'au contraire, les anciens parmi les Juifs lui rendaient témoignage en disant:




Il mérite que tu lui accordes cela;
car il aime notre nation, et c'est lui qui a bâti notre synagogue.

 
 Or, aimer la nation de Dieu suggère davantage un attachement au Dieu de la Nation (comme le confirme le fait qu'il a construit la synagogue), et à sa Loi, qu'un coeur dissolu et enténébré. Nous voyons dans Actes 10 que de tels romains existaient et il est absolument injustifiable de les représenter comme adeptes de pratiques que le Dieu d'Israël réprouvait [et réprouve encore]ouvertement.
 
 
3) De plus, notre prédicateur a bien conscience que le fait d'être très attaché à quelqu'un ne signifie pas qu'on couche avec lui.
Autrement, n'importe quelle petite brebis, n'existant même qu'en parabole (2Samuel 12), serait nécessairement l'objet sexuel de son propriétaire. Est-ce l'opinion du prédicateur?
Non! Notre prédicateur veut que l'homosexualité soit envisagée au motif que, ici, il s'agit d'un esclave. Et que l'esclave pouvait être abusé par son propriétaire. En d'autres termes, pour notre prédicateur, ce qui fait penser à l'homosexualité ici, ce n'est pas tant le fait que le centenier était très attaché à l'esclave, mais le faitqu'il avait sur lui les pleins pouvoirs, et même jusqu'à le violer.
Eh bien! Là encore, nous ne sommes plus devant de l'homosexualité pure et simple, mais devant un cas d'esclavage sexuel, car rien ne dit que cet attachement était réciproque et il est de toutes manières intolérable qu'on regarde un jeune homme comme de la chair à foutre sous prétexte que c'est un esclave et qu'il sera obligé de consentir!
 
En nous demandant, sur la base de cet exemple, d'accueillir toute personne à la Cène sans juger de la vie sexuelle, notre prédicateur veut-il donc que l'on ouvre les portes aux quelques salauds qui ont aujourd'hui des esclaves sexuels de l'âge de leur fils?
Evidemment, non. Autant dire que, dans cet article, nous faisons face à une pensée qui n'assume pas les conclusions de tout ce qu'implique son propos. De la cruauté et animosité du monde antique, il ne veut être conscient et garder que ce qui lui plaît.

+     +     +
 
4) Enfin, se pose la question de savoir si la Sainte Cène est ou doit être considérée, dans l'Eglise Réformée, comme un casse croute ouvert à tous, ou s'il doit exister quelque discipline.
Faut-il aussi considérer, comme le suggère l'article, que c'est rendre service aux gens que d'accepter tout le monde à ce Sacrement, ou s'il faut plutôt conserver ces saints mystères hors de la portée des impénitents.
 
Evidemment, il est inutile d'entretenir un quelconque suspens sur le sujet:
jamais les réformés n'ont songé supprimer la discipline ecclesiastique et donner la Cène à tout le monde.
 
Une seule citation de Calvin (à titre d'exemple) suffirait à le démontrer, lorsqu'il dit:
"Je confesse certes que c'est un grand déshonneur, si les chiens et les pourceaux ont place parmi les enfants de Dieu; encore plus grand, si le corps sacré de Jésus-Christ leur est livré comme à l'abandon. Et de fait, si les Eglises sont bien policées, elles n'endurent point les méchants pour les nourrir en leur sein, et elles ne recevront point à la cène indifféremment les bons et les mauvais."

(Institution, IV, I. 15)
 
D'un point de vue confessionnel, l'obligation d'une discipline ecclésiatique ressort aussi de la Confession Belge (article 29), pour laquelle c'est une marque de l'Eglise véritable que la discipline ecclésiatique soit en usage pour corriger les vices et que l'on se règle selon la pure Parole de Dieu (et non selon la décision d'un synode rebelle à cette pure Parole). Et il en va de même pour la Confession de La Rochelle (articles 27, 28) et toutes les autres confessions Réformées.

Et c'est de toute façon rendre service aux hommes que de veiller à pareille discipline (Cf. 1Corinthiens 5), étant donné que Paul affirme (1Corinthiens 11) que les communiants indignes, ceux qui ne viennent pas à la table sacrée du Seigneur avec foi et repentance, mangent et boivent un jugement contre eux-mêmes.
 
En quoi il apparait que l'article publié sur le site de l'EERV n'est qu'une misérable insanité, cavillation aussi solide que le vent et qu'on ne peut que s'inquiéter de voir qu'une Eglise écoute de telles balivernes pour les approuver.
 
 
 Bucer
 
 

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