Programme de l'EERV...

Dernièrement, la chose qui se présente sous le titre d’Église Évangélique Réformée du canton de Vaud (EERV) a produit un petit programme pour les années à venir. Je ne compte pas m'étendre sur le fait (il y aurait pourtant beaucoup à en dire!) que ce document, dès les premières pages, envisage l’Église comme une start-up qui a de l'avenir sur le marché concurrentiel à condition de savoir mettre en avant sa plus-value (!)  mais sur l'une de ses affirmations peut-être les plus représentatives du monde actuel (dans lequel, on ne s'en étonnera pas, l'EERV se sent comme un poisson dans l'eau).

Cette affirmation, que l'EERV fait sienne sans réserve, est que: la vérité ne se détient pas. Autrement dit, puisque la vérité est Jésus-Christ, nul ne peut prétendre détenir la vérité.
Et cela, d'après le même texte, doit mettre en garde contre toute tentation de pensée unique.

Or, il est vrai que Jésus-Christ est la Vérité et que nul ne "détient" Jésus-Christ, chez soi -- au sens où il arrive à certaines personnes d'être kidnappées et retenues captives dans la cave d'un pervers. 
Mais il est vrai aussi qu'on ne connaît pas beaucoup de gens qui disent "détenir la vérité" dans ce sens là (hormis le pape de Rome, qui se considère infaillible par principe, et l'EERV dont le synode s'arroge par avance tout pouvoir sur les consciences, au point de faire de ses décisions des arguments suffisants par eux-mêmes! Cela assurément, ce n'est pas seulement dire: "nous détenons la vérité", mais carrément: "nous sommes la vérité")

Mais puisque les mots chiffonnent l'EERV, disons que quand quelqu'un dit "détenir la vérité", il veut généralement dire qu'il est dans la vérité et que ceux qui ne croient pas les mêmes choses que lui sont dans l'erreur. Plus exactement, l’Église chrétienne peut dire qu'elle connait la vérité, qu'elle est dans la vérité, qu'elle professe la vérité et qu'elle ne sera jamais séparée de la vérité, d'autant que Jésus-Christ s'offre dans l’Église comme le bien des élus... de sorte qu'en dehors de sa communion, il n'y a qu'erreurs, mensonges, ténèbres, mort et perdition éternelle (Hors de l’Église, nul salut! soulignait Calvin en citant les Pères).
Or, cet exclusivisme chrétien est précisément ce qui a toujours été détesté par le monde (cette bassine d'eau non potable dans laquelle le poisson pourri se sent si bien).

C'est ici qu'une Église chrétienne doit prendre garde de ne pas cautionner le relativisme (sous couvert de lutter contre une "pensée unique" -- dont le relativisme n'est d'ailleurs pas étranger). Mais, précisément, faut-il s'étonner qu'une start-up ne parle pas comme une Église?

Bucer

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