Constantinople II (1ere partie)
Anathématismes contre les Trois Chapitres
1. Si quelqu'un ne confesse pas une seule nature ou substance du
Père, du Fils et du Saint-Esprit, une seule puissance et un seul
pouvoir, une Trinité consubstantielle, une seule divinité adorée
en trois Hypostases ou Personnes, qu'un tel homme soit anathème.
Car il y a un seul Dieu et Père, de qui sont toutes choses; un seul
Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes choses; et un seul
Esprit saint, en qui sont toutes choses.
2. Si quelqu'un ne confesse pas qu'il y a deux générations du Dieu
Verbe, l'une avant les siècles, du Père, intemporelle et
incorporelle, l'autre aux derniers jours, du même Verbe qui est
descendu des cieux et s'est incarné de la sainte et glorieuse Mère
de Dieu toujours vierge et qui a été engendré d'elle, qu'un tel
homme soit anathème.
3. Si quelqu'un dit qu'autre est le Verbe de Dieu qui a fait des
miracles et autre le Christ qui a souffert, ou dit que le Dieu Verbe
est uni avec le Christ né d'une femme (Ga 4: 4), ou qu'il est en lui
comme un autre dans un autre ; mais qu'il n'est pas un seul et le
même, notre Seigneur Jésus-Christ, le Verbe de Dieu incarné et
fait homme, et le même à la fois auteur des miracles et sujet de
souffrances qu'il a volontairement endurées dans la chair, qu'un tel
homme soit anathème.
4. Si quelqu'un dit que c'est selon la grâce ou selon l'opération
ou selon l'égalité d'honneur, ou selon l'autorité, ou par
transfert, relation ou puissance que s'est faite l'union du Dieu
Verbe avec l'homme ; ou selon la bienveillance, comme si le Dieu
Verbe s'était complu en l'homme qui aurait eu de sa folie ;
ou selon l'homonymie selon laquelle les nestoriens, en appelant le
Dieu Verbe Jésus et Christ et en nommant l'homme pris à part Christ
et Fils, parlant manifestement de deux personnes, feignant de parler
et d'une seule Personne et d'un seul Christ seulement au point de vue
de l'appellation, de l'honneur, de la dignité et de l'adoration ;
mais s'il ne confesse pas que l'union du Dieu Verbe à la chair
animée par une âme raisonnable et pensante s'est réalisée selon
la composition, c'est-à-dire selon l'hypostase - comme l'ont
enseigné les saints Pères; et s'il ne confesse pas pour cette
raison son unique hypostase, réalité qu'est le Seigneur
Jésus-Christ, un de la sainte Trinité, qu'un tel homme soit
anathème.
Car cette union a été comprise de nombreuses manières ; les uns,
sectateurs de l'impiété d'Apollinaire et d'Eutychès, partisans de
la disparition des éléments qui se sont réunis, prônent une union
par confusion ; les autres, pensant comme Théodore et Nestorius,
favorables à la division, introduisent une union de relation ;
cependant, la sainte Eglise de Dieu, rejetant l'impiété des deux
hérésies, confesse l'union du Dieu Verbe à la chair selon la
composition, c'est-à-dire selon l'hypostase. En effet, l'union par
composition dans le mystère du Christ conserve non seulement sans
confusion les éléments réunis, mais encore n'admet pas la
division.
5. Si quelqu'un admet l'unique hypostase de notre Seigneur
Jésus-Christ comme si celle-ci impliquait le sens de plusieurs
hypostases, et essaie par ce moyen d'introduire au sujet du mystère
du Christ deux hypostases ou deux personnes, et qu'après avoir
introduit deux personnes, il parle d'une personne, selon la dignité,
l'honneur ou l'adoration, comme l'ont écrit dans leur folie Théodore
et Nestorius ; et s'il calomnie le saint concile de Chalcédoine,
comme si celui-ci avait employé l'expression: Une seule hypostase
dans ce sens impie ;
et s'il ne confesse pas que le Verbe de Dieu s'est uni à la chair
selon l'Hypostase et que, dès lors, il n'y a qu'une seule Hypostase
ou Personne, et que c'est dans ce sens que le saint concile de
Chalcédoine a confessé une seule Hypostase de notre Seigneur
Jésus-Christ, qu'un tel homme soit anathème.
Car la sainte Trinité n'a pas reçu l'adjonction d'une personne ou
hypostase, même après l'Incarnation de l'un de la sainte Trinité,
le Verbe de Dieu.
6. Si quelqu'un dit que c'est en un sens impropre et non véritable
que la sainte, glorieuse et toujours vierge Marie est Mère de Dieu
ou qu'elle l'est par transfert, comme si un simple homme avait été
engendré d'elle, mais non pas au sens où le Verbe de Dieu s'est
incarné ; mais la génération de l'homme à partir de Marie étant
selon eux attribuée par transfert au Dieu Verbe en tant qu'uni à
l'homme qui est né et s'il calomnie le saint concile de Chalcédoine
en disant que celui-ci déclare la Vierge Mère de Dieu dans le sens
impie imaginé par Théodore ;
ou si quelqu'un l'appelle mère de l'homme ou mère du Christ, comme
si le Christ n'était pas Dieu,
mais ne confesse pas qu'elle est proprement et en vérité Mère de
Dieu, parce que le Dieu Verbe, engendré du Père avant les siècles,
s'est incarné à partir d'elle dans les derniers jours et que c'est
avec ce sentiment religieux que le saint concile de Chalcédoine l'a
confessée Mère de Dieu, qu'un tel homme soit anathème.
7. Si quelqu'un, disant: En deux natures, ne confesse pas que
dans la divinité et l'humanité est reconnu notre seul Seigneur
Jésus-Christ, pour signifier par là la différence des natures à
partir desquelles s'est réalisée sans confusion l'union ineffable,
sans que le Verbe ait été transformé dans la nature de la chair ni
que la chair soit passée dans la nature du Verbe (car chacun demeure
ce qu'il est par nature, même après la réalité de l'union selon
l'hypostase), mais s'il prend une telle expression, au sujet du
mystère du Christ, dans le sens d'une division en parties;
ou si, confessant le nombre des natures dans notre unique Seigneur,
Jésus-Christ, Dieu Verbe incarné, il ne prend pas selon la seule
considération conceptuelle la différence des principes dont il est
constitué, différence qui n'est pas supprimée par l'union (car un
seul est des deux et les deux par un seul), mais s'il utilise le
nombre au point d'avoir des natures séparées, chacune avec sa
propre hypostase, qu'un tel homme soit anathème.
8. Si quelqu'un, confessant que l'union de la divinité et de
l'humanité s'est faite de deux natures, ou parlant d'une seule
nature incarnée du Dieu Verbe, ne prend pas ces formules au sens où
les saints Pères les ont enseignées, c'est-à- dire que, l'union
selon l'hypostase s'étant faite à partir de la nature divine et de
la nature humaine, il en est résulté un Christ un; mais si, à
l'aide de ces expressions, il entreprend d'introduire une seule
nature ou substance de la divinité et de la chair du Christ, qu'un
tel homme soit anathème.
Car, lorsque nous disons que le Verbe Fils unique s'est uni selon
l'hypostase, nous n'affirmons pas qu'il s'est produit une sorte de
fusion mutuelle des natures ; nous pensons que le Verbe s'est uni à
la chair, chacune des natures demeurant plutôt ce qu'elle était.
C'est pourquoi un est le Christ, Dieu et homme, le même
consubstantiel au Père selon sa divinité, consubstantiel à nous
selon son humanité. Car l'Eglise de Dieu rejette et anathématise
également ceux qui divisent ou découpent en parties le mystère de
la divine économie du Christ et ceux qui y introduisent une
confusion.
9. Si quelqu'un dit que le Christ est adoré en deux natures, à
partir de quoi il introduit deux adorations, l'une propre au Dieu
Verbe, l'autre propre à l'homme ;
ou si quelqu'un, dans l'intention de supprimer la chair ou de
confondre la divinité et l'humanité, forme l'idée monstrueuse
d'une seule nature ou substance des principes réunis et adore ainsi
le Christ : mais n'adore pas d'une seule adoration le Dieu Verbe
incarné avec sa propre chair, comme l'Eglise l'a reçu dès le
début, qu'un tel homme soit anathème.
10. Si quelqu'un ne confesse pas que celui qui a été crucifié dans
la chair, notre Seigneur Jésus-Christ, est vrai Dieu, Seigneur de la
gloire et l'un de la sainte Trinité, qu'un tel homme soit anathème.
11. Si quelqu'un n'anathématise pas Arius, Eunome, Macédonius,
Apollinaire, Nestorius, Eutychès et Origène ainsi que leurs écrits
impies, et tous les autres hérétiques condamnés et anathématisés
par la sainte Eglise catholique et apostolique et les quatre saints
conciles susdits, ainsi que tous ceux qui ont tenu ou tiennent des
opinions semblables à celles des hérétiques susdits et qui ont
persisté jusqu'à la mort dans leur propre impiété, qu'un tel
homme soit anathème.
12. Si quelqu'un prend la défense de l'impie Théodore de Mopsueste
qui affirme qu'un autre est le Dieu Verbe et un autre le Christ qui,
troublé par les passions de l'âme et les désirs de la chair, s'est
peu à peu libéré des attraits inférieurs et ainsi, rendu meilleur
par le progrès de ses oeuvres et devenu tout à fait irréprochable
par son comportement, a été baptisé comme un simple homme au nom
du Père, du Fils et du Saint-Esprit ; et, par le baptême, a été
jugé digne de recevoir la grâce du Saint-Esprit et de l'adoption
filiale ; et, à l'égal d'une image royale, est adoré en la
Personne du Dieu Verbe ; et après sa Résurrection est devenu
immuable en ses pensées et totalement impeccable.
Le même impie Théodore a dit encore que l'union du Dieu Verbe au
Christ a été du même ordre que celle dont parle l'apôtre pour
l'homme et la femme : Ils seront deux en une seule chair (Ep
5: 31).
Et en plus de ses autres innombrables blasphèmes, il a osé dire
qu'après la Résurrection, quand le Seigneur a soufflé sur ses
disciples en disant : Recevez l'Esprit saint (Jn 20: 22), il
ne leur a pas donné l'Esprit saint, mais n'a soufflé sur eux qu'en
apparence ; et cet homme dit aussi que la confession de Thomas,
lorsqu'il toucha les mains et le côté du Seigneur après la
Résurrection, le Mon Seigneur et mon Dieu (Jn 20: 28), Thomas
ne l'a pas dit à propos du Christ, mais que stupéfait devant la
merveille de la Résurrection, Thomas a loué Dieu qui avait
ressuscité le Christ.
Pis encore dans l'interprétation qu'il a donnée des Actes des
apôtres, le même Théodore compare le Christ à Platon, à Mani, à
Epicure et à Marcion ; comme chacun d'eux, dit-il, après avoir
inventé sa propre doctrine, a fait donner à ses disciples le nom de
platoniciens, de manichéens, d'épicuriens et de marcionites, de la
même manière, après que le Christ eut aussi inventé une doctrine,
c'est d'après lui que l'on nomme les chrétiens.
Si donc quelqu'un prend la défense du susdit très impie Théodore
et de ses écrits impies, dans lesquels il a répandu les blasphèmes
mentionnés et d'autres innombrables contre notre grand Dieu et
Sauveur Jésus-Christ, et qu'il ne l'anathématise pas ainsi que ses
écrits impies et ceux qui le reçoivent, prennent sa défense ou
disent que ses exposés sont orthodoxes, et ceux qui ont écrit en sa
faveur et en faveur de ses écrits impies, ceux aussi qui ont ou ont
pu avoir des opinions semblables et qui sont demeurés jusqu'au bout
dans une telle hérésie, qu'il soit anathème.
13. Si quelqu'un prend la défense des ouvrages impies de Theodoret
contre la foi véritable, contre le premier et saint concile
d'Ephèse, contre saint Cyrille et ses douze chapitres; de tout ce
qu'il a écrit en faveur des impies Théodore, Nestorius et des
autres qui ont les mêmes opinions que les susdits Théodore et
Nestorius et qui les reçoivent, eux et leur impiété; et si à
cause d'eux il traite d'impies les docteurs de l'Eglise qui estiment
que l'union du Dieu Verbe s'est faite selon l'hypostase; et s'il
n'anathématise pas les écrits impies mentionnés, ceux qui ont eu
ou ont les mêmes opinions qu'eux, tous ceux qui ont écrit contre la
foi orthodoxe ou contre saint Cyrille et ses douze chapitres, et qui
ont fini dans une pareille impiété, qu'un tel homme soit anathème.
14. Si quelqu'un prend la défense de la lettre qui, dit-on, a été
écrite par Ibas à Maris le Perse, où l'on nie que le Dieu Verbe
incarné de Marie, la sainte Mère de Dieu toujours vierge, soit
devenu homme ; où l'on déclare que c'est un simple homme qui a été
engendré d'elle, un homme qu'on appelle Temple, comme si l'un était
le Dieu Verbe et l'autre l'homme ; où saint Cyrille, le héraut de
la vraie foi des chrétiens orthodoxes, est accusé d'être hérétique
et d'avoir écrit les mêmes erreurs que l'impie Apollinaire ; où il
est reproché au premier saint concile d'Ephèse d'avoir déposé
Nestorius sans jugement et sans enquête. Cette même lettre impie
qualifie les douze chapitres de saint Cyrille d'impies et de
contraires à la foi droite et justifie Théodore et Nestorius ainsi
que leurs doctrines et leurs écrits impies.
Si donc quelqu'un prend la défense de la lettre mentionnée et ne
l'anathématise pas ainsi que ceux qui la défendent et disent
qu'elle est orthodoxe, au moins en partie, ceux qui ont écrit ou
écrivent en sa faveur ou en faveur des impiétés qu'elle contient
au nom des saints Pères et du saint concile de Chalcédoine et qui
demeurent jusqu'à la fin dans ces erreurs, qu'un tel homme soit
anathème.
Après que nous avons donc ainsi confessé tous ces points que nous
avons reçus de la sainte Ecriture, de l'enseignement des saints
Pères et des définitions portées à propos de la foi une et
identique par les quatre saints conciles susdits ; après que nous
avons porté condamnation contre les hérétiques et leur impiété,
et aussi contre l'impiété de ceux qui ont justifié ou justifient
les trois chapitres mentionnés et qui ont persévéré ou
persévèrent dans leur propre erreur ; au cas où quelqu'un
entreprendrait de transmettre, d'enseigner ou d'écrire ce qui est en
opposition aux déclarations que nous avons formulées, s'il est
évêque ou inscrit dans le clergé, puisqu'il agirait de manière
incompatible avec l'état sacerdotal et ecclésiastique, il sera
privé de l'épiscopat ou de la cléricature ; s'il est moine ou
laïc, il sera anathématisé.