Première épître de Jean (V)


1Jean 2. 18-29

L'onction





Le Christ, nous le saisissons par la foi.
Nos péchés sont alors pardonnés et Sa Justice nous est imputée.
Ainsi, le Seigneur nous procure une bonne conscience, et cela, nous l'avons dit, est capital pour nous.
Libérés du poids de nos fautes et débarassés du désir --autrement insurmontable-- de gagner la paix de notre esprit par nos bonnes oeuvres (qui sont alors le fruit d'un esprit mercenaire) nous pouvons enfin faire ce que Dieu nous demande comme il nous le demande, c'est à dire, des oeuvres bonnes, pratiquées par amour, gratuitement.
Ainsi, en nous confiant au Christ --qui nous révèle l'amour divin (Jn 3.16)-- nous pouvons entrer dans la vie trinitaire, dans la vie de communion et d'amour; bref: dans la vie divine et éternelle!

Il procède bien évidemment de cela une émancipation vis-à-vis de ce monde: à la fois de notre idolâtrie à l'égard des biens matériels et de notre soumission aux valeurs, aux modes de pensée et aux critères de cette société.
Le début de notre épître raisonne donc comme un chant au sujet de l'oeuvre salvatrice et libératrice de Dieu.

Malheureusement, cette libération n'est pas du goût de tout le monde!
Avec les dernières élections aux Etats Unis, vous avez certainement entendu parler d'Abraham Lincoln, le Président qui a aboli l'esclavage!
Que lui est-il arrivé?
Et bien, on l'a assassiné!
Et les esclaves d'hier?
Ils furent persécutés par des individus haineux, membres d'organisations clandestines!
Et bien, c'est un peu pareil ici:
Le Christ, dont le prophète Esaïe annonce qu'il est venu proclamer leur libération aux captifs (Es 61.1), on l'a tué!

Et vous, qui êtes nés dans la servitude du péché et qui êtes à présent émancipés? ON cherche à vous priver de votre salut, de votre paix, de votre liberté, de votre citoyenneté céleste!
Partout, on s'oppose au Christ et à son oeuvre! Voilà ce qu'est l'Antichrist: c'est ce qui s'oppose au Christ, ou qui tente de se substituer à Lui.
Ici, l'apôtre Jean aborde donc ce problème avec lequel l'Eglise de son temps était confronté, et l'apôtre ne s'étonne pas de ces choses: pour lui, si L'Antichrist doit venir à la fin, son esprit agit cependant dès maintenant. C'est aussi ce que nous dit l'apôtre Paul dans sa 2e lettre aux théssaloniciens:
Le mystère de l'iniquité agit déjà...(2 Thess 2.4-7)
C'est aussi en raison de cette diversité d'antichrists que Luther écrivait que, quoique le mahométisme et toutes les autrs sectes n'étaient pas de la même ampleur que la papauté de Rome, ils appartenaient cependant tous à cette même famille antichrist (cf. Confession)
Ainsi, Jean prévient qu'il y a de nombreux antichrists, et ce parce qu'il y a de nombreuses façons de s'opposer au Christ et à son oeuvre.
Dans notre première prédication, nous avons dit que notre Jésus n'était pas n'importe qui portant ce nom, mais que c'était une personne réelle et concrète, avec une origine, une identité, et ayant un vécu:
il est Dieu fait homme, mort et ressuscité pour nous.
L'antichrist s'attaquera ainsi à ces choses:
au Christ dans son origine, en niant sa divinité et la Trinité;
au Christ dans son être, en niant son humanité (c'était le cas des hérétiques du temps de l'apôtre, qui étaient donc particulièrement visés par lui);
l'antichrist peut aussi s'attaquer au Christ dans son agir, en niant que nous ayons tout notre salut par l'oeuvre de la croix, gratuitement, et en exhorant les hommes à se fier au Christ et à leurs oeuvres. C'est ce que faisaient les judaïsants que Paul condamne dans l'épître aux galates; c'est aussi ce que fait le pape de Rome! Et celui-ci ajoute encore à son crime celui de vouloir commander toute l'Eglise et d'en être le chef, ce qui est une véritable usurpation de la gloire du Christ et une tyrannie!

Quoiqu'il en soit, l'apôtre Jean ne s'étonne pas de ces phénomènes; il y voit un signe que nous sommes dans la dernière heure; j'aurais envie de dire: dans la dernière ère!
En cette époque, l'amour se refroidit, (et la situation s'est empirée depuis!)
Dans l'Eglise, cela se traduit par le mépris des faux frères, qui veulent se glorifier de leurs découvertes théologiques (toujours plus douteuses et hérétiques) afin de passer ainsi pour des grands académiciens, au lieu de se borner à la foi simple et ancienne que l'ensemble de l'Eglise, depuis les plus petits jusqu'aux plus grands, et de s'édifier tranquillement dessus avec la charité! Ils veulent de l'innovation? Ils en ont! Ils innovent et découvrent tellement qu'ils forgent un nouveau christ en reniant l'ancien, le véritable!
C'est sans doute là ce qu'ils méritent!
Mais l'apôtre ne s'arrête pas sur cette note négative; il nous encourage au contraire, en nous rappellant l'onction que nous avons reçu.

Quelle est donc cette onction?
C'est le Saint Esprit! C'est Dieu qui, habitant en nous, nous conduit toujours dans la vérité et dans la persévérance. Mais attention, car il faut pas virer à l'illuminisme et imaginer que toutes nos envies, toutes nos idées viennent de l'Esprit saint! Ce serait aller tout droit au délire et à la secte!
Non, l'Esprit ne nous conduit pas ainsi!
En effet, c'est un seul et même Esprit qui agit objectivement dans l'inspiration de l'Ecriture --dont nous avons parlé entête de notre lecture-- et qui agit subjectivement dans le for intérieur du croyant pour le persuader de la véracité de sa Parole.
Il ne saurait donc y avoir la moindre conviction sans la Parole de Dieu, ou contre elle (Rom 14.23//Rom 10.17).

St Irénée de Lyon, au IIe siècle de notre ère, écrivait sur ce sujet:
C'est à cet ordre que donnent leur assentiment beaucoup de peuples barbares qui croient au Christ : ils possèdent le salut, écrit sans papier ni encre par l'Esprit dans leurs cœurs, et ils gardent scrupuleusement l'antique Tradition, croyant en un seul Dieu, Créateur du ciel et de la terre et de tout ce qu'ils renferment, et au Christ Jésus, le Fils de Dieu, qui, à cause de son surabondant amour pour l'ouvrage par lui modelé, a consenti à être engendré de la Vierge pour unir lui-même par lui-même l'homme à Dieu, qui a souffert sous Ponce Pilate, est ressuscité et a été enlevé dans la gloire, qui viendra dans la gloire comme Sauveur de ceux qui seront sauvés et Juge de ceux qui seront jugés et enverra au feu éternel ceux qui défigurent la vérité et qui méprisent son Père et sa propre venue. Ceux qui sans lettres ont embrassé cette foi sont, pour ce qui est du langage, des barbares ; mais, pour ce qui est des pensées, des usages, de la manière de vivre, ils sont, grâce à leur foi, suprêmement sages et ils plaisent à Dieu, vivant en toute justice, pureté et sagesse. Et s'il arrivait que quelqu'un leur annonçât les inventions des hérétiques en s'adressant à eux dans leur propre langue, aussitôt ils se boucheraient les oreilles et s'enfuiraient au plus loin, sans même consentir à entendre ces discours blasphématoires. Ainsi, grâce à l'antique Tradition des apôtres, rejettent-ils jusqu'à la pensée de l'une quelconque des inventions mensongères des hérétiques.

Ainsi, chers amis, nous qui avons reçu l'Esprit saint par la prédication de l'Evangile (Gal 3.2), Evangile scellé en chacun de nous dans le baptême (1Pier 3.21), confions nous à la miséricorde divine pour toujours nous conduire et nous préserver dans cette bonne nouvelle et dans l'amour!
Ainsi, comme le dit Jean, quelque soit le moment où reviendra le Seigneur, nous ne seront pas confus!

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