Première épître de Jean (IV)


1Jean 2. 15-17



"N'aimez pas le monde!"




Jusqu'ici, Jean nous a expliqué qui était le Sauveur en qui nous devions placer notre confiance: Jésus Christ, le Fils de Dieu, qui est ainsi l'être éternel et immortel (= ce qui était au commencement) mais qui pour nous est également devenu homme (= ce qui a été vu, touché, entendu...)
L'apôtre nous a également expliqué comment nous étions déclarés Juste devant le Tribunal de Dieu et comment notre conscience pouvait trouver la paix: c'est à dire, gratuitement, en invoquant simplement ce Sauveur du genre humain!
Nous avons aussi vu que la vie nouvelle de l'homme ainsi sauvé, consistait à aimer, à l'image de celui qui l'a aimé. Et nous ne parlons pas d'un amour tel qu'il existe dans la cité terrestre, mais d'un amour divin; ne pas confondre les deux est très important, car les deux amours sont porteurs de choses très différentes, ainsi que l'a écrit St Augustin dans la Cité de Dieu:
" Deux Amours ont fait deux Cités :
l'amour de Dieu poussé jusqu'au mépris de soi à fait la Cité céleste ;
l'amour de soi poussé jusqu'au mépris de Dieu a fait la Cité terrestre " .

Dans notre dernière prédication, nous avions aussi vu que Jean ne s'adresse d'ailleurs pas à des individus séparés les uns des autres, mais à une collectivité, à l'Eglise, composée de bien des catégories, allant des plus petits aux plus grands (que ce soit de par leur âge, leur niveau social, etc;)
Tous les membres de la cité céleste ont ainsi en commun de se tenir dans le Christ, par la foi, et d'avoir ainsi vaincu le monde!
Or c'est de ce monde, et de l'amour de ce monde dont il est aujourd'hui question!

Jean nous prévient effectivement que nous ne devons pas aimer le monde, ni les choses de ce monde. Cela veut dire que, contrairement aux hommes dévoyés, nous ne devons pas être retenus captifs par les choses d'ici bas. D'une manière analogue, Paul déclare ailleurs que nous devons user des choses de ce monde comme n'en usant pas; le Christ, dans son sermon sur la montagne, nous rappelle similairement que nul ne peut servir simultanément deux maitres, et que nous ne devons donc pas servir à la fois Dieu et l'argent.
Plus spécifiquement encore, l'apôtre vise ici le monde au sens de la société des pécheurs: c'est ce qui ressort de ce qu'il dit; que ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l'orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais du monde.

(...)

Pour tout dire, cela me fait penser à une trilogie de films, que vous avez tous vu; il s'agit de Matrix!

Dans ces films, les humains sont prisonniers (donc: privés de liberté) dans un monde artificiel; et une chose est absolument hors de doute: les gardiens du système n'ont pas l'intention de voir celui-ci disparaître!
Alors évidemment, quand on voit ça, on se dit que c'est du pur délire!
... En même temps si nous regardons nos vies de plus près... si nous regardons qui plus est avec les lunettes que constituent l'Ecriture sacrée...

Oui. Le monde, en tant que société des hommes déchus, est une prison dont chacun est à la fois le triste locataire et le gardien zélé. C'est une tragique et humiliante condition, mais c'est comme ça: elle se résume à une masse d'aveugles, sous la domination d'un esprit de mort et menant à la mort!
Celui-ci fait des hommes ses marionettes et les rend captifs de choses superflues et secondaires!
Peut-on être heureux, dans un tel univers? ou plus exactement: dans un tel système?
Non, évidemment! Mais ce n'est pas pour autant que les locataires-gardiens de cette prison sont prêts à se laisser débrancher du système dont ils sont dépendants. Comme dans le film, il convient de dire qu'en fait, on essaye de communiquer avec eux pour les sauver, mais ils sont si désespérément dépendants du système qu'ils sont prêts à se battre pour le sauver!

Quand à nous, nous savons que le bonheur ne se trouve pas dans un plus ajouté au métro-boulo-dodo du quotidien.
Ajoutez ce que vous voudrez à cela (fric, fêtes, sexe, alcool à gogo), vous resterez le même individu perdu et malheureux. Car le bonheur se trouve en un Autre transfigurant l'existence: Dieu.
Prendre conscience de ça, c'est commencer à désirer de s'évader loin de la prison. Mais la prison, qui ne veut pas se vider, a son stratagème pour éviter les problèmes insurrectionnels:
ne jamais penser à son malheur; ne jamais s'admettre sa misère, et se leurrer par autant d'artifices que possible qui font l'objet de nouvelles convoitises pour remplacer celles d'hier et qui, toutes ensembles, aggravent encore la dépendance de ses fidèles...

Bref, l'apôtre Jean sait que le monde (la communauté des pécheurs) c'est un totalitarisme qui ne dit pas son nom:
ce totalitarisme dit aux gens qu'il ne faut pas être ringard en allant à l'Eglise;
ce totalitarisme dit aux gens qu'ils vont s'amuser en se droguant;
il leur dit comment penser, ce qu'il faut aimer, et il veille par des moyens de coercition terribles à ce que tout ce diktat soit appliqué!
Voilà de quoi l'apôtre Jean veut nous prévenir, nous détourner!
Nous devons être libres: libres, non pas de faire ce que bon nous semble dans une rébellion contre nous-même et contre la vie, mais libres de nous réaliser, de nous accomplir, c'est à dire, de vivre à l'image de Dieu, d'autant que c'est à cette fin que nous avons été créés.

N'oublions pas en effet que Dieu a créé l'homme comme sommet de sa création: il lui a tout soumis.
Or dans sa folie, par des passions déréglées, l'homme s'est asservit à tout ce qui était en dessous de lui.
Mais ce n'est pas à cette bassesse qu'il est destiné!
C'est au contraire à la grandeur, au dessus de tout, dans la dépendance de Dieu seul.

Tachons donc de nous en souvenir dans nos vies! Ou bien, nous disparaîtrons en même temps que les choses périssables qu'on érrige comme des idoles!

AUGUSTINUS

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