L'autorité dans l'Eglise



De l'autorité dans l'Eglise



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1. De l'autorité objective: l'Ecriture sainte.



§ 1. La Tradition chrétienne que les saints apôtres ont enseigné est-elle aujourd'hui encore en partie orale ou est-elle suffisamment contenue dans les Livres de la sainte Ecriture?

La vocation des livres canoniques étant de nous certifier les enseignements que nous avons reçus (Luc 1. 1-4) il est totalement impossible que l'Eglise fonde quelque article de foi ou de morale chrétiennes en dehors du témoignage scripturaire.
L'autorité objective sur laquelle l'Eglise fonde ultimement ses assertions ne peut donc être que l'Ecriture, et l'Ecriture seule (sola scriptura) ainsi que l'ont rappelé les Pères réformateurs, à la suite des saints docteurs.



§ 2. Le principe de l'Ecriture seule signifie donc simplement que l'on ne peut pas fonder un article de foi en dehors de l'enseignement biblique?

Oui. L'Ecriture n'est pas «seule» au sens où elle resterait stérile, sans rien produire, ou encore en ce qu'elle n'aurait rien sous sa juridiction pour en être la norme ultime.
Mais au contraire, elle est fertile, suscitant en nous une foi du coeur, qui se confesse (Romains X. 10);
alors, elle est aussi un juge actif, car c'est à sa lumière (et à sa lumière seulement) que seront jugées les confessions et enseignements des hommes qui se revendiquent de Dieu.


§ 3. Ce Canon scripturaire est-il clos, ou doit on s'attendre à ce que le Seigneur inspire de nouvelles normes devant compléter ou même remplacer les livres anciens?

Le Canon Biblique est clos (Hébreux I. 1-2), tout comme est définitive la règle de foi enseignée par celui-ci (Jude 3).
Pour cette raison, est anathème quiconque annonce un message altérant l'Evangile qui nous est annoncé dans l'Ecriture (Galates I. 8-9) ou encore, quiconque y ajoute ou retranche quoi que ce soit (Deutéronome IV. 2; Apocalypse XXII).


§ 4. Faut-il donc bannir de l'Eglise tout ce qui n'est pas expressément fondé sur l'Ecriture?

On peut certes garder dans l'Eglise des traditions, ou des coutumes ecclésiastiques non imposées par l'Ecriture (comme le parrainage des enfants, etc;) mais à la condition qu'elles ne soient pas imposées aux consciences comme des commandements divins, et surtout, qu'elles ne soient pas contraires à l'enseignement de la Parole de Dieu (Matthieu 15. 1-9). Car alors, il faut les chasser des saintes Assemblées.


§ 5. Quels sont ces Livres canoniques?

Il s'agit des XXXIX Livres de l'Ancien Testament qui ont été premièrement confiés aux Juifs (Romains III. 2) auxquels livres s'ajoutent (cf. 2 Pierre III. 16) les XXVII Livres composant le Nouveau Testament, et dont voici la liste exacte:

Ancien Testament:

Genèse
Exode
Lévitique
Nombres
Deutéronome
Josué
Juges
Ruth
I Samuel
II Samuel
I Rois
II Rois
I Chroniques
II Chroniques
Esdras
Néhémie
Esther
Job
Psaumes
Proverbes
Ecclésiaste
Cantique des cantiques
Esaïe
Jérémie
Lamentations de Jérémie
Ezechiel
Daniel
Odée
Joël
Amos
Abdias
Jonas
Michée
Nahum
Habaquq
Sophonie
Agée
Zacharie
Malachie

Nouveau Testament:

Matthieu
Marc
Luc
Jean
Actes des Apôtres
Romains
1 Corinthiens
2 Corinthiens
Galates
Ephésiens
Philippiens
Colossiens
I Thessaloniciens
II Thessaloniciens
I Timothée
II Timothée
Tite
Philémon
Hébreux
Jacques
I Pierre
II Pierre
I Jean
II Jean
III Jean
Jude
Apocalypse de Jean


Ces LXVI Livres en effet, sont considérés par l'ensemble de la Chrétienté comme inspirés de Dieu.




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2. De l'autorité directive: le Saint Esprit.




§ 6. Ces Livres tirent-ils donc leur autorité du témoignage que leur rend l'Eglise?

Non pas tant du témoignage que leur rend l'Eglise que du témoignage rendu à notre coeur par le St Esprit.
L'Eglise occupe néanmoins ici un grand rôle, en transmettant ce Canon et en mettant les hommes à son contact, ainsi qu'elle les mets en contact de la doctrine de foi qui en procède.
A ce titre, l'Eglise est d'ailleurs nommée la Mère des fidèles.


§ 7. Qui donc a l'autorité pour lire et interpréter l'Ecriture sainte?

Parce qu'ils sont tous et toutes, de par leur foi et leur baptême, incorporés au Seigneur Jésus qui est Roi, Prêtre et Prophète, l'ensemble des chrétiens sont faits en lui Rois, Prêtres et Prophètes de Dieu (Sacerdoce universel).
Tous doivent donc lire et interpréter l'Ecriture ensemble, sous la direction de l'Esprit saint.


§ 8. Et au dessus d'eux, n'y a-t-il pas un groupe d'hommes, ou même un seul homme qui soit l'interprète ultime de l'Ecriture?

Non. A vrai dire, il n'y a qu'un seul homme qui a eu dans l'Eglise la prétention de se faire proclamer infaillible en matière de foi et de morale lorsqu'il parle ex cathedra (en sa qualité de pasteur); et cet homme, le pape de Rome, est certainement l'AntiChrist dont parle St Paul (2Thessaloniciens II. 5). Nul ne doit écouter ses folles prétentions que l'Ecriture désavoue autant que l'Histoire.
-- St Paul déclare en effet que quiconque (fut-il apôtre) enseigne aux Chrétiens une nouvelle doctrine, il doit être anathème (Galates I. 8-9). L'Evangile de Dieu, tel qu'exposé en l'Ecriture, doit donc avoir primauté sur n'importe quel docteur; et les fidèles ont à juger, pour le salut de leur âme, de la doctrine de tout docteur selon la lumière de la doctrine de foi biblique.
-- De même, l'Histoire de l'Eglise nous montre que des évêques de Rome ont déjà erré, ainsi qu'il ressort par exemple du cas d'Honorius Ier, anathémisé en tant que pape pour avoir suivi l'hérésie monothélite (concile de Constantinople III).


§ 9. Quel est donc le rôle des évêques?

Le rôle des évêques, ou surveillants, n'est pas d'annoncer une nouvelle foi ou une nouvelle manière de comprendre la foi des apôtres, ni de tyranniser les fidèles dont ils ont la garde, et ils ne doivent certainement pas être écoutés et crus quand, en dehors de l'autorité des Ecritures, ou contre le sens des Ecritures, ils affirment une chose nouvelle et/ou sacrilège.
Au contraire, ils doivent veiller, avec douceur et fermeté, à ce que l'enseignement orthodoxe soit préservé et enseigné dans l'Eglise, et à ce que soient célébrés les sacrements chrétiens selon la discipline qui convient.


§ 10. Mais si tous peuvent lire et comprendre l'Ecriture, chacun ne va-t-il pas l'interpréter à sa manière et créer des schismes par son orgueil?

Bien que la chair puisse les inciter à imaginer de nouvelles doctrines qu'ils chercheront sans légitimité à imposer à la conscience de leurs frères, créant ainsi des hérésies, des disputes et des schismes, les fidèles sont tenus de marcher selon l'Esprit, dans la prudence et la charité.
De ce fait, ils se garderont d'une trop grande témérité à enseigner dans l'Eglise (combien plus alors se garderont-ils d'enseigner trop vite contre elle! --Jacques III. 1)
Aussi, apprenant à discerner les choses importantes des choses mineures, à supporter les faiblesses de leurs frères dans la patience (Romains XIV-XV) et à ne pas confondre ceux qui (bien que loins du but) sont sur le bon chemin, avec ceux qui s'égarent et s'égareront délibérément toujours plus (Jude 22-23), les fidèles se garderont de toute attitude s'opposant à la conduite de l'Esprit (Galates V. 19-26) et à la sagesse qu'il confère, laquelle est pure, pacifique, conciliante, raisonnable, pleine de compassion, de bons fruits, sans partis pris, sans hypocrisie (Jacques III. 17).





A) Les organes ordinaires



§ 11. Par quel organe, ou de quelle manière les chrétiens ont-ils été amenés à exprimer leur foi en commun?

C'est sur la base des paroles baptismales (Matthieu 28. 18) que les Eglises ont élaborées diverses confessions de foi.
Lorsque divers hérétiques ont contesté cette foi, elle a été réaffirmée dans un Symbole commun, dont les termes ont été définis puis explicités à l'occasion de "conciles oecuméniques".


§ 12. A quelle condition un concile peut-il être dit "oecuménique"?


Dans l'Antiquité et dans le haut moyen âge, un concile oecuménique réunissait des évêques du monde entier en plus de la Pentarchie (évêques de Rome, de Constantinople, d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem).
Toutefois, le seul critère de géographie, ou d'universalité territoriale, nous parait réducteur.
A celui-ci, il convient en effet d'ajouter les critères suivants:
--> un critère de cohérence (le nouveau concile oecuménique doit s'inscrire dans la continuité du propos du concile précédent);
--> un critère de scripturalité, suivant lequel le concile doit se soumettre et respecter l'Ecriture sainte comme seule norme ultime de la foi. Ainsi par exemple, un concile réunissant les cinq évêques ne serait pas oecuménique s'il prescrivait de priver les fidèles de la coupe dans la Cène (les évêques doivent suivre l'Ecriture et non s'y opposer).
--> Un critère de dogmaticité, suivant lequel le concile doit concerner les articles de foi communs à toute l'Eglise, dans l'espace et dans le temps (Jude 3) de sorte que non seulement il est impossible qu'un concile oecuménique ait pour sujet principal des questions d'architecture ou de vêtements liturgiques (babioles) mais aussi, qu'elles ne peuvent créer un dogme dont la doctrine n'a pas existé avant. En fait, le sujet traitée par le concile doit directement répondre à la question que pose le Seigneur à ses disciples:
"et vous, qui dites vous que je suis?" (Matthieu 16. 15)
--> Enfin, un critère de constance suivant lequel les décisions du concile doivent perdurer dans le temps.



§ 13. Quels sont les conciles répondant à ces critères?


Il y a incontestablement six conciles qui répondent à ces critères:
Le Concile de Nicée, en 325;
Le premier Concile de Constantinople, en 381.
De ces deux conciles est issu le Symbole de Foi commun à toute la chrétienté, dit: Symbole de Nicée-Constantinople.
Ce texte traite principalement du Dogme Trinitaire (= qui est le Christ, selon son origine? --> Dieu, comme le Père et le St Esprit), mais aussi du reste des articles de la foi chrétienne.
Puis viennent aussi:
Le Concile d'Ephèse (431);
Le Concile de Chalcédoine (451);
Le second Concile de Constantinople (553);
et enfin, le troisième Concile de Constantinople (681).
Ces quatres conciles ont porté principalement sur la question de l'Incarnation (= qui est le Christ, selon son Être? --> il est à la fois vrai Dieu et vrai homme).


§ 14. N'y a-t-il donc que six conciles oecuméniques?


A vrai dire, il y a bien encore une assemblée du sein de laquelle l'orthodoxie a été réaffirmée face à l'apostasie croissante, tant en matière de liturge que de foi.
Les pères présents à cette assemblée ont en effet soutenu la juste portée de l'article baptismale du Crédo (critère de cohérence avec Nicée Constantinople), conformément à la Parole de Dieu (critère de scripturalité); leur conclusion en matière de justification et de salut répondait au critère de dogmaticité (qui est Jésus? --> Le parfait sauveur!); le texte qu'ils produisirent a été connu et discuté dans le monde entier et a été maintenu depuis lors.
Il s'agit de la Diète Impériale d'Augsbourg (1530) lors de laquelle les chrétiens fidèles ont produit la Confessio Augustana.
En dehors de ces 7 conciles, il n'y en a pas d'autres qui puissent prétendre au titre d'oecuménique.


§ 15. Les décisions des conciles oecuméniques doivent-ils être reçues du fait de leur autorité particulière et acquièrent-elles une autorité égale à la Parole de Dieu?


Les décrets et credos des conciles universels ont une valeur de normes normées en dessous de la norme normante qu'est l'Ecriture sainte. On ne peut donc pas exiger d'un homme qu'il croit tel article parce que tel concile l'a dit, mais on doit le sommer de croire ce qu'a dit tel concile, à cause de la fidélité évidente dudit concile à l'égard de l'Ecriture.
C'est donc de l'Ecriture que ces credos tirent leur autorité et ils ne participent à l'infaillibilité de l'Ecriture que si ils s'y conforment.
Pour autant que les confessions des conciles ne trahissent pas la confession pétrienne relative au Christ --qui est la pierre sur laquelle est fondée l'Eglise, ainsi que les pères de l'Eglise l'ont confessé à la suite des Ecritures (1 Corinthiens 3. 11)--, alors ceux qui s'y joignent peuvent avoir l'assurance de ne pas errer lorsqu'ils joignent leur approbation aux travaux qui en résultent.
La non infaillibilité de principe des conciles n'entrave donc en rien la possibilité pour les croyants d'être certains de l'exactitude de leur foi.




* * *



Remarque:
La racine des faux conciles oecuméniques: insoumission évidente et volontaire à l'Ecriture, et subtilités sacrilèges





§ 14. Les Byzantins et les papistes ne reconnaissent-ils pas ensemble un autre septième concile oecuménique, s'étant tenu antérieurement à Nicée, en 787, et qui a légitimé le culte des images pieuses?


Il est vrai qu'ils invoquent ce concile comme oecuménique, mais cette assemblée est loin de correspondre à un concile oecuménique.

En premier lieu, la Pentarchie n'était pas présente:
Taraise, archevêque de Constantinople, avait été élevé à cette dignité en venant tout droit du monde séculier, de telle sorte qu'il n'aurait jamais dû être reconnu par l'évêque romain, dont un concile local avait défini (en 769) qu'une telle chose n'était pas légitime.
En outre, les trônes apostoliques d'Orient n'étaient ni présents, ni représentés au Concile de 787. Si cela n'est pas grave en soit, ce qui l'est en revanche, c'est que ledit Taraise a fait croire le contraire aux gens présents, en présentants deux imposteurs (Jean de Jérusalem et l'hygoumène Thomas) comme légats desdits sièges.
Plus tard, Théodore Stoudite, théologiens partisan du concile de 787, écrira à ce sujet:
"Les gens d'ici (Constantinople) ont fait cela afin de mieux convaincre le peuple vivant dans l'hérésie de devenir orthodoxe, du fait qu'était réuni un concile apparemment oecuménique" (Lettre 38)
Si donc Théodore Stoudite confesse lui même que leur concile n'avait d'oecuménique que l'apparence, c'est que la chose est vraiment grave...
Outre ce mensonge inconvenant aux chrétiens (Jean 8. 44), le critère de géographie n'a pas non plus été respecté parce que les évêques carolingiens n'étaient pas représentés (alors qu'ils étaient totalement opposés à la doctrine soutenue à ce concile, ainsi qu'ils l'ont exprimé dans leur concile de Francfort, en 794).

Ensuite, si le concile de 787 a prétexté l'incarnation du Christ pour défendre son propos, sa chérence avec les conciles précédents n'a rien d'évidente, car le culte des images n'est pas une conséquences directe et obligatoire du dogme de l'Incarnation.
En outre, si le concile de 787 s'est prévalu de "retenir intactes toutes les traditions de l'Eglise" (au nombre desquelles était prétendument le culte des images) ce concile n'a pas même été capable de maintenir les traditions conciliaires (!), puisqu'on y a observé des innovations notoires:
-- Si jadis, seuls les évêques se tenaient au concile (en leur qualité pastorale), Taraise (le docteur ès mensonges) invita cette fois aussi les moines, qu'il fit comparaitre en nombre conséquent (puisqu'ils représentaient le tiers du nombre d'évêques!)
Et avec eux, on introduisit de nouvelles normes doctrinales. En effet, jusqu'à lors, les évêques réglaient les questions de foi sur la base des témoignages scripturaires (ultimement), ainsi que sur le témoignage des conciles précédents et des écrits patristiques.
Or, au conciliabule de 787, on fit comparaitre parmi les testimonia, des textes hagiographiques (vies de saints, etc;) et autres récits de miracles; autant dire: des sortes de textes apocryphes.
Par exemple, on décida sur la base d'un de ces textes, que les icônes pouvaient faire des miracles, parce qu'il y était raconté comment une malade avait été guérie de son mal en buvant une décoction à base de peinture gratée sur un icône (!)

De même, par tous ces textes obscures et mensongers, on a mis de côté l'Ecriture, dont aucun passage ne peut rien dire pour soutenir l'obligation ou même la permission de rendre un culte à une icône. Ce reproche est sans doute le pire que l'on puisse faire à l'imposture de 787, puisque toutes ses constructions douteuses sont anéanties par l'épée de l'Esprit (Ephésiens 6. 17), la parole de Dieu, lorsqu'à l'exemple du Seigneur, les fidèles se retranchent après "ce qui est écrit" (Matthieu 4. 4-11).

Idem: Le culte des images, ou la croyance qu'il faille rendre un culte aux images, n'a pas été connue ou partagée par l'Eglise primitive et n'est en aucune manière préscrite par les saints Apôtres.
Ne traitant pas de la personne ou de l'oeuvre du Christ qu'il est question de connaitre (Ephésiens 4. 13), le concile n'a rien d'oecuménique, et ne peut être mis au même rang que les six autres.

Quand à la constance, si le concile de 787 a été reçue de la papauté, le décret n'a cependant jamais pris racine ni vie chez ceux qui prétendaient le croire, de sorte que l'Occident n'a jamais (au contraire de l'Orient) connu une véritable et constente théologie de l'icône. Ce fait troublant nous semble lui aussi
suffisant à démontrer le caractère artificiel et fallacieux de ce culte.



§ 15. Les évêques carolingiens n'ont-ils pas condamné le concile de 787 parce qu'ils n'en avaient pas compris les subtilités?


Les évêques francs, tant à Francfort en 794, qu'à Paris en 829, n'ont pas simplement condamné les opinions (qu'ils les aient ou non bien comprises) du concile de 787, mais ils ont aussi affirmé quelle opinion ils tenaient pour seule juste:
c'est que les images n'avaient de rôle qu'artistique et didactique. En aucun cas et cultuel. Tout cela, ils le tenaient du pape Grégoire le Grand, de même que les iconoclastes tenaient leur opinion du père de l'Eglise Epiphane de Chypre.
Alors, qu'ils (les carolingiens) aient ou non tout saisi des sifflements démoniaques du concile de 787, cela n'a aucune sorte d'importance.
Cela dit, il est possible qu'ils en aient compris davantage que ne veulent le laisser croire les iconodoules:
en effet, les iconodoules disent vouloir vénérer les images et non les adorer, tandis que les francs ont condamné l'adoration des images. Mais c'est à bon droit que les francs ont parlé ainsi, puisqu'ils n'étaient pas tenus de donner un crédit quelconque aux subtilités des adorateurs d'images, ou de tenir compte de leur hypocrisie. D'ailleurs l'Ecriture prend souvent ces deux termes comme synonymes.



§ 16. Mais ce concile n'a-t-il pas permis d'éradiquer la sombre doctrine iconoclaste des empereurs impies, indignes et sanguinaires?


En premier lieu, quelque défaut que l'on pourrait reprocher à la doctrine des iconoclastes (= briseurs d'images), elle est et sera toujours infiniment plus lumieuse et saine que le paganisme iconodoule (= "vénérateurs" d'images).

Ensuite, si les iconodoules-au-nom-menteur ont beaucoup blâmé les empereurs iconoclastes (alors qu'ils se sont montrés soucieux de leurs Etats et de la Parole de Dieu!), que devrions-nous dire de la proserpine qu'ils vénèrent comme une sainte, savoir Irène, qui a convoqué leur concile et qui était abominable (elle se faisait appeller empereur au lieu d'impératrice --Deutéronome 22. 5) et totalement damnée (elle fit assassiner son propre fils pour usurper son pouvoir et régner à se place!)?



§ 17. Que devons-nous donc penser des "autorités" ecclesisatiques qui reçoivent le horos (décret) du concile de 787, et de leur prétention à dominer notre foi pour y imposer leurs opinions?


Le concile de 787 décrédibilise tous ceux qui en approuvent la décision (autant ridicule qu'impie), c'est à dire: les papistes et les byzantins.
Car l'affaire qui y a été débattue n'avait rien de complexe pour excuser quelque erreur.
Seule une perverse idolatrie pouvait amener quelqu'un à errer ici, c'est-à-dire, à soutenir contre l'Ecriture sainte qu'on peut prier la Vierge et les saints (Romains 10. 14), à soutenir sans l'Ecriture sainte qu'il faut s'en faire des images (et de celle du Christ), et encore, contre l'Ecriture, que ces images peuvent et doivent recevoir des fidèles la prosternation, la vénération, des baisers, des lumières et de l'encens.

Au contraire, toute personne sage et prudente dirait que seul Dieu doit être invoqué en tout besoin (Psaumes 50. 15), que si l'on peut se faire des images, c'est en vertu de la liberté chrétienne et à condition que cela édifie (de sorte qu'en cas d'idolatrie ou risque de chute, on doit plutot les proscrire des temples, ainsi que le décida le 36e décret du concile d'Elvire), et qu'il n'est pas question de rendre à Dieu un culte inventé des hommes, de sorte que "l'iconodoulie", jamais prescrite par les Apôtres --quoiqu'en aient fallacieusement dit les docteurs de 787-- n'est qu'impiété et sacrilège.



§ 18. En d'autres termes: il ne faut pas penser que la vérité soit difficile à discerner de l'erreur;
au contraire, l'arbre se reconnait aisément à son fruit, si bien que lorsqu'ils (le pape et ses semblables) nous disent que nous devons les suivre de peur d'errer dans les choses importantes (alors qu'il est patent qu'ils ne sont quand à eux pas capables de rester fidèles dans les plus petites choses!), nous ne devons pas craindre de nous en remettre à meilleur conseil, savoir: l'Ecriture sainte lue avec la lumière de l'Esprit qui l'a inspiré?


C'est exactement cela.




B) Les organes extraordinaires



Il est bien entendu, malgré ce que nous avons dit du «gardiennage collectif» de la vraie foi (une droite compréhension de l'Evangile ne nécessite aucun diplôme!) que, dans certains cas, où le peuple s'était ouvertement révolté contre l'Ecriture afin de suivre des fables tantôt judaïques (observation cérémonieuse des jours) tantot païennes (culte des images) et surtout très humaines et par dessus tout très pécheresses (idée de mérite du salut par les bonnes oeuvres, etc;), Dieu est et reste libre de réaffirmer sa Parole et d'en exiger le respect par de simples hommes se dressant contre toutes les cours ecclesiastiques, ainsi qu'il est advenu lors de la réforme du XVIe siècle, ou encore dans l'Histoire biblique.
Lorsque de tels hommes ont rappelé la pure et simple Parole de Dieu, telle qu'elle est fidèlement exposée dans le Symbole, il était sans nul doute parfaitement impie de leur opposer en tout et pour tout l'autorité (présumée) de tels ou tels évêques, de les déclarer hérétiques ou de les persécuter.


AUGUSTINUS

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