Contre l'individualisme

Ils persévéraient dans l'enseignement des Apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières.
(Actes 2. 42)



Incontestablement, notre siècle est dominé par l'individualisme, et ce non seulement dans le monde séculier, mais dans bon nombre d'Eglises, malheureusement devenues ce que l'on peut appeller de simples unités de gestion pour le sentiment religieux de l'homme moderne.*

A l'opposite, suivant l'enseignement de l'Ecriture, nous croyons que l'Eglise (EKKLESIA= Assemblée) est une communauté, une assemblée, un peuple. La vie chrétienne n'est pas l'expérience solitaire d'une somme d'individus, chacun confessant "une" foi à la carte ou récitant "sa" prière indépendamment l'un de l'autre, selon qu'il lui plaît.
Au contraire, c'est une Assemblée qui professe sa foi en chacun de ses membres et qui prie pareilement dans la totalité de ses parties.


Ainsi, la foi:

Si chaque Chrétien confesse sa foi (Rom 10.10), celle-ci ne saurait être autre que LA foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes (Jud 3). Autrement dit, c'est dans la COMMUNION de l'Eglise Catholique (=orthodoxe & universelle) que chaque croyant professe la foi de son coeur.

L'Unité de cette confession est telle que, dans l'Ecriture, c'est Un seul Apôtre, le premier d'entre eux (Pierre) qui confesse pour lui-même et pour ses compagnons que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant (Matt 16.15-16).
C'est ce que soulignera St Cyprien évêque de Carthage, dans "De l'Unité de l'Eglise", chap. 4:

Les Apôtres étaient indubitablement ce qu'était Pierre, jouissant d'un même honneur et d'un même pouvoir; mais du premier d'entre eux procède l'unité, afin que l'Eglise se manifeste comme Une.

Et lorque l'Eglise explicita, contre Arius (et plus tard, contre d'autres hérétiques) ce qu'elle entendait depuis toujours, elle formula, par l'assemblée des 318 Pères de Nicée et des 150 Pères de Constantinople, le Credo, qui débute par ces mots:

Nous croyons...

exprimant ainsi la foi commune, professée d'un seul coeur par l'Eglise, en chacun de ses membres.

De même pour la prière que le Christ a laissé à son Eglise, dont les premiers mots sont:

Notre Père... (Matth 6.9):

Le fidèle adresse à Dieu sa prière dans la communion de la Sainte Eglise dont il est membre.

Du fait de l'Unité de l'Eglise à travers la multitude de ses membres, Dieu s'adresse à chacun à travers tous, et à tous à travers chacun.
S'inscrit ici la réciprocité des rapports entre Parole et Sacrement.

Si, par la prédication, chaque fidèle doit s'approprier ce qui est dit à la communauté dans laquelle il se trouve, le Sacrement Baptismal au contraire vise la communauté à travers chacun de ses membres auxquel il est administré une fois,
le Sacrement eucharistique venant en quelque sorte faire la synthèse de ce double aspect, le corps et le sang du Seigneur étant distribués à la communauté en chacun de ses membres durant la même célébration.


Moi et ma maison, nous servirons l'Eternel
(Josué 24. 15)

Un autre aspect qu'il convient de soulever contre l'individualisme: la cellule familiale devant Dieu.
Nous ne considérons pas que Dieu appelle simplement des individus, mais qu'il appelle des personnes avec tout ce qu'elles ont, et leur maison.

C'est pourquoi: quoique le baptême soit un sacrement de foi et de pénitence, néanmoins, parce que Dieu reçoit dans son Eglise les petits enfants avec leurs parents, nous disons que par l'autorité de Jésus-Christ, les petits enfants engendrés des fidèles doivent être baptisés.
(Conf. Gallic. art. 35 -B).



Pour conclure, la foi et la vie du chrétien doivent toujours être une foi et une vie dans la communion de l'Eglise Chrétienne, et toute racine d'esprit individualiste doit être rejetée.


*: suivant l'expression de Pierre Marcel.

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AUGUSTINUS

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