Annotations sur le Credo (12)


Jésus Christ, le Fils unique de Dieu,
né du Père avant tous les siècles,
Dieu venu de Dieu, lumière issue de la lumière, vrai Dieu issu du vrai Dieu,
engendré et non créé,
d'une même substance que le Père et par qui tout a été fait.



Il a été question, lors des précédentes annotations, d'un seul Dieu: le Père tout-puissant. Ce monothéisme (= un seul Dieu) est fondamental dans la Parole de Dieu, et ne saurait être remis en question.
Pourtant, comme il a été dit déjà, le "un seul Dieu" de la Bible ne doit pas être confondu avec le "un Dieu seul" du Talmud ou du Coran. Dieu n'est pas solitude, il est amour (1 Jean 4. 16) aussi certainement qu'il est éternel et immuable. 
D'une façon qui dépasse tout ce que nous sommes capables d'en dire, Dieu est donc le Père, le Fils et le Saint Esprit. Cela, notre Credo nous le dit parce que le Credo est le résumé de la foi de notre baptême (Matthieu 28, 19: baptisez-les pour le Nom [singulier] du Père, du Fils et du Saint Esprit [pluriel]).
Ici, les Paroles de notre baptême - que, par définition, aucun chrétien ne peut ignorer!- sont et doivent demeurer un bouclier puissant devant les doutes et les tentations que les ennemis de la foi, par leur esprit rationaliste et blasphémateur, veulent élever contre le Dieu vivant.
Le Père et le Fils - dont nous avons à parler maintenant - sont donc, chacun distinctement et tous deux ensemble, un seul Dieu, d'une même nature infinie, incompréhensible, ineffable, etc. (voir: Confession de La Rochelle, article 1).
Le Symbole Quicumque explique ainsi cette unité de nature en disant:

Comme est le Père, tel est le Fils (...) : incréé est le Père, incréé le Fils (...); infini est le Père, infini le Fils (...); éternel est le Père, éternel le Fils (...); et cependant, ils ne sont pas (plusieurs) éternels, mais un éternel ; tout comme ils ne sont pas (plusieurs) incréés, ni (plusieurs) infinis, mais un incréé et un infini. (...) car, de même que la vérité chrétienne nous oblige à confesser que chacune des personnes en particulier est Dieu et Seigneur, de même la religion catholique nous interdit de dire qu'il y a (plusieurs) Dieux ou (plusieurs) Seigneurs *.

Mais des ennemis de la foi, les ennemis de nos âmes, les ennemis de la vérité, comme Arius, Mahomet ou, Socin ou Russel et tous leurs disciples élèvent ici toutes les objections que leur raison dégénérée est capable de soulever:
Christ aurait été nommé "Dieu" (Jean 1, 1) comme l'ont été les puissants (Psaume 82, 6) ou Moïse (Exode 4. 16) mais serait en fait comme eux, une créature (sans doute la plus noble et la plus ancienne, mais une créature quand même) qu'il ne conviendrait pas d'identifier, littéralement, au seul vrai Dieu. 
Fondé sur la Bible, la Parole de Dieu qui est notre lumière, la foi de notre baptême met ici l'accent sur plusieurs faits qui ne pourraient être vrais si l'unité dont nous avons parlé n'était pas un fait authentique. 
Premièrement, nous confessons que Notre Seigneur Jésus Christ est le Fils unique de Dieu. Or, si Jésus était "fils de Dieu" au même sens où nous le sommes, c'est-à-dire en vertu d'une adoption par Dieu qui reste essentiellement différent de nous qui sommes des créatures (laquelle distance est infiniment plus grande que celle qui existe entre un homme et son chien) en quoi Jésus serait-il l'unique engendré (Jean 3. 16)? Il serait, simplement, le premier créé, ce qui est très différent.
Deuxièmement, nous confessons qu'il est né avant tous les siècles. Nul temps n'a donc précédé son être: il est éternel (Michée 5, 1; Jean 1, 1). Il est le premier et le dernier (Apocalypse 1, 17). Mais qui peut dire une telle chose, sinon Dieu seul (Esaïe 44, 6)?
Troisièmement, nous disons que le Fils unique est incréé; et cela est d'autant plus évident que le Fils  est celui par qui tout a été créé (cf. Jean 1, 3). Mais qui est celui qui a tout créé? Dieu. Dieu et Dieu seul, par lui seul (Esaïe 44, 24). Et pourtant tout cela est dit du Fils (Hébreux 1, 10-12), par quoi il est évident que celui-ci ne porte pas le nom de "Dieu" de façon honorifique ou improprement, mais bien parce qu'il est et fait ce que seul le vrai Dieu peut être et peut faire.

Maintenant, puisque, devant une si éclatante vérité, on nous demandera néanmoins pourquoi cet article est important ou nécessaire (et s'il n'est pas une doctrine inutile, superflue, ennuyeuse...) souvenons-nous que cet article de la divinité de Jésus Christ, loin d'être une froide spéculation, est intimement liée à notre espérance et à notre Salut.
D'abord, parce qu'il convient que nous soyons aimés et sauvés par Dieu plutôt que par un ange ou un quelconque demiurge: lorsque Dieu aime, il aime jusqu'au don de lui-même, soulignait A. Lecerf.
Ensuite, parce qu'il n'existe aucune créature qui aurait pu présenter à Dieu un sacrifice d'une valeur infinie, suffisant pour nous racheter à jamais.
Enfin, parce que seul celui qui est Fils de Dieu par nature peut faire de nous des fils de Dieu par adoption, en faisant de nous ses frères.

Bucerian
 

* Le texte mentionne le Père le Fils et le Saint Esprit, et parle de "trois". Parce que, dans cette annotation, mon propos était de parler du Fils, j'abrège au Père et au Fils et indique "plusieurs" (entre parenthèses) au lieu du mot "trois" qui figure dans l'original. Mon but n'est évidemment pas de nier la divinité du Saint Esprit mais de me concentrer ici sur le Fils.


Commentaires

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Il est plus que temps de relier baptême et confession de foi. C'est à ce titre, que nous comprendrons la dialectique intégrale du Christianisme, entre tradition et Écritures. En effet, jamais le canon scripturaire (la liste des textes bibliques) n'a été sans confession de foi, certaines même ont été intégrées au propos révélé, en ITim.3/16, par exemple. Au départ, la foi baptismale trinitaire est attestée dans la didachè, un manuel disciplinaire, contemporain de la rédaction de l'Évangile selon saint Jean. Ensuite, cette profession baptismale se mua en proto-symbole, comme saint Irénée en fait foi, entre autres, au même temps qu'un proto-canon s'élabora, fait révélé par la découverte de Muratori. Ces textes furent intégrés dans le Symbole de Nicée-Constantinople et le Canon scripturaire actuels, reconnus par tous les Chrétiens.

En conséquence, JAMAIS quelque chrétien n'a été livré à quelqu'interprétation exclusive de la Bible. Car, même la démarche exégétique du Bx.Luther s'inscrivait à l'intérieur de la compréhension de l'article baptismal du Credo, comme l'illustrent les articles III, XII et XX de la confession d'Augsbourg.

De sorte que, quiconque répudie toute tradition, CONFORME aux Écritures, est un gnostique, quel que soit, par ailleurs, le statut que ce monde impie reconnaîtrait à sa parole (certification académique, position sociale, rôle politique, fortune, rang etc...). C'est donc au témoignage constant de l'Église, témoignage scripturairement CONFIRMÉ, qu'a été confiée la Révélation de Jésus-Christ, et à nul autre: méfions-nous des faux-prophètes (Rom.12/6)!

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