Constantinople II (2e parie)
Anathématismes
contre Origène
1er Anathématisme. Si quelqu'un croit à la fabuleuse préexistence
des âmes, qui a pour conséquence l'idée monstrueuse qu'elles
retournent (dans la suite des temps) à leur état primitif; qu'il
soit anathème.
2e Anathématisme. Si quelqu'un dit que la création de tous les
êtres doués de raison a eu pour résultat la production d'êtres
incorporels et immatériels, sans aucun mode arrêté d'existence
(absque ullo numero ac nomine), de telle sorte que tous ces êtres
soient un par l'identité de substance, de puissance et de vertu, par
leur union avec le Verbe-Dieu et aussi par la connaissance qu'ils ont
de lui; mais que, rassasiés de la contemplation divine, ils sont
descendus dans une condition inférieure; qu'ils y ont pris, chacun
suivant sa tendance, les uns un corps subtil, les autres un corps
grossier et tous un nom ; que la différence des corps résulte de
celle qui existe entre les Vertus (Virtutes) supérieures, les uns
étant devenus et appelés chérubins, les autres séraphins, ceux-ci
principautés et puissances, ceux-là dominations, trônes et anges,
sans parler des autres ordres de la céleste armée; qu'il soit
anathème.
3e Anathématisme. Si quelqu'un dit que le soleil, la lune et les
astres sont dans cette même union avec les êtres doués de raison,
et que depuis leur chute ils sont devenus ce qu'ils sont; qu'il soit
anathème.
4e Anathématisme. Si quelqu'un dit que les êtres doués de raison,
depuis qu'ils n'ont plus un ardent amour de Dieu, ont été enchaînés
à des corps grossiers semblables aux nôtres et ont été appelés
hommes, tandis que d'autres, parvenus au dernier degré de la malice,
ont été enchaînés à des corps froids et ténébreux et qu'ils
ont été appelés et sont devenus démons ou esprits d'iniquité;
qu'il soit anathème.
5e Anathématisme. Si quelqu'un dit que de l'état angélique et
archangélique on peut descendre à la condition animale, ou passer
dans celle des démons et de l'homme; que de la condition humaine on
peut devenir ange ou démon, et faire ensuite partie de chaque ordre
des célestes Vertus, et que tous ceux des ordres inférieurs peuvent
être formés des ordres supérieurs, et ceux des ordres supérieurs
être aussi formés des ordres inférieurs; qu'il soit anathème.
6e Anathématisme. Si quelqu'un dit qu'il y a deux espèces de
démons, l'une composée des âmes des hommes et l'autre d'esprits
supérieurs déchus; qu'un seul de tous les êtres doués de raison
est demeuré immuable dans l'amour et la contemplation de Dieu; que
cet être, c'est le Christ, le roi de tous les êtres doués de
raison; que cet être a créé toute la nature corporelle, le ciel et
la terre avec tout ce qui existe entre l'un et l'autre, que ce monde
ayant en soi les éléments de son existence antérieurs à lui-même,
savoir la sécheresse, l'humidité, la chaleur, le froid et l'idée
pour laquelle il a été fait, de sorte que la très sainte et
consubstantielle Trinité ne l'aurait pas créé, mais qu'ayant par
lui-même sa propre puissance créatrice avant la création du monde,
il se serait lui-même engendré; qu'il soit anathème.
7e Anathématisme. Si quelqu'un prétend que dans ces derniers temps,
le Christ, que l'on dit exister dans la forme de Dieu et être uni à
Dieu le Verbe avant tous les siècles, s'est anéanti lui-même
jusqu'à la nature humaine, touché de compassion pour celle qui
avait, dit-on, imité les diverses chutes des êtres qui étaient
dans le même tout ; et que voulant les rétablir tous dans leur état
primitif, il a existé pour tous, a revêtu différents corps, a pris
différents noms, s'est fait tout à tous; ange avec les anges, Vertu
avec les Vertus; qu'il s'est transformé dans les autres ordres ou
espèces d'êtres doués de raison et s'est mis en conformité avec
chacun d'eux; qu'ensuite il a participé de la même manière que
nous à la chair et au sang, et qu'il a aussi existé comme homme
pour les hommes; si quelqu'un ne confesse pas que le Verbe-Dieu s'est
anéanti et s'est fait homme; qu'il soit anathème.
8e Anathématisme. Si quelqu'un ne dit pas que Dieu le Verbe, qui est
consubstantiel et à Dieu le Père et à Dieu le Saint-Esprit, qui
s'est incarné et s'est fait homme, qui est l'un de la sainte
Trinité, (est) proprement (et réellement) le Christ, mais (qu'il
n'est au contraire appelé ainsi que) par un abus de mots, parce que,
comme disent ces hérétiques, il a dépouillé sa propre
intelligence, (qui était) unie à Dieu le Verbe lui-même et (qui
n'est) proprement appelée Christ (qu'à cause de cette union): mais
lui, (Dieu le Verbe, appelé) Christ à cause de (son union avec)
elle, (intelligence), et elle (appelée) Dieu à cause de (son union
avec) lui, (Christ); qu'il soit anathème.
9e Anathématisme. Si quelqu'un dit que ce n'est pas Dieu le Verbe
incarné dans une chair animée, qui par son âme intelligente et
raisonnable, est descendu aux enfers et qui est de nouveau monté aux
cieux ; mais que c'est cette intelligence qu'ils prétendent être
proprement devenue le Christ par la connaissance de l'unité; qu'il
soit anathème.
10e Anathématisme. Si quelqu'un dit que le corps du Seigneur après
sa Résurrection est devenu éthéré et de figure sphérique, et
qu'à la Résurrection des morts tous les corps prendront une
existence et une forme semblable; et comme, lorsque le Seigneur
lui-même aurait le premier quitté son propre corps et que tous les
autres corps en eussent fait autant, la nature des corps retomberait
dans le néant; qu'il soit anathème.
11e Anathématisme. Si quelqu'un dit que par le Jugement dernier on
doit entendre la destruction entière des corps; que la fin de cette
fable (du monde) est le commencement de la nature immatérielle, et
que rien de matériel ne subsistera dans l'avenir, mais l'âme
universelle seule; qu'il soit anathème.
12e Anathématisme. Si quelqu'un dit que les Vertus célestes et tous
les hommes avec le diable et les esprits de malice seront unis au
Verbe-Dieu sans aucune divinité, de sorte que l'âme elle-même, à
laquelle ces impies ont donné le nom de Christ et qu'ils font
exister dans la forme de Dieu et qui, disent-ils, s'est anéantie
elle-même, mettra fin au règne du Christ; qu'il soit anathème.
13e Anathématisme. Si quelqu'un dit qu'il n'y aura aucune différence
entre le Christ et les autres créatures raisonnables, soit dans leur
essence, soit dans leur connaissance, soit dans leur puissance, soit
dans leur pouvoir, mais que tous seront à la droite de Dieu comme
leur propre Christ, et comme ils étaient, suivant eux, dans leur
fabuleuse préexistence; qu'il soit anathème.
14e Anathématisme. Si quelqu'un dit que l'unique unité future de
tous les êtres doués de raison, les hypostases et les nombres ayant
été détruits avec les corps aussi bien que la connaissance de ces
êtres, doit être la conséquence de l'anéantissement du monde, de
l'abandon des corps et de la radiation des noms et amener l'identité
des connaissances aussi bien que des personnes; et que dans leur
fabuleux rétablissement (des êtres à leur état primitif) ils
seront nus (c'est-à-dire, dépouillés de la matière), et de la
même manière qu'ils existaient dans leur (prétendue) préexistence;
qu'il soit anathème.
15e Anathématisme. Si quelqu'un dit que la vie des esprits sera la
même que celle dont ils jouissaient avant leur chute, de sorte que
le commencement s'accordera avec la fin et que la fin sera la mesure
du commencement; qu'il soit anathème.