Culture / La Musique

 L'Œuvre de Bach, condensé et critère de la pertinence musicale. 

La musique est l'art de combiner les sons dans le temps. C'est pourquoi, deux paramètres essentiels encadrent cette habileté: la hauteur, ou l'amalgame des sons entre eux, et le rythme, ou la composition des sons et du temps. Or, à l'instar des mathématiques qui ne durent leur autonomie qu'à l'abstraction de leur origine, l'arpentage, pour la géométrie, et la comptabilité, pour l'arithmétique, le caractère de science théorique de la quantité, de même fallut-il que la musique s'extraie de sa provenance festive, voire sacrée, sous forme de chant et de danse, afin d'accéder à sa pleine maturité. A ce titre, il importa que la polyphonie occidentale parcoure le long sentier du plain-chant, monodique, au contrepoint baroque pour déployer son potentiel entier, dont les accords (harmonie verticale des fréquences) et le contrepoint (conjugaison horizontale des vibrations) sont les vecteurs obligés. Car, c'est bien la mélodie accompagnée, à notre avis, qui caractérise -et magnifie- la musique en grammaire autonome des ondulations sonores. Munis d'une telle définition, on comprendra facilement, dès lors, que l'œuvre de Bach doive jouer, selon nous, le rôle de charnière épistémologique dans l'histoire musicale, puisqu'elle produisit ce monument pédagogique que constitue Le Clavier bien tempéré, véritable synthèse musicologique des acquis médiévaux et baroques en cette matière. Or, cette Somme loge la musique au sein d'une transcendance théorique qui la détache de toute considération externe, autant en matière d'accompagnement que d'instrument, puisqu'elle résume au seul clavier, indifféremment, toutes les possibilités de ses arcanes. De sorte qu'il nous paraît impossible d'admettre le développement de la nuance musicale, de Mozart à Ravel, en passant par Chopin ou Schumann, sans ce préalable obligé. En effet, si la légèreté mozartienne relève pour beaucoup de l'amélioration instrumentale que représente le piano-forte, ou bien la mélancolie de Chopin et l'onirisme d'un Debussy, du progrès technique du piano, il n'en reste pas moins que privés du merveilleux concentré que leur offrit Bach, la teneur de leurs créations aurait sombré dans un vulgaire empirisme, au point de les réduire à de simples improvisations sans lendemains. Par conséquent, puisque le destin de la musique n'a su frayer son cheminement rationnel qu'à travers l'inscription que lui offrit cette systématisation du Cantor, alors il ne semble pas excessif qu'on l'établisse comme aune critérielle de toute production sonore. A telle enseigne que, sans Le Livre d'Orgue ou La Messe en si mineur, toute réalisation musicale nous apparaîtra dépourvue de quelque signification, voire de toute longévité. C'est, d'ailleurs, ce que Sartre soupçonnait lorsqu'il affirma que: "le Jazz est comme les bananes qu'on est contraint de consommer sur place pour les apprécier". A telle enseigne qu'on pourra légitimement s'interroger sur la nature des topiques que pourront revendiquer les divagations "rock", en dehors de la barbarie et de l'abrutissement...

Athanasius

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